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Pupa (T1)
Sayaka Mogi
Komikku éditions

Ils pensaient qu’ils avaient vécu le pire des cauchemars durant leur enfance. Le père de Utsutsu et Yume est un homme très violent. Il battait leur mère et quand il en avait assez, il s’en prenait à eux. Utsutsu tentait de protéger au mieux sa petite sœur, toutefois leur supplice ne s’arrêta qu’après le divorce de leurs parents... Bon, leur situation ne fut guère meilleure car ils furent rapidement abandonnés par leur propre mère qui préférait sortir avec de jeunes hommes. Pourtant, Utsutsu a toujours veillé sur sa sœur, encore plus quand le temps de sa scolarisation fut arrivé. Aujourd’hui, ils sont dans la même école. Le visage de Utsutsu garde la trace des coups donnés par son père, surtout que ce dernier revient depuis peu leur rendre des visites non amicales. Et pourtant, leur pire cauchemar ne vint pas de lui mais de papillons rouges annonciateurs de l’arrivée du terrible virus Pupa. Et ce fut Yume qui fut la première contaminée... la première à se transformer en monstre !



Cette femme mystérieuse, défigurée par une horrible cicatrice sur la joue, les avait pourtant prévenus : ils devaient se méfier des papillons rouges et pourtant, rien n’y a fait. Quand Utsutsu retrouve sa soeur, après une discussion musclée avec son géniteur, Yume est évanouie mais à son réveil, tel un papillon de film d’horreur, elle se transforme en monstre et commence à dévorer toute les personnes sur son passage. Toutefois, Utsutsu n’a que faire de son apparence et il s’efforce de la convaincre de stopper le massacre pour que tout redevienne comme avant, quand ils n’étaient que tous les deux. C’est ainsi que Utsutsu fut mangé par sa propre soeur, en tout cas mortellement dévoré. Etait-ce un cauchemar ? Yume souhaiterait s’en convaincre quand elle se réveille le lendemain pour partir à l’école. Mais elle est ressent une terrible faim la tenailler. Malheureusement les mets qui l’attirent ne sont pas en devanture de magasin mais marchent tranquillement dans la rue et, alors que Yume sent le monstre refaire surface, elle se retrouve dans les bras rassurant de son frangin. Car Utsutsu a hérité d’un étrange pouvoir en étant à son tour contaminé par le virus Pupa : il peut se régénérer à l’infini. Et il est prêt à devenir le repas quotidien de sa petite soeur...

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Il y a des couvertures qui intriguent et qui annoncent vite que le contenu du manga n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Il y a des senteurs malsaines qui semblent vouloir émaner de certaines oeuvres, ce genre d’odeur attirant les nécrophages tel que votre serviteur. J’avais ressenti cette douce impression quand j’avais tenu entre les mains les oeuvres de Hideshi Hino. Cette fois, j’allais de nouveau être confronté avec l’odeur du politiquement incorrect, de la levée de bien des tabous qui gangrènent quelque peu la BD franco belge et qui n’existent pas dans le manga. Sayaka Mogi débuta dans l’horreur avec cette mini série en trois tomes... Bon, cette fois, il faut un rien relativiser le terme de mini-série, ce premier tome faisant pas moins de 440 pages, soit plus de deux tomes classiques.

Sayaka Mogi nous présente deux frère et soeur à la macabre destinée. Enfants battus, ils vont, à peine sortis des mains de leur tortionnaire qui n’était autre que leur père, devenir les cobayes d’une monstrueuse expérimentation : celle d’un terrible virus appelé Pupa. Normalement, les humains contaminés succombent immédiatement mais nos deux héros vont subir deux transformations terrifiantes et complémentaires. La jeune Yume devient un monstre affamé de chair humain et son frère devient un réservoir infini de nourriture pour sa soeur, car pouvant se régéner à très grande vitesse. La relation des deux personnages va alors devenir particulièrement ambigue car si les images nous montrent une petite fille dévorant son frère, difficile de ne pas y voir d’autres métaphores encore plus glauques. Les dessins de Sayaka Mogi sont dérangeants car les postions, les tenues que prennent les deux enfants pour ces repas contre nature ont rapidement une connotation sexuelle explicite. Une absence totale de tabou impreigne cette première partie de tome, où les deux frères et soeurs organisent une nouvelle façon de survivre. Oui, ce sont des survivants prêts à tout et Utsutsu ne le cache à aucun moment : il fera n’importe quoi pour protéger sa petite soeur. Et il va le faire. Le dessin de Sayaka Mogi est troublant car, même s’il n’est pas gore, les scènes le sont sans la moindre ambiguité. Toutefois,son style est semi réaliste, on pourrait même le qualifier de rétro, faisant penser pour certains personnages au style de Leiji Matsumoto mais également de Hideshi Hino.

La seconde partie du tome va passer à un cran supérieur dans l’horreur. Cette fois, de nouvelles organisations entrent en scènes et les corps de nos deux héros deviennent des enjeux de choix. Que veulent vraiment ces deux organisations qui s’affrontent ? Celle de Maria, la femme balafrée, semble être à l’origine de l’expérience et apparait même pluôt soft comparée à celle kidnappant les deux frère et soeur et commençant des tortures inhumaines sur Utsutsu. Le jeune homme est alors comparé à ces animaux servant à la dissection dans les cours de sciences naturelles. Yume aura alors un terrible choix à faire : s’enfuir ou aider son frère et plonger avec lui dans plus de ténèbres. Bien évidemment, ce sera le second choix qui sera le bon. Sayagi Mogi va tout d’un coup transformer ses deux personnages et pas seulement psychologiquement, chacun va alors laisser sa part de ténèbres prendre le dessus et l’envahir, quitte à renier sa propre humanité. Cette deuxième partie de tome est moins perverse dans la relation entre les deux personnages mais le sera par l’intermédiaire de l’organisation qui les a enlevés et dont les membres semblent prendre un malin plaisir à les torturer.

Oui, “Pupa” est une oeuvre sombre, perverse, mais également complexe, passionnante par son analyse de la transformation en monstre de ces deux enfants qui flirtent avec l’adolescence et parfois avec une forme de maturité. Oui, “Pupa” n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais les amateurs d’horreur sans limites seront ravis et verront dans cette série une oeuvre colossale voire même culte.


pour public averti

Pupa (T1)
- Auteur : Sayaka Mogi
- Traducteur  : ryoko Akiyama
- Éditeur français : Komikku éditions
- Format : 13 x 18 cm
- Pagination  : 440 pages
- Date de parution : 27 octobre 2016
- Numéro IBSN : 978-2372871471
- Prix : 12 €


© 2015 Sayaka Mogi (AKITASHOTEN)
© Komikku éditions- Tous droits réservés



Frédéric Leray
4 novembre 2016




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