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Gandahar n°6
Une publication de l’association Gandahar
Revue, n°6, SF – fantasy - fantastique, nouvelles-article, juin 2016, 120 pages, 7€

Pour le numéro 6 de « Gandahar », le choix c’est tout naturellement focalisé sur ce chiffre. « Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre » disait le fameux numéro 6 incarné par Patrick McGoohan dans la série culte « Le Prisonnier ».
Fort justement, Franck Zaïtchick Jammes décrypte ce feuilleton dystopique en préambule. Dans les années 1960, cette série anglaise a marqué les téléspectateurs durant 17 épisodes. Depuis elle n’a cessé d’alimenter les conversations, car bien des mystères demeurent.
Chaque épisode est passée sous la loupe et certains se révèlent pour le moins hermétiques, parfois même éloignés de la thématique principale : le prisonnier numéro 6 cherchant à fuir le village et à savoir qui dirige cette machination. « Le Prisonnier » conserve toujours son aura et la répartie de Patrick McGoohan qui porte le projet sur ses épaules n’est pas prête d’être oubliée. Passionnante, intrigante, déroutante... les qualificatifs pullulent pour en parler.



Huit textes au sommaire – quoi, pas six ! - illustrent cette thématique du prisonnier.
Pour commencer, j’ai envie de parler de mon préféré qui est aussi le plus long : “Je t’y autorise” de Bruno Pochesci. Mia en a marre de rester dans le village, elle rêve d’ailleurs et collectionne les aventures pour passer le temps, jusqu’à trouver un amant qui n’a rien oublié des événements de la veille et désire aussi fuir, découvrir ce qui se cache au-delà de la vallée. Entreprise compliquée mais à deux, c’est toujours plus simple.
L’entame pose tout de suite le personnage : Mia est une femme imposante qui a de la suite dans les idées et fonce. Tel un bulldozer, rien ne l’arrête. Les lieux ne manquent pas de saveur avec des dénominations détournées de tous les côtés, des énigmes pour les habitants mais des clins d’œil pour les lecteurs. Toutefois, rien n’est gratuit, l’explication arrive au final, celui de la compréhension et de la logique de l’histoire. Bruno Pochesci fait preuve de sa verve habituelle et nous régale de sa faconde. Il est resté proche du sujet, tout en le réactualisant de belle manière.

Le duo André Woodcock et Thierry Fernandez fait aussi preuve d’une imagination débridée, allant très loin dans le genre. Ils nous parlent de Factoriel 6 enfermé dans un lieu étrange situé sous l’eau. Il est délivré par des inconnus. Mais pourquoi lui ? Qu’a-t-il de spécial ? De bonnes trouvailles parsèment le récit intrigant qui vire au space-opera, le personnage porte bien son nom mais, à mon sens, les auteurs n’ont pas su s’arrêter à tant. Ils font dans la surenchère, allant toujours plus loin jusqu’à plonger “Superpositions” dans un certain hermétisme. Un peu le propre de la série...

Philippe Pinel ne s’embarrasse pas de détails. Tout est blanc ! Une blancheur à rendre fou et un aveugle est finalement logé à la même enseigne. “Dimanche” peine à séduire par sa bizarrerie, mais la conclusion ne manque pas de subtilité et remet l’ensemble dans le contexte. Bien vu au final !

“Toni s’enfuit” décrit une société future hyper répressive, il ne faut pas beaucoup pour être déporté sur une planète bagne sans gardiens. Toni y a justement droit, la capsule est en approche. Beaucoup préféreraient qu’elle s’écrase plutôt que de découvrir leur destination. Loïc Daverat prend le contre-pied du scénario attendu par les lecteurs comme par les passagers. Il nous offre une conclusion positive. Un nouveau départ est toujours possible et il ne faut jamais abandonner une part d’espoir dans la nature humaine. À ce titre, cette nouvelle concluant ce numéro s’avère agréable.

“Ronron” de Françoise Grenier-Droesch illustre la perte de repères jusqu’à en oublier son identité. Le refus de donner un nom, une surveillance constante et une médication adaptée concourent à ce but. Devenir un simple numéro interchangeable, voilà le but. Un petit regret : que ce ne soit pas plus entraînant, mais le propos est bien traité et explicite.

Avec “Matricule 46/656”, Alain Rozenbaum transpose le thème du prisonnier dans le monde de l’entreprise, du moins telle en est ma vision. Son interprétation ne manque pas de justesse. L’homme devient un être dépersonnalisé, une simple ligne dans une liste, qu’il est si simple de supprimer pour faire entrer du sang neuf, qui lui aussi fera son temps. Efficace et quelque part, inquiétant.

Pour meubler des journées monotones, sans joie, un enfant observe souvent une photo qui le fait rêver jusqu’à ce qu’il y soit projeté parmi d’autres enfants. De quel côté de la barrière se situe-t-il ? Où se trouve la réalité ? Catherine Robert joue d’une certaine ambiguïté qui réussit à “La photo”. Même si les détails s’estompent rapidement après lecture l’image de cet enfant triste demeure.

“Hôtel California” d’Ophélie Hervet se révèle court et sans surprises et ce ne sont pas les allusion à la chanson des Eagles qui la rende plus attrayante. La fin est trop convenue.

Une excellente idée que de faire le parallèle entre ce numéro 6 et la série « Le Prisonnier ». Il remet sur le devant de la scène cette série culte et offre aux auteurs un thème intéressant. Dans l’ensemble, ils ont su s’en emparer en le traitant de manière plus ou moins directe.
Une belle huitième livraison de « Gandahar ».


Titre : Gandahar
Numéro : 6
Directeur de publication : Jean-Pierre Fontana
Couverture : Claude-Henri Fournerie
Type : revue
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : l’association Gandahar ; Sa page facebook
Période : juin 2016
Périodicité : trimestriel
ISSN : 2418-2052
Dimensions (en cm) : 16 x 24
Pages : 120
Prix : 7 €



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
4 octobre 2016


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