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Mémoris
Élodie Tirel
Éditions Michel Quintin, Hors série, roman (2013), thriller/science-fiction, 496 pages, septembre 2015, 29,95 $ CAD

2113, une jeune femme fuit. Elle ignore pourquoi, elle a oublié qui elle est, tout ce qui a précédé, mais sait que son seul espoir réside dans la fuite. Désespérée, elle se réfugie dans une cabine dont la porte se refermait juste lors de son passage et de son arme menace l’homme qui y loge.
Éthan Wyatt essaie de la calmer et l’apaise par ses paroles. Il est visiblement sous le charme de cette belle blonde aussi dangereuse soit-elle et ne la livre pas aux autorités à sa recherche. Il lui propose même son aide pour fuir, alors qu’il découvre qu’elle est la femme d’un terroriste qui a entraîné dans sa mort de nombreux enfants.
Avec elle, il rejoint son appartement à Kotaris, une vaste cité aux gigantesques tours qui ne cessent de s’élever dans les airs. En compagnie d Éthan et de son IA qui semble avoir des humeurs, la fuyarde dorénavant prénommée Sam cherche à retracer son passé pour connaître son identité. Les indices la poussent à enquêter du côté de la société Mémoris aux recherches et méthodes controversées sur la mémoire.



Les éditions Michel Quintin sont localisées outre-Atlantique au Québec, mais l’auteure Élodie Tirel est Française. Elle a remporté le Prix Merlin en 2008 pour « Les Héritiers du Stiryx » ,son premier roman, et le Prix Pierre Bottero en 2015 avec « É-den », tous deux des ouvrages jeunesse.
Avec « Mémoris », elle s’adresse à un public adulte qu’elle plonge dans un thriller futuriste. En choisissant une héroïne amnésique, elle peut à loisir décrire le futur qu’elle a imaginé en 2113. Le procédé est efficace et elle peut s’étendre en long, en large et en travers sur les développements de la société en un siècle, sans que cela agace.
Quand on s’adresse à des lecteurs férus de science-fiction, il existe les mots valises, le fameux novum dans lequel chacun évolue en terrain connu et qui ne nécessite pas d’explications outre-mesure. Dans « Mémoris », Élodie Tirel élargit en quelque sorte son public en entrant dans les détails, en décrivant beaucoup pour familiariser tout un chacun à cet avenir. La ville de Kotaris rappelle par certains côtés « Les Monades urbaines » de Robert Silverberg. Chaque tour est une ville à part entière, avec tout ce qu’il faut sur place. Elles sont le reflet du statut de chaque habitant. Les plus aisés se situent au sommet, au plus proche de la lumière, alors que les défavorisés restent dans les bas étages, dans l’ombre des autres tours, rejetés...

Au début, l’auteure décrit une scène censée induire les lecteurs en erreur et les éloigner de la vérité. Quand le lien avec une des révélations finales est fait, elle apparaît totalement gratuite et improbable. De même, Élodie Tirel insiste beaucoup sur le QI de Sam qui atteindrait l’astronomique chiffre de 170 ! Cette indication n’est pas vraiment utile au déroulement, elle relève surtout de la surenchère et chacun haussera les sourcils quand il verra les œillères que Sam arbore. 170 semble plus mesurer sa bêtise, car la majorité des lecteurs auront percé les apparences depuis longtemps, alors qu’ils disposent des mêmes éléments qu’elle. Pour les besoins du récit, Élodie Tirel s’est ainsi autorisée quelques facilités, quelques fantaisies ne servant pas forcément l’histoire.

Pourtant, elle trompe son monde sur l’identité de Sam. Les lecteurs iront de surprise en surprise sur cette dernière. Au fur et à mesure, le passé nous est révélé et il apporte son lot de révélations, agissant à chaque fois sur Sam, lui donnant de faux espoirs. Jusqu’au bout, le suspense est entretenu. De même, pour les visées de la société Mémoris et de son directeur David. Ce pan de l’histoire est parfaitement maîtrisé, tout comme la plongée dans les bas-fonds de Kotaris, où la vie perdure contre vents et marées.
Si d’un côté, on peut s’agacer de l’attitude de Sam qui se jette dans les ennuis sans réfléchir, de l’autre, l’intrigue l’emporte et c’est avec plaisir que l’on suit Sam dans ses investigations où la morale de la recherche est plus d’une fois mise à mal.
Élodie Tirel illustre les dérives potentielles de la science. La fin justifie ici les moyens et l’humain se révèle bien peu de choses par rapport aux éventuels bénéfices. Le futur qu’elle nous décrit possède un côté inhumain inquiétant : réussir pour voir le soleil ou se traîner et finir en bas, loin de la lumière, donc de l’espoir d’une vie meilleure.

« Mémoris » nous plonge dans des lendemains dans la lignée de notre présent. Sam figure au centre d’un plan diabolique et n’est finalement qu’un jouet aux mains des puissants qui voient surtout en elle un outil à utiliser au lieu d’un être humain. Même si Élodie Tirel nous sert quelques incohérences, elle signe un roman passionnant à plus d’un titre : l’identité de Sam, les travaux de Mémoris... Le coup d’accélérateur de la dernière partie nous emporte dans la tourmente.
La couverture est accrocheuse et le contenu se révèle du même acabit.

Il est à noter qu’à l’occasion de cette sortie, les éditions Michel Quintin et la Yozone s’associent pour faire gagner un exemplaire de cet ouvrage. Vous avez à présent toutes les réponses aux trois questions du QCM, alors tentez votre chance.


Titre : Mémoris
Auteur : Élodie Tirel
Couverture : Marie-Ève Boisvert
Éditeur : éditions Michel Quintin
Collection : Hors série
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 496
Format (en cm) : 22,5 x 15,3
Dépôt légal : septembre 2015 pour la présente édition
ISBN : 978-2-89435-671-5
Prix : 29,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
26 octobre 2015


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