Si Ren hésite, l’arrivée de policiers le pousse à prendre la suite de l’inconnu. Comment est-il arrivé dans cet autre Shibuya ? Difficile de se rappeler le trajet exact qu’il a pu prendre, surtout qu’à peine arrivé dans ce monde étrange, peuplé d’hommes-animaux, le chemin qu’il vient d’emprunter disparaît. Seulement, étant le seul humain dans ce monde d’animaux, Ren ne passe pas inaperçu et surtout, il attire l’attention d’une bande de petites frappes locales. Ren aurait pu mal finir sans l’intervention d’un moine chauve-souris connaissant bien le mystérieux homme qui s’avère être lui aussi un homme-animal du nom de Kumatetsu. Ce dernier est en fait un des deux prétendants à la succession du grand maître de Jutengai, cette cité entièrement peuplée d’animaux. Seulement, une condition lui a été imposée : Kumatetsu doit prendre un disciple et lui enseigner son art. Et jusqu’à présent, personne n’a tenu très longtemps, alors ne trouvant pas de disciples dignes de ce nom dans le Jutengai, Kumatetsu a fini par choisir un petit d’homme, dans ce monde parallèle. Toutefois, Ren est loin d’avoir envie de devenir le disciple de ce gros ours mal-léché.

“Le Garçon et la Bête” est à l’origine un film d’animation de Mamoru Hosoda, connu pour son travail sur les films et la série télé “Dragon Ball Z” comme animateur et sur de nombreuses autres séries comme story-boardeur. Son adaptation en manga est confié à Renji Asai, dont la série “Sentō Jōsai Masurawo” n’est pas parue en France. Renji Asai a travaillé exclusivement à partir du story-board de l’animé et les documents de recherches qui lui furent fournis. Le graphisme des personnages et des décors n’est donc pas exactement celui de l’animé, le résultat final n’étant alors pas connu du mangaka. Sa base de travail étant le script officiel, le manga suit donc l’histoire du film et ne devrait pas dépayser les lecteurs ayant déjà vu l’animé. Bon, j’avoue que je ne pourrai pousser plus la comparaison n’ayant pas vu “Le Garçon et la Bête”, découvrant l’histoire par le manga.
Nous suivons donc le jeune Ren, un garçon qui souffre d’un double abandon : celui de son père suite au divorce de ses parents et la mort de sa mère. Ren va s’isoler du monde, refusant de vivre avec des membres d’une famille qu’il ne connait pas, d’ailleurs nous ne verrons pas leurs visages, choix graphique les rendant impersonnels même pour le lecteur. Devenu un vagabond, Ren va suivre un parfait inconnu qui l’entraîne dans un autre monde, parallèle à celui des humains. Ren devient alors le seul homme dans un univers peuplé de bête. Il va alors subir le regard parfois inquiet, parfois méprisant venant de ces étranges créatures. La manga devient alors une ode à la tolérance. Evidemment, Ren va d’abord subir une forme de racisme, considéré comme une bête curieuse. Cette inversion des rôles entre animal et humain est accentuée par une étrange croyance racontant que les hommes peuvent devenir des créatures monstrueuses, de véritables croque-mitaines pour petits animaux. Toutefois, le plus bourru de tous sera en fait celui qui sera le plus tolérant. Kumatetsu a tout de l’ours grognon, qui cherche plus à battre son adversaire pour le rang de grand maître par plaisir de la victoire que pour véritablement régner sur le monde des bêtes. Kumatetsu est le héros qui cache sous une forme de mauvais humeur un cœur énorme qu’il va devoir ouvrir à ce petit d’homme. Kumatetsu va devenir l’image du père pour un Ren qui ne cherchait en fait que l’amour d’un père. Ce manga va peu à peu nous raconter la naissance de cette amitié entre la bête et le garçon.
Le dessin de Renji Asai est tout en douceur mais surtout très riche en détails. Les planches du mangaka semblent simplement attendre leur colorisation avant d’être mis en mouvement. Le rythme est soutenu malgré de grandes cases et des pleines pages. Le mangaka met l’accent sur les expressions de ses personnages qui prennent réellement vie sous ses crayons. Sachant que sa version animée est sortie en même temps que le manga, la lecture du “Garçon et la Bête” donne une folle envie de pousser plus loin la découverte de cet univers à travers l’animé. Pour ceux qui ont déjà vu le film, le manga leur permet de prolonger l’aventure sous un autre format mais avec toujours le même plaisir. Certes, ce monde est assez bon-enfant mais il faut de temps en temps décompresser et savourer une histoire, oui, pleine de bon sentiment, mais qui montre que l’humanisme et la haine ne sont pas des monopoles des hommes et que la crainte de l’autres existe dans toutes les sociétés et qu’il faut savoir passer outre.
“Le Garçon et la Bête” est une belle histoire dont l’adaptation en manga est particulièrement réussie.
Le Garçon et la Bête (T1)
Auteur : Renji Asai
D’après l’oeuvre originale de :Mamoru Hosoda
Traducteur :
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 13 janvier 2016
Numéro ISBN : 9782820322920
Prix : 8,29€
©Renji ASAI 2015 ©2015 THE BOY AND THE BEAST FILM PARTNERS
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