Le “Notre Père” de Thisou Dartois, professeure d’illustration à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, a paru en janvier de cette année dans la collection Flore des éditions belges FRMK (prononcer Frémok).
Dans ce livre aux couleurs de l’enfance, qui dissimulent bien des terreurs, l’auteure - ou du moins la narratrice - témoigne de son imprégnation tant par l’image oppressante de son père que par une éducation strictement catholique, le titre de l’ouvrage suggérant d’ailleurs que ce livre peut se lire comme une prière collective.
La jaquette de l’ouvrage, d’un beau bleu clair - celui du voile de la Vierge Marie ? - et la brassée de feuillets qu’elle renferme détaillent les tourments d’une enfance craintive et soumise, à l’appui d’une série de vignettes dérivées d’images saintes, et de textes fragmentaires qui semblent être autant de projets de confession que de suppliques adressées à soi-même.

Le graphisme, traduisant une science de la broderie déjà caractéristique des ouvrages précédents de Thisou, remet également en question le concept d’album illustré, tout en reliant intimement support et sujet. Ainsi Thisou suggérerait-elle que si la Vérité est souvent cousue de fil blanc, elle peut aussi, comme dans ce cas précis, être tissue de points de croix colorés...
L’unanimité du Comité littéraire de la Scam s’est immédiatement faite en faveur du “Notre Père” de Thisou Dartois pour l’octroi du prix Texte et Images, ce même Comité a considéré que la cohérence et l’originalité du projet éditorial global de FRMK, de même que le travail de son animateur, Thierry Van Hasselt, en faveur de la bande dessinée alternative, méritent amplement d’être mis en lumière.
Ainsi la Scam souligne-t-elle le vif intérêt suscité par certains titres au catalogue, dont “Qui mange des couteaux” de Zoé Jussseret, où le désarroi de la Mort est démontré en une façon de pantomime macabre particulièrement impressive, ainsi que l’album “Les Jumeaux”, où les images de Jung-Hyoun Lee expriment toutes les ambigüités du concept d’identité.

Sans oublier non plus “Vivre à Frandisco” où ses dessins effectués d’après les montages de l’artiste trisomique Marcel Schmitz, font explorer les dédales d’une ville factice.
Ce ne sont d’ailleurs là que des choix subjectifs. Car à vrai dire, il conviendrait de citer tous les titres de la Maison FRMK, qui depuis sa création en 2002, n’a de cesse de repenser les interactions esthétiques et narratives du texte et de l’image.
Notre Père
de Thisou
sortie janvier 2016 aux éditions FRMK (Frémok)
prix public : 11 €
Lien utile :
Le catalogue des Éditions FRMK
À lire sur la Yozone :
Le prix Textes & Images Scam Belgique à “Petit Poilu”
Léonie Bischoff expose en compagnie de Camille Benyanina
Illustrations © FRMK et les auteurs (2016)