Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Péma Ling (T1) De Larmes et de Sang
Georges Bess
Dupuis

La famille de la petite Péma Ling a été exterminée par un potentat local. Habillée comme le garçon qu’elle semble être, profondément choquée, volontairement muette, Péma Ling s’occupe des chèvres du monastère. C’est qu’au Tibet, on ne rigole pas sur le dos des autorités sans risque... Mais les moines font souvent cadeau de la charité que leurs frères humains oublient sur le chemin du pouvoir.
Alors, Péma Ling rêve, observe la vie de sa petite cité, écoute les moines et pressent peut être déjà qu’un fabuleux destin l’attend.



Georges Bess revient à ses premières amours, amenant à nouveau ses lecteurs vers le Tibet. Bonne nouvelle après tout car le dessinateur-scénariste maîtrise ici parfaitement sa narration et son graphisme.
Incontestablement, Bess sent le Tibet et ce pays le lui rend bien.

Travaillant les ocres et les oranges au corps, il réussit à transmuter sa vision finalement classique et très photographique pour, grâce aux couleurs qu’il utilise, faire basculer le lecteur dans un imaginaire très personnel.
De la même manière, autant les paysages et les architectures paraissent taillés dans le réel le plus pur et découler d’une observation attentive et passionnée d’un pays, autant les visages bénéficient d’un double traitement intéressant.
Souvent très torturés, les traits durcis, tordus, malmenés, les Tibétains semblent bien porter toute la douleur de leur existence sur leur visage. A contrario, parfois, le portrait d’un enfant ou d’un adulte émerge, rupture graphique du récit, case totalement apaisée, dessin très allégé, copie presque parfaite d’un cliché naturaliste. Une “lumineuse clarté” transfigure alors la violence globale de l’intrigue.

En effet, « Péma Ling » est très loin de l’humeur transcendantale explorée avec la complicité de Jodorowsky dans la série en six volumes du « Lama Blanc » (Humanoïdes Associés). Ici, pas d’ambiance métaphysique sous jacente, le scénario nous conte une histoire de chair et de sang. De révolte et de vengeance aussi. On meurt pour de vrai, le sang est versé sans préavis et le lecteur croisera au fil des pages, une violence totalement assumée et logique.

La vie de Péma Ling débute sous de funestes auspices et l’on comprend bien que tout cela n’est pas près de s’arrêter. Loin de clichés faciles, la nouvelle aventure tibétaine de Georges Bess enchante et effraie. Quand l’innocence initiale d’une petite fille est brutalement confrontée à la triste réalité d’un monde sans pitié, il faut espérer et croire en l’homme pour survivre.

Au Tibet comme ailleurs, les larmes et le sang coulent parfois trop souvent.


De larmes et de sang (T1)
- Série : Péma Ling
- Dessinateur, scénariste : Georges Bess
- Éditeur : Dupuis
- Collection : Repérages
- Page Internet album : Péma Ling
- Album : cartonné
- Pages : 64, en couleurs
- Format : 21,7 x 30
- Dépôt légal : mai 2005
- ISBN : 2-8001-3706-1
- EAN : 9 782800 137063
- Prix : 9,80 €

Un très beau cahier graphique de 16 pages intitulé “Carnet de Croquis” est inclus dans la première édition de « Péma Ling ».


Illustrations : © (2005) Georges Bess et les Éditions Dupuis.



Stéphane Pons
13 février 2006




JPEG - 15.6 ko
Georges Bess revient au Tibet



JPEG - 17.5 ko
Une vision réaliste et travaillée



JPEG - 11.3 ko
Où les corps sont parfois tordus et maltraités



JPEG - 13.3 ko
Georges Bess aime le Tibet et sent parfaitement ses paysages



JPEG - 18.5 ko
Travaillant les ocres avec une belle maestria



Chargement...
WebAnalytics