Kenichi Kiriki n’est certes pas le plus connu des mangakas, et c’est sans le moindre élément d’information - non pas que je n’en avais pas à ma disposition mais j’aime être surpris par mes lectures - que je commençais cette lecture. Il ne faut pas longtemps pour comprendre que ce n’est pas une série à proprement dit que je tenais, mais plutôt un guide du routard totalement original, sortant par sa nature même de l’ordinaire. Car oui, Kenichi Kiriki, avant tout, nous fait découvrir sa ville de Tokyo et ses environs. D’ailleurs, la première image qui nous est offerte avec le sommaire est tout simplement une carte des arrondissements de Tokyo. Le sommaire lui même ressemble plus à un itinéraire pour touriste averti qu’aux chapitres d’un manga classique.
Notre guide sera la jeune Ayumi... Un guide très vite interrompu par l’auteur. En fait, chaque chapitre tient en quelques pages et le lecteur y découvre un quartier, un coin de Tokyo avec Ayumi puis Kenichi Kiriki reprend la main pour nous donner sa propre expérience de photographe sur ce lieu, justifiant ce choix souvent issu du hasard d’une visite, d’un trajet. Et comme pour nous laisser un vrai guide touriste, il résume sur une double page les lieux incontournables visités par son héroine. L’avantage d’une série comme “La Photographe” par rapport à un simple guide tourtistique est de faire vivre les commentaires décrivant les sites et leur histoire. Le dessin hyperréaliste de Kenichi Kiriki nous entraîne quelques instants dans ces lieux en nous ramenant dans leur passé tout en nous faisant vivre leur présent. Les amateurs avisés de culture nippone seront aux anges car les références littéraires pullulent. Il faut avouer que Kenichi Kiriki est un amoureux de ces lieux où vécurent ces grands artistes nippons, certainement totalement inconnus du grand public. Le mangaka a l’intelligence de nous donner également quelques titres phares de ces auteurs, de quoi attirer l’attention du lecteur et qui sait, trouver l’édition français de ces œuvres, si par chance elles sont éditées.
Et l’histoire de ce manga me diriez-vous ? En fait, on ne peut pas dire qu’Ayumi dégage un charisme phénoménal. En fait, elle est même assez fade. D’ailleurs on ne sait pas grand chose d’elle, nous découvrirons au détour d’un chapitre son frère artiste mais guère plus. Son amourette avec son camarade de classe n’a que peu d’intérêt, la jeune fille n’en trouvant guère elle-même. Par contre, elle nous apprend quelques techniques de photos et de développement de pellicule. A l’heure du tout numérique, cela peut paraître désuet mais primordiale pour les vrais amateurs de photo. Au final, mieux vaut prendre cette série comme un guide de Tokyo de haute volée plus que comme un manga classique. D’ailleurs, “La Photographe” est édité dans la nouvelle collection grand format des éditions Komikku, Horizon, un style rappelant inévitablement la collection Latitudes des éditions Ki-oon. On sent bien que Horizon comprendra surtout des titres atypiques, demandant une taille hors du commun pour vraiment mettre en valeur les dessins et ici les indications de l’auteur.
Très beau, très riche en informations, avec des dessins de qualité parfois photo d’ailleurs, “La Photographe” est un titre hors norme, pour ceux qui veulent découvrir un Tokyo atypique.
La Photographe (T1)
Auteur : Kenichi Kiriki
Traducteur : Patrick Honnoré et Yukari Maeda
Éditeur français : Komikku éditions
Collection : Horizon
Format : 17 x 24 cm
Pagination : 176 pages
Date de parution : 19 novembre 2015
Numéro IBSN : 979-1091610759
Prix : 16 €
© Kenichi Kiriki 2012
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