N a changé et la mort de Kaoru n’a rien arrangé au spleen dans lequel s’est plongé le jeune homme. Mais ce n’est pas ce N que souhaite Yoko et profitant de l’enterrement de leur ami, elle décide de tourner cette page de sa vie. Le petit jeu qu’elle a mené devant les parents de Kaoru a quelque peu énervé la jeune Yoko qui avait prévu le même plan. Mais cette fois, l’aîné des Yoko reprend la place qui était la sienne, elle n’est plus la jeune fille qui s’est laissée violer, elle est de nouveau celle qui devait diriger le groupuscule. Et pour marquer sa nouvelle émancipation, elle décide de faire l’amour avec le serveur du bar où travaille N. Il n’y a aucune passion dans cette relation, juste un coup pour se dévergonder un peu. Et pour parfaire son changement, il choisit de se couper les cheveux à la garçonne. Le monde doit changer à commencer par elle. Maintenant, tout peut sombrer dans le chaos, cela ne lui importe plus. De toute façon, N est parti de son côté, abandonnant ses amis. Mais la jeune Yoko n’est pas décidée à tout perdre et si elle doit récupérer quelque chose de ce fiasco, ce sera N, quitte à accepter l’aide de T.

Suite et fin de cette oeuvre originale de Eiji Otsuka. Le mangaka nous avait laissé sur le fiasco de sa bande des Unlucky Young Men, qui se sont faits voler leur larcin par la bande de la jeune Yoko. Le début de ce second tome nous présente les membres de cette bande en totale déliquescence, chacun retombant dans ses travers du début de l’histoire mais avec un niveau plus élevé dans le tragique. Et quoi de plus tragique que ce que Eiji Otsuka nous a préparé pour la famille de Kaoru. Le mangaka nous présente une famille qui n’aurait pas dépareillé dans le Japon médiéval, et la mort de Kaoru n’est pas si éloignée du seppuku rituel. Ces personnages de tragédie vont servir de catalyseur dans la déchéance de N mais surtout le retour d’une Yoko maîtresse de sa destinée et repartant dans une guerre idéologique. Yoko sera alors l’incarnation du féminisme exacerbé, maîtresse de son corps, choisissant le sexe comme passe temps et jetant ses amants comme des mouchoirs en papier. Encore une fois, la destinée des deux Yoko se croise mais reprenant le trajet original pour chacune.
La jeune Yoko repasse de la salope, prête à tout pour devenir la femme libre qu’incarne en réalité Yoko l’aînée,à l’amoureuse transie. D’ailleurs, l’émancipation de Yoko l’aînée s’incarnera également par une nouvelle coupe de cheveux. Ce choix n’est pas un hasard car, par cet artifice, Kamui Fujiwara rompt la sacro-sainte règle des shonen qui veut que le design d’un personnage ne change qu’à la marge durant une série. Par une nouvelle coupe de cheveux, les deux mangakas marquent une rupture dans la vie de la jeune femme qui retombe dans ses extrémistes politiques. Le fiasco du vol qui aurait pu s’arrêter là tourne peu à peu en un policier où Yoko l’aînée devient la méchante de l’histoire cherchant à déstabiliser l’ordre établi par un coup d’éclat. Les hommes autour d’elle deviennent de simples figurants, quasiment tous totalement transparents, dominés par la jeune femme. Même N prend une épaisseur par rapport à ses remplaçants dans le lit de la jeune femme.
Ce deuxième tome nous ramène à la case départ psychologiquement parlant pour nos héros mais leur destinée sera inévitablement tragique. Eiji Otsuka nous offre une oeuvre assez pessimiste, où personne ne sera parvenu à changer son destin, ne faisant au contraire qu’amplifier sa déchéance.
Une série atypique pour un auteur refusant de suivre les chemins pré-tracés du manga.
Unlucky Young Men (T2)
Scénario : Eiji Otsuka
Dessins : Kamui Fujiwara
Traducteur : Sébatien Ludmann
Éditeur français : Ki-oon
Format : 170 x 240, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 386 pages
Date de parution : 17 mars 2016
Numéro ISBN : 978-2-35592-929-8
Prix : 19,90 €
A lire sur la Yozone :
Unlucky Young Men (T1)
© Kamui FUJIWARA 2007 © OTSUKA Eiji Jimusyo 2007 / KADOKAWA CORPORATION, Tokyo.
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