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Killer Instinct (T1)
Michio Yazu et Keito Aida
Tonkam

Comment s’est-il retrouvé enfermé avec ce groupe d’inconnus ? Reiji ne se souvient de rien. Il était chez lui, un peu inquiet de n’avoir pas de nouvelles de Mari, alors quand quelqu’un sonna à la porte d’entrée, il crut que la jeune fille était de retour. Qui était derrière la porte ? Il ne s’en rappelle plus. Et maintenant il se retrouve en compagnie de six inconnus, dans une école désaffectée, dont les fenêtres sont fermées par des plaques de métal, les vitres retirées et les portes verrouillées. Leur kidnappeur n’a pas fait les choses à moitié et, comme pour des prisonniers, ils sont sans chaussures, sans ceintures. Dans la salle où ils se sont tous réveillés, en plus de caméras, un écran géant égraine les secondes. Sept jours ! Tel est le temps qui leur est laissé mais pour faire quoi ? Rapidement le groupe élimine la possibilité d’un jeu télévisé car les organisateurs ne leur ont laissé aucune nourriture.



Une visite rapide des lieux ne fait que confirmer leurs craintes. S’ils ont de l’eau à volonté et même des wc dernier cri, aucun papier toilette ou serviette à disposition. Mais plus inquiétant, une des salles dans les étages comprend un hachoir retenu pas une chaîne et de quoi réchauffer un plat, le tout sur un revêtement en plastique. Pour Yukitoshi, il ne fait aucun doute que leur kidnappeur s’attend à les voir se dévorer les uns les autres. Pourquoi une telle idée ? Et comment ce dernier peut-il rester si calme en ayant de telles pensées ? Le doute et la méfiance s’installent parmi les autres membres du groupe, surtout Toshio qui ne paraît pas comme étant capable de beaucoup de calme et s’avère très prompt à utiliser ses muscles. Mais Yukitoshi a une explication très simple : grand amateur d’occultisme, le scénario qui leur est proposé ressemble beaucoup à un kodoku, une cérémonie où des insectes dangereux étaient mis dans une jarre pour déterminer lequel était le plus dangereux.

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Et si on faisait dans l’original ? Un manga disons façon Saw, avec un groupe mélangeant hommes, femmes, adultes, enfants, qui ont tous un secret et qui se retrouvent enfermés dans un lieu clos pendant sept jours. Original n’est-ce pas ? Cela ne fera que le quatrième en deux-trois mois. Quoi ? Je donne l’impression d’être un rien blasé ? Peut-être un peu. Bon, disons que “Killer Instinct” a au moins le mérite de mettre de côté le politiquement correct et aller rapidement dans le glauque, avec en particulier le viol d’une des protagonistes, ce qui va accélérer le scénario et accentuer l’horreur de la situation qui aurait pu tourner en rond rapidement. Oui, pour une fois, le premier crime ne sera pas un meurtre. Michio Yazu, en partant d’un sujet un peu trop à la mode, parvient à tirer son épingle du jeu en visant le sordide sous sa forme la plus abrupte, la plus abjecte.

Revenons sur les membres présents. Celui qui apparaît comme le héros, Reiji, est ambigu dès les premières pages, attendant une amie, mais faisant également douter le lecteur sur le fait que la jeune fille soit toujours en vie, ou même qu’elle existe réellement. Et chaque personnage aura son secret inavouable, sa perversion, comme le pédophile. Certains vont préserver leur secret pour ne pas tout nous raconter dès le premier tome comme Akane, la bimbo machiavélique. En fait, ce premier tome sera centré sur Toshio, la brute épaisse de la série, son histoire et son secret nous seront révélés à la moitié du tome et ce dernier sera bien évidemment mis à l’écart du groupe, le faisant sombrer peu à peu dans la folie. Michio Yazu base son scénario sur le Kodoku,un étrange rituel où des insectes venimeux sont enfermés dans une jarre afin de déterminer le plus dangereux du lot, qui sera le seul survivant. Kodoku signifie également isolement. Les sept protagonistes sont donc tous considérés comme virtuellement dangereux, et il ne faudra pas longtemps pour que le lecteur se fasse une idée de la dangerosité de chacun.

“Killer Instinct” est la première série du duo Michio Yazu et Keito Aida. Si la base du scénario est devenue un lieu commun, Michio Yazu joue aussi bien sur le lieu que sur les personnages. L’action se déroule dans une école, site qui devrait être sûr par définition, mais qui est devenu dans les mangas également le lieu de maltraitance physique et psychologique par excellence. L’école a perdu son symbolisme et devient ici une usine à torture. Keito Aida va énormément jouer sur les expressions des personnages pour mettre le lecteur mal à l’aise : Yukitoshi, l’occulte s’amusant de ce jeu malsain, Taichi le pédophile aux allures de porc, ou encore Michika, la petite fille faisant peu à peu plus peur que les adultes. Le dessinateur ne veut surtout pas que le lecteur s’attache trop à un des personnages car qui sait si le kidnappeur n’est pas un de ces pseudo prisonniers, ce qui ne serait pas vraiment original d’ailleurs. Avec un site désinfecté, le mangaka n’a pas trop à s’attarder sur les décors qui sont par nature très épuré. Il peut donc très logiquement se focaliser sur ses personnages et leurs réactions face à leur emprisonnement.

Qui est le plus dangereux des sept ? Qui a le “Killer Instinct” le plus développé ? A suivre dans le prochain tome.


Killer Instinct (T1)
- Scénario : Michio Yazu
- Dessins : Keito Aida
- Traducteur  : FabienNabhan
- Éditeur français : Tonkam
- Collection : Young Manga
- Format : 127 x 182 mm, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 192 pages
- Date de parution : 3 février 2016
- Numéro ISBN  : 978-2-7560-7665-2
- Prix : 7,99 €


© Keito Aida / Michio Yazu FUTABASHA PUBLISHERS LTD.
© Edition Tonkam - Tous droits réservés



Frédéric Leray
7 mars 2016




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