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Légion : A Fleur de Peau
Brandon Sanderson
Le Livre de Poche / Orbit, roman traduit de l’anglais (USA), enquête fantastique, 221 pages, janvier 2016, 6,10€

Stephen Leeds, dit Légion, a une capacité qui le rend un peu particulier : il est capable de fractionner son esprit et de générer des « aspects », des personnalités incarnées autour de compétences qu’il a acquises. Ainsi, Ivy, sous les traits d’une quinqua un peu sèche, lui dispense des conseils de psychologie. Le bouillant JC, ancien Navy Seal, concentre ses capacités de surveillance et de combat. Et ainsi de suite... Chacune de ses hallucinations semble presque autonome pour peu qu’il oublie qu’elle n’est que le reflet d’une part de son cerveau.
Bref, Légion est rarement tout seul, et fréquemment bardé de ses conseillers. Y compris pour un rendez-vous arrangé.
Mais voilà, parler à des gens qui ne sont pas là plutôt qu’à ceux qui sont en face de vous... ou parler à cette personne réelle en gardant à l’esprit qu’elle ne voit pas les autres...
Bref, Légion est une sorte de génie, et cela lui vaut fortune, intérêt, et beaucoup d’ennuis.
Contacté par Yol, un magnat excentrique, il doit enquêter sur la disparition d’un cadavre. Celui d’un chercheur capable de stocker des informations dans les cellules vivantes. Yol craint qu’il se soit injecté tous ces travaux et que la concurrence n’ait escamoté le corps pour faire main basse dessus.



Voilà, en gros, de quoi se mettre dans le bain de ce petit bouquin de Brandon Sanderson, étoile montante (déjà bien haute) et touche-à-tout de génie. Nul besoin d’avoir lu le premier volume de « Légion » (quoique, ce serait mal de s’en priver) pour apprécier « A Fleur de Peau ».
Stephen et ses amis imaginaires sont très attachants, et après une introduction où l’auteur joue bien évidemment sur qui les voit et qui ne les voit pas, ou qui est réel et qui ne l’est pas (Wilson est réel. C’est le majordome !), on a vite saisi le principe. Stephen ne maîtrise pas totalement son pouvoir, qui lui semble-t-il ne cesse d’évoluer, et celui-ci a beaucoup plus de contraintes qu’il n’y paraît (comme de transporter « physiquement » ses aspects avec lui, de leur garder une place en voiture, une place à table...) pour lui assurer un certain « équilibre » mental.

Brandon Sanderson prend visiblement plaisir à torturer son héros et à jouer sur les thèmes de la folie. L’extravagance de Yol, la vacuité de l’existence de Liza, la perfection de Wilson (un vrai majordome) poussent à s’interroger sur les normes sociales et mentales : finalement, Stephen est peut-être schizophrène, voire pire, mais il n’est pas le plus fou de tous. Sa vie est en tout cas bien plus exaltante. Bon, risquée, aussi.

L’enquête d’« A Fleur de Peau » tourne autour des nanotechnologies, mais plus largement sur les notions du Libre et des Communs, la victime en étant un ardent défenseur. Les références à ces nouvelles pratiques et façons de penser de notre société truffent donc l’affaire, de manière très accessible au néophyte (l’initié pourra trouver cela un peu rapide et réducteur, mais bon). Et en bon auteur, Sanderson noie habilement le poisson entre les différentes strates de pouvoirs et d’intérêts : son héros navigue à vue, malgré ses capacités d’analyse décuplées par ses aspects. Une façon également de rappeler l’immuabilité de certaines choses, comme la nature humaine, dans notre monde ultra-technologique.

C’est à la fois riche et léger, trépidant et profond. Un techno-thriller intelligent au héros complètement inattendu. Cela ferait un excellent film ! En attendant, on dévorera ces 200 et quelques pages avec délectation.


Titre : Légion : à fleur de peau (Legion : deep skin, 2014)
Série : Légion, tome 2
Auteur : Brandon Sanderson
Traduction de l’anglais (USA) : Mélanie Fazi
Couverture : Jon Foster
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Orbit
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 33999
Pages : 221
Format (en cm) : 18 x 11 x 1,2
Dépôt légal : janvier 2016
ISBN : 9782253183907
Prix : 6,10 €



Nicolas Soffray
5 avril 2016


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