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Young Elites, tome 2 : La Confrérie de la Rose
Marie Lu
Castelmore, roman traduit de l’anglais (USA), fantasy, 320 pages, avril 2016, 16€

La tentative des Dagues a tourné à la déroute. Chassée par ses camarades, Adelina a fui avec sa petite soeur Violetta vers Merroutas. Là-bas, elle espère mettre la main sur Magiano, un Elite solitaire, et d’autres, pour fonder son propre groupe et se venger de l’Inquisition.
Les Dagues survivants, sous l’égide de Raffaele, se sont réfugiés à Beldain. Maeve, la nouvelle Reine, est une Elite, et son pays considère les mafettos comme bénis des dieux. Mais Maeve a de sombres projets : elle veut s’emparer du trône de Kenettra et pour cela, elle compte utiliser son pouvoir pour ramener Enzo...



La fin du premier tome était apocalyptique : le plan des Dagues a lamentablement capoté, en partie parce que le pouvoir d’Adelina lui a échappé, dans la confusion de la bataille. Son double jeu avec l’Inquisiteur Teren éclate au grand jour, annihilant tous ses espoirs de convaincre les Dagues qu’elle agissait sous la contrainte. La sanction est sans appel. Bannie, Adelina fuit, avec un gros ressentiment envers les Dagues, et surtout Raffaele, qui n’a plus confiance en elle et souhaite sa mort.
C’est donc à une lutte quasi fratricide que nous convie Marie Lu dans ce second volume. Adelina a un désir de vengeance très fort, attisé par les voix dans sa tête, par son pouvoir qui se délecte de la terreur des gens. Après voir fait ses preuves auprès de Magiano en décapitant la pègre de Merroutas (au sens propre), elle retourne à Estrenzia avec sa nouvelle confrérie de la Rose : Violetta qui peut étouffer les pouvoirs, Magiano qui peut les copier, Sergio « Faiseur de pluie », capable de déclencher des orages et écarté des Dagues par Raffaele.
Dans la capitale, la reine Giulietta a commencé à parquer les Malfettos, et Teren, lui désobéissant, souhaite les exterminer. Raffaele, réintroduit à la cour par Maeve, exploite cette divergence de vue pour creuser le fossé entre l’Elite fanatique et la reine.

La concomitance des plans de chacun doit un peu à la chance et beaucoup au deus ex machina. Adelina arrive à doubler les Dagues et a « récupérer » Enzo, à lui donner sa version des faits. Là, les choses s’emballent un peu question sentiments : Adelina oublie instantanément les approches délicates de Magiano et retombe en pâmoison devant le prince, quand bien même elle n’est pas certaine de ses sentiments à lui, de son état (il est quand même revenu d’En Bas) et qu’elle se doute qu’à terme ses mensonges et ses omissions lui coûteront cher.
Mais comme on l’aura vu jusque-là, notamment lorsque son pouvoir s’emballe et la submerge d’hallucinations, Adelina n’a changé qu’en pire : elle reste persuadée de pouvoir tout contrôler, tout rattraper, tout se faire pardonner... Rongée par son pouvoir, par une folie latente, elle subira de plein fouet le contrecoup d’une bataille finale aussi épique que brouillonne, combat aérien à dos de baliras digne des duels de biplans de nos Guerres Mondiales (voire X-Wings/TIE-Fighters) suivi de destructions navales à faire pâlir Pearl Harbor. Au milieu de tout cela, nos Elites occupent toute la place, les autres ne sont que des figurants, et comme à la fin du précédent tome les retournements sont immédiats et fulgurants, au point que rater une ligne suffit à vous plonger dans l’incompréhension ou l’erreur quant au camp ou la survie de chacun, un petit défaut qui entachait déjà la fin du premier volume.
Bref, si politiquement c’est le chaos, mais un chaos profitable à Adelina, Violetta est porteuse de mauvaises nouvelles, dont on aura grappillé quelques indices au fil des affrontements. Le volume se clôt donc sur une nouvelle rupture d’Adelina avec son passé, ses amis, tandis que la fièvre du pouvoir, du contrôle est toujours plus forte, la conduisant à une schizophrénie dangereuse rappelant le Gollum de Tolkien, pour ne citer qu’un seul personnage à la folie tragique. On pourrait également regarder du côté de Shakespeare.

Le premier tome était déjà très noir, celui-ci gravit une nouvelle marche. Adelina est désespérément loin de la gentille héroïne. Dévorée par l’ambition, la jalousie, le pouvoir, mais aussi la peur, cette peur qui nourrit ses capacités d’Elite, elle s’érige en archétype de la déchue, dans la lignée de Dark Vador : quitte à prendre la voie du mal, autant qu’elle soit satisfaisante. Point de demi-mesure. Bon, scénaristiquement, on épargnera quand même les personnages importants, pour se venger d’eux, ce qui mettra de l’eau à leur propre moulin de vengeance... Le roman, destiné à la jeunesse, se doit aussi de corser l’aspect sentimental par un triangle amoureux, même si Adelina étouffe vite les espoirs de Magiano. Donc sans trahir les codes du best-seller, Marie Lu apporte un peu de changement et beaucoup de noirceur.

Le dernier volume est pour très bientôt, et la vengeance des Elites sera terrible...


Titre : La Confrérie de la Rose
Série : Young Elites, tome 2
Auteur : Marie Lu
Traduction de l’américain (USA) : Isabelle Troin
Couverture : Alexandra V BAch
Éditeur : Castelmore
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 320
Format (en cm) :
Dépôt légal : avril 2016
ISBN : 9782811219796
Prix : 16 €


La trilogie Young Elites
- Young Elites
- La Confrérie de la Rose
- L’Etoile de Minuit


Nicolas Soffray
22 janvier 2017


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