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Sans aller à l’école, je suis devenu Mangaka
Syoichi Tanazono
Akata

Masatomo Tanahashi aurait aimé être un enfant comme les autres : jouer avec ses amis, participer à la vie de la classe. Mais de l’école, il n’en avait que l’image des élèves sortant de classe pour rentrer chez eux. Masatomo n’a jamais été à l’aise en classe, ni parmi ses camarades de classe, mais l’événement qui allait faire définitivement basculer sa vie fut une réaction extrêmement violente de son institutrice alors qu’il ne voulait que lui signaler qu’il n’arrivait pas à comprendre ce qu’il fallait faire. Le choc fut tel que Masatomo se retrouva incapable de retourner à l’école. Chaque matin, il se réveillait avec un horrible mal de tête, mais surtout il commença à rêver d’un inquiétant homme en noir qui venait le chercher. Devant ses crises de panique, ses parents décidèrent de lui faire passer des examens médicaux, mais cela ne donna rien de bien concluant. On lui fit faire certains tests comme construire une ville avec des jouets. Toutefois, personne ne trouva une explication à sa peur et son rêve.



C’est ainsi que Masatomo se déscolarisa peu à peu. En restant chez lui, il regardait la télé mais pouvait également se livrer à sa passion : le dessin. Et plus précisément, le garçon aimait reproduire les dessins de “Dragon Ball Z”. En découvrant que son dessin animé préféré était aussi un manga, son amour pour le dessin ne fit qu’augmenter, surtout qu’il avait en plus le support papier pour s’inspirer de l’oeuvre d’Akira Toriyama. Ses parents tentèrent de le faire retourner à l’école par petite dose, d’abord grâce à l’aide d’une jeune institutrice, Mme Miyamura, qui venait le chercher chez lui avec son fils. Mais Masatomo se sentait mal à l’aise, malgré les efforts que faisait la jeune femme pour le rassurer. Une amitié commença à se tisser avec Horii, le fils de Mme Miyamura, mais son intégration dans la classe n’était toujours que superficielle et encore une fois, Masatomo fut débordé par le niveau des cours et perdit pied à la première remarque déplacée de son institutrice.

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“Sans aller à l’école, je suis devenu Mangaka” n’est pas une simple fable sur la possibilité de pouvoir s’en sortir même en étant déscolarisé enfant, mais bien l’histoire inspirée de la propre expérience de Syoichi Tanazono. Ce que vit le jeune Masatomo est ce qu’a vécu pour la grande partie de son enfance le jeune mangaka. Déscolarisé pendant de nombreuses années, et profondément fan de Dragon Ball, c’est finalement grâce à sa rencontre avec Akira Toriyama qu’il trouvera sa véritable vocation. Et pour son premier récit, le jeune artiste nous raconte tout simplement ce qu’il a vécu enfant, ce qu’il a pu ressentir et surtout comment il est parvenu à trouver sa voie.

Syoichi Tanazono nous raconte sa vie à travers le jeune Masatomo. Très vite, le garçon se retrouve exclus d’un système scolaire peu adapté à ses problèmes de compréhension et d’intégration. Le mangaka ne semble toutefois pas vouloir absolument attaquer pour le démonter le système scolaire japonais car en réalité, ce qu’il présente dans son récit pourrait se passer dans n’importe quel pays, et encore plus chez nous. Masatomo est un garçon qui n’est pas fait pour un système basé sur la compétition et le besoin de devoir s’intégrer à tout pris à un groupe. Il est hyper sensible et se retrouve déstabilisé à la première remarque désobligeante à son égard. Bon, soyons aussi franc, Masatomo n’a pas eu beaucoup de chance avec ses premières institutrices : entre la première qui le frappe parce qu’il ne comprend pas et la second qui l’humilie par des mots qui blessent, tout semblait être fait pour lui faire détester l’école. Quoique le mot « détester » n’est pas tout à fait exact, son sentiment se rapprochant plus de la peur. Vu ses rêves et ses difficultés scolaires, le lecteur ne peut éviter de penser à plusieurs causes : une très courante et encore décelée trop tardivement, la dyslexie, ou plus grave une tumeur au cerveau. Toutefois, si la seconde est clairement à écarter, le mangaka ne nous donnera aucune justification médicale précise par rapport à ce qui lui est arrivé.

Masatomo va suivre alors un parcours très chaotique, ses parents cherchant toujours un moyen de le ramener vers l’école, des parents qui apparaissent comme très courageux et qui seront parfois culpabilisés par rapport au comportement de leur enfant. Certes, certains trouveront peut-être que Syoichi Tanazono n’est pas très reconnaissant dans son récit par rapport à tout ce que ses parents ont fait pour lui, mais il faut souvent regarder attentivement chaque case pour trouver ces témoignages de remerciements qu’un enfant a parfois du mal à faire ouvertement. Le récit se focalise sur la petite enfance de Masatomo et son entrée au collège, ou plutôt sa tentative d’entrée. Il aurait été aussi intéressant de voir comment le jeune auteur est parvenu à percer dans le monde du manga après sa rencontre cruciale avec Akira Toriyama, mais il faut avouer que ce one shot est déjà bien volumineux et aborde de nombreux sujets dont l’inévitable harcèlement morale, plus que physique, qu’exercent les enfants entre eux. Ce problème qui fait le bonheur des mangakas a de quoi terrifier, Masatomo subissant, à un moment, un rejet tel de ses camarade qu’il nous fait penser au personnage de la série Another. On sous-estime souvent la méchanceté des enfants entre eux, n’ayant pas de barrière dans l’expression de leur ressenti, surtout sous la pire de ses formes.

Malgré tous les obstacles qu’il trouvera sur son passage, Masatomo finira par trouver sa voie, comme Soyichi Tanazono. “Sans aller à l’école, je suis devenu Mangaka” est un message positif pour ceux qui subissent le cas de déscolarisation, même si le mangaka n’apporte pas la solution universelle au problème, cette dernière n’existant malheureusement pas. Un témoignage poignant, émouvant, atypique sur un sujet très fort comme tous ceux touchant des enfants.


Sans aller à l’école, je suis devenu Mangaka
- Auteur  : Syoichi Tanazono
- Traduction : Tetsuya Yano
- Éditeur : Akata
- Format : 127 x 180 mm
- Pagination : 294 pages
- Dépôt légal : 25 février 2016
- Numéro ISBN : 978-2369741066
- Prix public : 9,99 €


GAKKOU E IKENAI BOKU TO 9NIN NO SENSEI © Syoichi Tanazono 2015 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD., Tokyo
© Editions Akata - Tous droits réservés



Frédéric Leray
15 mai 2016




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