En attendant le retour de Serizawa, Nagumo reste dans la cabane au bord de la plage, avec la petite Mitsu. La disparition de Imamura l’a rendu très prudent, ne faisant confiance en personne. Alors quand un villageois tente d’entrer de force dans la cabane, il est pris de panique et se cache avec la fillette. Mais son agresseur ne met pas longtemps à les retrouver et tente de les sortir de force. Pourtant, quand il le menace avec un vulgaire balai, l’homme reste stoïque et ne fait que lui donner un dernier avertissement, pour le convaincre de partir. Seulement, Nagumo préfère suivre les ordres de Serizawa et rester dans ce qu’il pense être un lieu sûr. Ce qui sera une monumentale erreur. Nagumo a oublié que les plus grands dangers viennent souvent de Mère Nature et celle-ci va se rappeler méchamment à son bon souvenir. Une tempête s’est levée sur l’île et poussée par de violents vents, la marée commence à entrer dans la cabane et submerge rapidement tout ce qu’elle contient. Pendant ce temps, Serizawa se retrouve face au prêtre de l’île. Difficile de donner un age à ce vieil homme et pourtant, ce dernier est là depuis bien trop longtemps...

Comme le laissait penser la fin du premier tome, “Les Oubliés” tourne à l’enquête policière pour comprendre qui a tué Imamura et la jeune femme, mais surtout pourquoi. Très vite, la problématique tourne autour de la mort et de la vénération du corps du défunt. Les cadavres momifiés dans la maison de la famille de Mitsu avaient bien éclairé le lecteur sur le rapport que les villageois ont avec la mort. Mais pourquoi ne pas enterrer leur mort et surtout réagir aussi violemment dès qu’il est question d’enterrer ou pire, de brûler les corps des défunts ? En fait, nous n’en saurons guère plus sur cette coutume étrange, figée dans le temps, qui semble vouloir ignorer la mort, comme si de cette façon, ils repoussaient leur propre mort. La recherche de Imamura nous entraîne en haut de la montagne surplombant l’île pour faire la rencontre d’un étrange religieux. La discussion avec ce dernier n’apporte pas vraiment d’éléments nouveaux, mais confirme plutôt les impressions que le lecteur avait sur le comportement des habitants. Le lecteur tourne un peu en rond avec cette théorie développée par Nokuto Koike, n’ayant pas l’impression de progresser. Serizawa va montrer un impressionnant sang froid devant les événements, en particularité pour contrôler la violence de ces habitants ayant une vision très passéiste.
Nagumo va, quant à lui, devoir d’abord affronter Mère Nature avant de passer entre les mains du passeur, cet homme qui les emmena du cargo sur l’île. Tout est fait pour créer une véritable paranoïa chez le personnage de Nagumo, le lecteur se méfiant de tout comme ce dernier. Et ce sera la nature qui sera à deux doigts d’envoyer le jeune homme ad patres. La petite Mitsu devient ici un personnage très secondaire, n’apportant même aucun élément pour le bon déroulement de l’histoire alors que Nagumo va devoir tester le sens très particulier de l’hospitalité des habitants de l’île. Le lecteur se demande même si Nokuto Koike n’était pas en train de nous préparer une version passée de “Hostel”. Heureusement, le comportement du passeur sera bien plus complexe que celui d’un psychopathe de base. Si Nagumo et Serizawa se retrouvent tous les deux en dangereuse posture face aux villageois, les conclusions seront très différentes pour les deux Japonais continentaux.
La conclusion de ce deuxième tome laisse le lecteur un rien pantois, mettant soudain Nagumo dans une situation délicate, alors que celle de Serizawa se complique fortement. Mais surtout Nokuto Koike pourra-t-il tenir l’intérêt de son lecteur aussi facilement dans les deux tomes restants ?
Les Oubliés (T2)
Auteur : Nokuto Koike
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Komikku éditions
Format : 13 x 18 cm
Pagination : 224 pages
Date de parution : 21 janvier 2016
Numéro IBSN : 978-2372870726
Prix : 7,90 €
A lire sur la Yozone :
Les Oubliés (T1)
MITSU NO SHIMA © Nokuto Koike / Kodansha Ltd.
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