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Equinoxes (Les)
Cyril Pedrosa
Dupuis

Une jeune fille passionnée de photographie se promène dans un musée d’art et semble chercher autre chose qu’une toile ou une sculpture. Soudain, elle s’arrête en voyant une jeune femme et sort son vieil appareil pour immortaliser la scène. Au même moment, Antoine va chez son ami Louis pour le dépanner sur internet. Une fois le problème réglé, les deux hommes discutent d’une amie commune qui va être nommée secrétaire d’état. Puis, Louis se rend au cimetière pour fleurir la tombe de son fils mort à l’âge de 11 ans. Son ex-femme a également fleuri la tombe. De son côté, Vincent, orthodontiste, reçoit la visite de son ancienne épouse qui vient chercher leur fille Pauline. Avant qu’elle ne parte, Vincent se fâche avec elle, à propos de son chat qui pisse toujours dans l’escalier. Ne voulant pas nettoyer, elle part en claquant la porte. Seul dans sa grande maison, Vincent a une grande baisse de moral.



Quatre ans après “Portugal”, Cyril Pedrosa nous propose un nouveau récit de 330 pages, découpé en quatre saisons. Nous sommes spectateurs de la vie de personnages tous différents mais chacun étant à la recherche d’un sens à donner à sa vie. “Les Equinoxes” est né avec l’écriture de monologues dans des petits carnets. Ils avaient tous un point commun : l’évocation de moments de désarroi intérieur.

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Passant adroitement d’une ambiance à l’autre pour chaque saison, Pedrosa livre petit à petit la vie de chaque personnage, en parfaite alternance. Au fil de la lecture, on se rend compte que tous sont liés par quelque chose, sans le savoir.

On voit les personnages évoluer au cours des quatre saisons. Chacun est dans sa propre solitude avec la peur de l’avenir et puis ... il y a la rencontre imprévue qui va modifier le cours du temps.

Dans cet album, il n’y a pas que du dessin, il y a aussi des pages d’écriture pure, le dessin ne permettant pas à Cyril Pedrosa de dire avec précision ce qu’il voulait aborder. Pour articuler le passage de l’image au texte, il a habilement créé une photographe qui déambule. Elle est mobile, s’intéresse aux gens sans avoir d’autre raison que son instinct ou sa sensibilité.

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On ne voit jamais son visage mais on pénètre dans ses pensées, elle cherche un équilibre. Vivian Maier, grande photographe de rue méconnue jusqu’à mort en 2009, a fortement inspiré Cyril Pedrosa au travers de la spontanéité de ses clichés.

Tous ces personnages ont leur vie faites de doutes, de peines ... en résumé, ils vivent !

Pour introduire chaque saison, Pedrosa a dessiné un enfant préhistorique seul, il n’y a aucun texte, il tente juste de survivre au milieu de la jungle de la vie.

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Ces tranches de vie peuvent s’apprécier aussi bien d’une seule traite, que morcelées saison par saison, sans perdre de leur efficacité.
Ce nouvel album est passionnant et l’ambiance y est pour beaucoup. Chaque saison a ses couleurs. En effet, on commence avec des graphismes aux teintes foncées et froides, liées à l’époque hivernale, avant de s’avancer vers des ambiances plus lumineuses et claires. Les couleurs pastel arrivent au printemps quand tout revit, à un moment de bascule dans le récit pour beaucoup de personnages. Ces couleurs amènent plus de vitalité et d’intensité. Le dessin de Cyril Pedrosa est rempli de sensibilité à l’instar de ce vieux couple qui, image après image, s’estompe dans un flou artistique symbolisant leur mort prochaine. Ou cette couverture superbe montrant une foule solitaire aux corps transparents.

Cet ouvrage à la fois simple et complexe, traite de la vie en n’omettant pas les difficultés quotidiennes telles que la solitude, la dépression. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle avec “Les Fleurs du Mal ” de Charles Baudelaire, avec “Spleen et Idéal”. Chacun des quatre poèmes du « Spleen » (poèmes 59 à 62) évoquent les principaux thèmes abordés dans cet album : le temps, les saisons, l’accablement du souvenir, l’ennui, la dépression, pour finir avec l’explosion brusque de la dépression.

La lecture de cet album m’a épuisé intérieurement, tellement l’histoire est puissante de réalité. Chacun de nous se retrouve forcément dans un des personnages et pourrait bien se rappeler des souvenirs enfouis.

Les Equinoxes” est un voyage dans le temps, une histoire hors norme qui brille par son originalité et, malgré l’épaisseur intimidante du volume, je dis bravo Monsieur Pedrosa !


Les Equinoxes
- Scénario : Cyril Pedrosa
- Dessins : Cyril Pedrosa
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Aire Libre
- Format : 23 x 30,2 cm
- Pagination : 336 pages couleur
- Dépôt légal : 25 septembre 2015
- Numéro ISBN : 9782800163628
- Prix public : 35 €


A lire sur la Yozone :
Les équinoxes - le nouveau Pedrosa
Trois Ombres


Illustrations © Cyril Pedrosa & Dupuis (2015)



Anne Schnebelen
12 avril 2016




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