Je n’avais pas beaucoup de souvenirs de la pièce “Richard III” de Shakespeare, dont est inspiré le présent récit, quelques vagues lignes de dialogues, « Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! », et de sombres intrigues politiques et fratricides. Quand j’ai reçu les quatre premiers tomes du “Requiem du roi des roses”, je n’ai pas jugé nécessaire de lire la pièce avant, ce fut ma première erreur.
Le doute quant à la fidélité à l’oeuvre originale a commencé à m’assaillir lors des premières pages, quand Richard est présenté comme un hermaphrodite en lieu et place d’un bossu, mais soit. Pourquoi pas ? Après tout, cela pourrait très bien servir la trame narrative et présenter un obstacle à son ascension au trône à une époque où seuls les hommes pouvaient y prétendre. Ce que je ne soupçonnait pas, c’est que cette spécificité serait surtout prétexte à tout un tas de sous intrigues Yaoi. Car oui, j’ai oublié de le mentionner mais s’il est publié en France comme un seinen, un manga pour jeune homme, au Japon c’est un shōjo, un manga pour jeune fille. Deuxième erreur.
Mais la plus grosse de mes erreurs fut probablement d’attendre une adaptation manga de la pièce de Shakespeare, en effet je me demande dans qu’elle mesure cette histoire avec “Richard III” n’est pas uniquement un argument marketing car, si le manga met en scène les personnages de la pièce, toutes les intrigues secondaires sont fictives. À moins qu’il n’y ait effectivement eu une relation homosexuelle entre Henry VI et Richard d’York dont les livres d’Histoire auraient oublié de faire mention, auquel cas je m’en excuse d’avance.
Pourtant, au fil des tomes et malgré ma répulsion habituelle pour les intrigues amoureuses des shōjo, j’ai fini par m’attacher aux personnages et à ne plus m’étonner de voir notre histoire européenne malmenée sous la plume de la mangaka. Après tout, c’est assez amusant de voir Richard tourmenté par l’esprit évanescent de la sorcière Jeanne d’Arc. On sourit en imaginant Henry VI, roi d’Angleterre, follement attiré par un jeune Richard qu’on espère majeur - pour info c’est lui, attaché dans une pose lascive, sur la couverture du tome 4. Et puis au final si “Games of Thrones” a bien prouvé quelque chose, c’est qu’on pouvait mêler intrigues politique, combat à l’épée et histoires de fesses et très bien s’en sortir. Par contre, si les dragons débarquent, moi, j’arrête !
Au final je ne saurai conseiller ou déconseiller “Le requiem du roi des roses”. Tout dépend de ce que vous en attendez. Si vous cherchez une adaptation de Shakespeare en manga, passez votre chemin. Si vous cherchez un seinen, passez votre chemin. Mais si vous êtes prêts à vous laisser surprendre par un récit, un peu étrange, aux frontières de différents genres, alors foncez. Moi en tout cas, j’attend le tome 5.
Requiem du roi des roses (Le) (T1 à 4)
Auteur : Aya Konno
Traduction : Jean-Benoît Sylvestre
Editeur : Ki-oon
Format : 132 x 180 mm
Pagination : 192 pages noir et blanc
ISBN : 978-2355928116 (T1), 978-2355928277(T2), 978-2355928802 (T3), 978-2355929120 (T4)
Parution : 26 mars 2015 (T1), 11 juin 2015 (T2), 21 octobre 2015 (T3), 28 janvier 2016 (T4)
Prix : 7,65 €
© 2014 AYA KANNO (AKITASHOTEN)
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