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Etherval n°7 : Nix vallis
Association des Plumes de l’Imaginaire
Fanzine, n°7, science-fiction/fantastique/fantasy, nouvelles-articles-détente, décembre 2015, 73 pages, 7€

Premier numéro de cette revue à me tomber entre les mains, le sentiment de tenir un bel objet est conforté par une impression soigneuse et une mise en page rigoureuse, des dessins en couleur tout à fait honorables, tant et si bien que cette publication n’a vraiment rien d’un fanzine, et que cet aspect plus professionnel que personnel annonce avec bonheur le thème qui est ici traité : la glace.



Pour les vieux dinosaures de mon espèce, un peu hermétiques aux charmes d’internet, le fait de mixer une publication à la fois sur le papier et le web a quelque chose de surprenant. D’une part, l’ensemble des textes offerts est réparti sur les deux supports (7 textes édités en revue et deux accessibles sur le site) d’autre part les présentations des dits textes et de leurs auteurs nécessitent de scanner un flash code ou d’aller sur le site en question pour en prendre connaissance. Bon, pourquoi pas ?
Donc neuf nouvelles nous transportent vers des univers où le froid a plus ou moins sa place. Catherine Loiseau ouvre le bal avec “Les jeux de la glace” qui raconte les mésaventures d’une équipe de gobelins dont l’ambition est de ramener une médaille lors de jeux d’hiver organisés par des elfes. Bien écrit et amusant, mais pas vraiment original.

“L’Ascension” de Julie Limoges a parfois des accents de Jack Vance (on pense au « Papillon de Lune ») mais cette veine est hélas mal exploitée et c’est vraiment dommage car il y avait du potentiel avec tous ces groupes spécialisés qui forment le peuple dont l’auteur narre la migration. La fin manque aussi de rebondissement ou tout au moins celui-ci est raté.
À quelques exceptions près, on peut formuler d’ailleurs cette remarque : beaucoup de textes ne sont pas construits en vue d’une chute qui les éclairerait. Or c’est justement le but de cette forme de littérature qu’est la nouvelle que de condenser une histoire et de la rehausser par une fin qui doit en être la clef de voûte.

“Tête de bocal” de Audrey Aragnou est un cas particulier, une belle approche surréaliste de l’écriture, qui est à la fois singulière, originale, et chargée d’émotion. J’ai vraiment aimé.
“La Surface noire de la glace” de Yann Quero fourmille d’idées, de bonnes idées même avec cette chercheuse autiste, mais des incohérences déséquilibrent le texte (l’intervention des hommes de la NSA par exemple) et nuisent à sa crédibilité.
“L’enfant d’hiver” de Luce Basseterre est à mon sens le meilleur texte de ce numéro. Sur une histoire simple mais néanmoins chargée de mystère, Luce Basseterre donne du sens et du poids à son récit. Son approche des sentiments – ici la tendresse et l’amitié – se fait par petites touches délicates et avisées.Si l’on rajoute que son évocation moyenâgeuse se marie parfaitement avec le froid, on soulignera la qualité de cette nouvelle.
“Analgésies” de Florent Naud s’inscrit dans un tout autre registre, où les comparaisons sont utilisées pour surprendre et dérouter le lecteur. Pour ma part je n’ai pas accroché à cette histoire alambiquée où l’on retient parfois l’impression que l’auteur s’est amusé à jeter des mots au hasard pour les aligner sous forme de phrases.
“Blanc perçant” de Marie Tétart suggère avec un certain bonheur un univers de fantasy où la violence côtoie la tolérance, l’amour la vengeance. Pas mal ficelé et assez évocateur d’un monde dur et glacé.

À ces textes il convient donc de rajouter deux nouvelles disponibles uniquement sur le web. La première, “La Petite Faucheuse” de Ria Laune aurait pu être quelque chose de très fort, une histoire de rédemption plutôt originale. Hélas, le style d’écriture et le traitement des personnages desservent l’ensemble. On pense avec regret à ce qu’un Sturgeon aurait pu écrire sur ces bases.
Enfin, “Europa” de Stéphane Lessaffre est une uchronie amusante qui se lit facilement.
Il convient de souligner que l’on peut relever, par-ci par-là, quelques libertés avec le français, à moins que l’Académie n’ait accepté que le verbe « doucir » figure au dictionnaire, par exemple.

« Etherval » s’achève par une petite partie magazine, des jeux – ce qui est original – et une double page de missives dont la Rédaction aurait pu faire l’économie.
En conclusion, une revue de qualité avec des textes qui abordent le thème imposé, la glace, sous des formes variées avec des traitements inégaux qui révèlent ainsi des talents futurs ou déjà prometteurs. N’est-ce pas ce que l’on demande à toute revue digne de ce nom ?


Titre : Etherval
Numéro : 7
Éditeur : Association des Plumes de l’Imaginaire
Rédactrice en chef : Andrea Deslacs
Couverture : Cha’peau Rouge
Type : fanzine
Genres : SF, fantasy, articles, jeux, etc.
Site Internet : Etherval ; le numéro 7 ; la boutique avec sa large offre
Période : décembre 2015
Périodicité : semestrielle
ISSN : 2260-6025
Dimensions (en cm) : 20,9 x 29,8
Pages : 73
Prix : 7 € sous format papier et 3 euros sous forme numérique



Didier Reboussin
2 mai 2016


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