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Springald
Kazuhiro Fujita
Ki-oon Seinen

Bienvenue au Black Museum. Ce musée contient les pièces à conviction des plus grandes enquêtes menées par les inspecteurs de Scotland Yard. Parmi ces pièces en faisant rêver plus d’un se trouve une des jambes mécaniques d’un malfrat qui sema la terreur dans Londres en 1837 : Jack Talons à ressorts. Le personnage était des plus impressionnants avec des jambes gigantesques à ressorts et des bras extensibles armés de griffes particulièrement aiguisées. Le personnage terrorisait de jeunes femmes dans les rues de Londres, prenant plaisir à les voir s’affoler quand il lacérait leurs tenues. Mais soudain, Jack disparut de la circulation pour réapparaître trois ans plus tard. Seulement, si ses premières actions ressemblaient plus aux actions d’un sale gosse, son retour s’avéra des plus sanglants car ses cibles n’étaient plus seulement effrayées par Jack le bondissant, ce dernier les lacérait à mort. C’est alors que l’inspecteur Rockenfield, surnommé la machine à vapeur de Scotland Yard, entra en action...



Rockenfield était sur l’affaire depuis les premiers jours et très vite l’inspecteur suivit une piste prometteuse, seulement celle-ci l’emmena dans un lieu interdit pour les simples communs du peuple comme lui : la noblesse britannique. Le principal suspect était un marquis : Walter de la Poer Strade. Ce dernier était le meneur d’un groupe de nobles désœuvrés qui s’occupaient dans des amusements de plus en plus dangereux et l’apogée de ses activités peu recommandables fut son personnage de Jack, créé grâce à l’exosquelette créé par son ami Lord Francis Beaumont. Toutefois, Rockenfield n’eut pas le temps de l’arrêter, Jack ayant subitement stoppé ses actes méprisables. En réalité, c’est une femme qui fut à l’origine du changement d’attitude de Strade. Le noble s’amusait à humilier les pauvres femmes du peuple jusqu’au jour où il se retrouva nez-à-nez avec Margaret. la jeune femme, fille de pasteur, ne fut pas impressionnée et s’opposa à lui allant jusqu’à gifler son masque de fer. Jamais il n’avait rencontré une femme avec autant de caractère et soudain, Strade comprit qu’il avait rencontré la femme de sa vie et le destin lui joua un nouveau tour en la faisant entrer à son service comme servante...

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Kazuhiro Fujita marque donc son retour avec ce one shot “Springald”. Après être devenu célèbre grâce à la série “Ushio to Tora” et après avoir retravaillé les contes et mythes des quatre coins de la planète avec Moonlight Act, le mangaka revient pour déterrer les archives de la célèbre institution policière britannique : Scotland Yard. D’ailleurs, la présentation du manga, la façon dont celui-ci est organisé, tout laisse penser que l’histoire de Jack aux talons à ressorts pourrait bien n’être que la première histoire sortie de ce Black Museum qui sera à l’origine de tout. Kazuhiro Fujita utilise d’ailleurs la gardienne du musée comme lien entre le lecteur et le conteur de cette étrange histoire de Springald, ce Jack si bondissant.

Jack Talons à ressorts est une véritable légende urbaine outre-manche. D’ailleurs, nous aurons des explications sur ce mythe et sur la création de Scotland Yard comme interlude entre les différents chapitres de ce tome. Ce dernier aurait réellement semé le trouble en 1837. Kazuhiro Fujita va alors s’inspirer de ce mythe pour donner sa propre interprétation de l’origine de cette légende et surtout nous donner le nom du coupable ! Mais pour coller avec la légende, Kazuhiro Fujita nous emmène trois ans après les premières apparitions de ce cher Jack. L’explication se tient parfaitement même si on peut s’interroger sur la capacité de créer un tel exosquelette à cette époque. Mais soit, nous sommes dans une vision steampunk typique des histoires se déroulant durant l’ère victorienne et qui ne cherchent pas non plus à être trop réalistes. Kazuhiro Fujita nous offre alors une enquête policière assez intéressante, même si le suspens est très vite abrégé sur l’identité de Jack. Toutefois, suivre les pérégrinations de l’inspecteur Rockenfield est un vrai plaisir, le récit se ponctuant de flash-back nous éclairant sur certains points autour de l’énigme de Jack. L’action s’avère également très présente, nos héros n’étant pas vraiment du genre pantouflard.

Coté graphisme, il faut avouer que le design des personnages de Kazuhiro Fujita est reconnaissable du premier coup d’œil, avec des visages anguleux et des nez très pointus. Mais le mangaka a aussi le don pour créer des atmosphères grâce à des décors particulièrement travaillés et des personnages vraiment haut en couleur. Le style de Jack Talons à ressorts est une vraie réussite, mélangeant intelligemment mécanique et tenue d’époque. Le duel final possède toute l’intensité qui fait aussi la marque du mangaka. Cette ambiance est créée en fait dès la couverture de ce tome, avec un style façon vieux livre, comme usé sur la tranche, des couleurs sombres et même les pages en couleurs possèdent une forte présence de sépia, afin de montrer que nous sommes projeté dans le passé. Le lecteur est gâté par Fujita, qui réalise chaque page avec soin, jouant sur la taille des cases pour donner du rythme et sur la qualité de ses décors et de ses dessins pour séduire le lecteur. Attention, comme je le disais plus tôt, l’histoire est aussi très intéressante. A noter que le tome s’achève sur un récit se passant quelque temps après l’histoire de Jack. Bon, ce deuxième récit est moins passionnant que le premier même s’il est encore une fois très bien mené et changeant le contexte de l’histoire.

Le Black Museum referme donc ses portes et pourtant, il est certain qu’il avait encore bien des choses à nous raconter.


Springald
- Auteur : Kazuhiro Fujita
- Traducteur  : Sébastien Ludmann
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 248 pages
- Date de parution : 22 septembre 2016
- Numéro ISBN  : 979-10-327-0042-6
- Prix : 8,65 €


KUROHAKUBUTSU-KAN SPRINGALD © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
9 octobre 2016




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