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Drakengard (T1)
Jun Eishima, Zet et Taro Yoko
Kurokawa

La maladie des yeux rouges ravagea l’humanité. Cette maladie était d’une rare perversité car ceux qu’elle contamine ne se rendent pas compte de leur état. On ne les discerne des autres humains que par leurs yeux devenus rouges. La maladie se déclenche lors d’un choc émotionnel d’importance et transforme le porteur de la maladie en créature d’une rare violence qui semble obsédé par une pensée fortement présente chez le porteur de la maladie. One est un étrange guerrier à la beauté androgyne. Il semble parfaitement immunisé contre la maladie des yeux rouges. Sa mission est d’éradiquer la maladie à sa source et de ne lui laisser aucune possibilité de propagation. Il est aidé dans sa mission par un elfe, Nero. Ce dernier semble prendre un vrai plaisir à massacrer les infectés, surtout que le sang d’elfe est un poison mortel pour cette étrange maladie.



En arrivant dans le village, l’affaire semble se corser pour One et Nero. Ils n’avaient jusqu’alors affronté que des soldats sans courage et des femmes sans défense. Les uns comme les autres se devaient de périr, tranchés par l’épée de One ou transpercés par les flèches de Nero. Mais c’est une petite armée qui résidait dans le village qui encercle les deux alliés. Seulement, One n’a pas de temps à perdre dans des combats inutiles. Et dans ce genre de situation, il ne reste que le chant. Une mélodie qui décuple ses forces et sa vitesse mais avec comme contre partie d’invoquer un dragon. Ces créatures semblent incapables de résister à l’appel du chant et leur capacité de destruction est terrifiante. Toutefois, les dragons ne sont pas des alliés de One dans sa quête, bien au contraire. Ce ne sont que des sources de problèmes dont doit le débarrasser Nero. Peu importe ses blessures, One se régénère automatiquement en absorbant le sang des contaminés, lui qui est immunisé contre la maladie.

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“Drakengard” est à l’origine un jeu vidéo de Square Enix dont le premier épisode sortit sur Playstation 2 en 2004. Ce jeu permettait d’incarner aussi bien le héros Caim que son dragon. Plutôt bourrin dans les phases de combats aux innombrables ennemis, il s’avérait assez addictif et j’avoue avoir passé quelques heures à chevaucher un dragon. La trilogie qui nous est proposée aux éditions Kurokawa a été confiée à Jun Eishima au scénario et Zet au dessin, un duo de mangakas que nous découvrons avec cette série. Pour mener à bien leur adaptation, ils sont supervisés par Taro Yoko, qui travailla sur la saga “Drakengard” comme directrice et scénariste. D’ailleurs Jun Eishima tentera d’arracher quelques secrets à Taro Yoko dans de mini-interviews inter-chapitres.

Nous suivons ici One, un étrange guerrier sur lequel le temps et la maladie n’ont pas de prise, et Nero, un elfe sarcastique et un rien pervers, loin de Legolas et de l’image assez édulcorée de ces êtres aux oreilles pointues. Ce duo ne fait pas vraiment dans la dentelle : pour éradiquer la maladie qui terrasse une partie de l’humanité, les deux alliés détruisent littéralement toute source d’infection. Dès les premières pages, l’ambiance est donnée : “Drakengard” est un manga hyper violent où les deux pseudo héros massacrent les contaminés et tous les êtres vivants potentiellement contaminés, que ce soient des femmes ou des enfants. La rage meurtrière de One risque d’étonner de trop jeunes lecteurs qui se seraient faits un rien abuser par le titre ou encore une couverture ne laissant pas vraiment supposer que le contenu serait aussi sanglant. Pourtant les projections de sang en haut de couverture auraient dû semer le doute dans l’esprit des lecteurs. Mais l’ambiance est mis d’entrée avec une première scène qui cumulera un viol, un combat rapide et le meurtre de sang froid de la jeune violée. Et ce n’est en fait qu’un début car One tue tout et n’importe qui. Nous ne trouverons le véritable lien avec la saga vidéo-ludique qu’à la fin de ce premier tome avec l’arrivée de Caim, le héros du premier jeu. Mais le lecteur sent bien que le personnage principale demeure One.

La couverture montre également l’ambiguïté dans le dessin de Zet. Nous sommes à un croisement entre shonen et seinen, mais le contenu de ce tome va rapidement flirter avec la limiter du seinen. Les combats sont tous à la frontière du gore et la violence des attaques risque de choquer les trop jeunes lecteurs. De plus, Zet ne sous-entend rien, préférant l’explicite au suggéré. Quand One tue une femme ou un enfant, Zet ne joue pas sur des effets visuels, il montre son héros en action, massacrant à tour de bras sans avoir le moindre remord dans ses gestes. L’attitude de One sera surprenante mais ce scénario secoue dans le bon sens du terme les adaptations de jeux vidéos grand public. Oui, ce manga va à cent à l’heure et n’épargne rien ni personne et c’est bien cela qui en fait un ovni des plus intéressants. On ressent parfois la force d’un Berserk, certes sans le dessin exceptionnel de Kentaro Miura. Toutefois, Zet prouve au monde entier qu’il peut mettre en scène des combats d’une rare intensité, tout en les gardant très lisibles et même très détaillés. Les esquisses des personnages entre chaque chapitre sont alors un petit délice, un petit plus qui immerge encore plus le lecteur dans cet univers d’heroic fantasy.

Kurukawa sent parfaitement les bonnes adaptation de jeux vidéos et “Drakengard” en est une nouvelle fois la preuve.


Drakengard, destinées écarlates (T1)
- Scénario : Jun Eishima
- Dessin : Zet
- Supervision : Taro Yoko
- Traducteur  : Fabien Nabhan
- Éditeur français : Kurokawa
- Format : 128 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 192 pages
- Date de Parution  : 14 avril 2016
- Numérotation ISBN : 9782-368-52203-4
- Prix public : 7,65 €


© Edition Kurokawa - Tous droits réservés



Frédéric Leray
18 avril 2016




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