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Grande Evasion (La) (T8) La Ballade de Tilman Razine
Kris et Guillaume Martinez
Delcourt

Décembre 1942, aux portes de la ville de Leningrad. L’URSS subit de plein fouet l’assaut des troupes allemandes et finlandaises. Dans des baraques, ceux qui ont fini par achever la voie ferrée permettant le ravitaillement de la ville attendent de savoir quel sera leur sort. Mais ce ne sont que des ouvriers jetables, que le parti ne va pas tarder à oublier, bien plus préoccupé par l’avancée des troupes nazies. Mais au milieu des noms de ces forçats qui ont sué sang et eau pour la Mère Russie et gravé leur nom sur le mur de bois, un sort du lot : Tilman Razine. Le célèbre brigand qui défiait le tsar aurait lui aussi travaillé ici ? Pour en savoir plus, Vladimir décide de demander à l’ancien du camp s’il avait croisé le mythique Razine. Mais Eugène Denissovitch a une histoire encore plus incroyable à leur raconter. Pour cela, ils doivent s’imaginer 42 ans plus tôt, au bord du lac Baïkal. Eugène était déjà à construire une voie ferrée devant permettre de relier les deux rives du lac. Et comme en 1942, Eugène faisait partie des prisonniers, travailleurs volontaires n’ayant pas d’autre choix...



1900, Port Baïkal. Les forçats chargés de finir la voie ferrée de ce côté du lac ont fini leur ouvrage. Bientôt, le tsar en personne viendra inaugurer l’ouvrage en franchissant à bord de son train le fameux lac. Eugène Savitskaia est un de ces prisonniers ayant payé de leur sueur et certains de leur vie la fin de la voie ferrée. Acteur de théâtre, il a été incarcéré pour ses idées. Mais il ne compte pas rester longtemps dans ce camp, il espère bien s’évader à la première occasion. Bon, cela ne ferait que sa huitième tentative, ayant été systématiquement repris par la police. C’est dans ce camp qu’il rencontre un vieil homme qui, sous ses airs de gentil vieillard à la barbe blanche, cache un terroriste qui n’est pas par hasard dans ce camp. Il lui propose de l’aider dans son entreprise à condition qu’Eugène s’associe à ses alliés et lui, des alliés menés par le célèbre bandit de grand-chemin aussi considéré comme un terroriste par l’armée pour ses acte contre le tsar : le fameux Tilman Razine. Et ce serait Tilman lui-même qui mènerait la grande évasion des forçats de ce camp. Mais pour que mettre en route leur plan, il faut que le train du tsar soit arrivé à bon port.

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“La Ballade de Tilman Razine” vient clore la collection des Grandes Evasions. Et cette fois, cette histoire porte bien son nom puisque les références au film culte qui l’a inspiré seront nombreuses. Le fait qu’elle commence en pleine Seconde guerre mondiale n’est pas un hasard car cela permet de boucler la boucle avec l’aventure de Steve McQueen et ses acolytes dans le film de John Sturges. Mais la véritable action se déroulera en réalité aux premières heures du XXe siècle, au bord du lac Baïkal en Russie. L’histoire de Tilman Razine est une pure invention de Kris qui nous offre sa propre déclinaison de l’histoire originale : des prisonniers mettant en place un plan audacieux d’une évasion massive au sein de leur camp de réclusion. Ce quarantenaire s’est mis sur le tard à la bande dessinée, son premier titre en tant que scénariste, “Toussain 66”, sortant en 2002. Depuis, il enchaine sans le moindre temps mort des séries comme “Le Monde de Lucie” chez Futuropolis avec Guillaume Martinez au dessin, ou encore “Les Brigades du Temps” chez Dupuis avec Bruno Duhamel au dessin. “La Ballade de Tilman Razine” peut ressembler à un mélange de “La Grande Evasion” de Sturges et de la série “Mission Impossible”, car le plan qui sera élaboré par les protagonistes impliquera l’inévitable tunnel mais également des jeux d’acteurs, des maquillages... Kris prend sa source un peu partout et réussit à obtenir une bonne histoire avec du suspens, de l’action, un peu d’humour, tenant son lecteur en haleine car ne lui révélant qu’à la dernière planche qui est vraiment Tillman Razine.

Cet ultime épisode de “La Grande Evasion” est dessiné par Guillaume Martinez, qui retrouve donc son complice du “Monde de Lucie”. Il met alors en pause son travail sur la série “Motherfucker”, scénarisée par Sylvain Ricard, où il s’attaque au racisme. Ici, il garde son style réaliste, avec des personnages très expressifs et où les traits des visages sont dessinés avec soins même dans de petites cases. Associées aux couleurs de Delf, les planches de Guillaume Martinez permet au lecteur de s’immerger dans cette Sainte Russie, encore sous le pouvoir du tsar Nicolas II. Malgré le nombre de protagonistes et le zapping entre les différentes scènes à enjeux de l’histoire, la lecteur est fluide et le lecteur ne se perd jamais dans les méandres de cette évasion rondement menée. Comme pour le film de Sturges, le lecteur prend le train en marche (c’est l’occasion de le dire) et arrive alors que les plans d’Eugène et du groupe de Tilman Razine sont déjà bien ficelés. Nous sommes alors témoins de leur exécution, de leurs failles mais aussi de leurs réussites. Comme dans tout bon scénario d’aventure, il y aura de l’émotion, des sacrifices pour la cause, le tout à un rythme rondement mené comme le montre le nombre important de petites cases dans les planches. Mais les détails apportés par Guillaume Martinez compensent cela.

“La Ballade de Tilman Razine” finit d’une bien belle façon la collection “La Grande Evasion”, même si certains trouveront trop de ressemblances avec le film de John Sturges.


(T8) La Ballade de Tilman Razine
- Série : La Grande Évasion
- Scenario : Kris
- Dessin : Guillaume Martinez
- Couleur : Delf
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Conquistador
- Dépôt légal : 18 juin 2014
- Format : 230 x 320 mm
- Pagination : 64 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7560-3367-9
- Prix Public : 15,50 €


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Illustrations © Teague et Delcourt (2014)



Frédéric Leray
7 septembre 2015




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