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Pandemonium (T2)
Sho Shibamoto
Latitudes

Zipher est parvenu à sauver le petit Brow de la maison en feu, mais les dégâts qu’ont occasionnés les feux d’artifice sont bien plus importants qu’il n’y parait. Les villageois sont convaincus que le seul coupable est Zipher. Et leur haine des étrangers prend rapidement le dessus. Pour eux, Zipher a déjà fait trop dégâts, il n’est plus le bienvenu dans le village, si jamais il l’a été un seul jour. Pourtant, Zipher s’est rapproché de Domika et il a de plus en plus de peine à cacher ses sentiments pour la jeune difforme. Seulement, les mauvaises nouvelles vont s’enchaîner pour lui. En interrompant le conseil du village, il découvre toute la haine qu’éprouve une partie des difformes envers lui, mais aussi que son œil gauche n’a pu être sauvé malgré l’utilisation de l’eau médicinale du village. Toutefois, la mère de Brow refuse de voir Zipher supporter la faute de son enfant et décide d’assumer son erreur. Mais si cela apaise un peu les tensions, Zipher sait bien que ses jours au village sont comptés.



Domika décide de montrer à Zipher, avant son départ, le véritable secret du village. Bien évidemment, personne ne possède le moindre pouvoir magique, mais ceux qui envoient la foudre sur terre ont laissé des traces de leur passage, des artefacts que les villageois découvrent en creusant la terre. Souvent, ils n’ont aucune idée de l’utilisation de ces choses, pour d’autres comme les lumières sans feu, celle-ci apparaît au fil de temps. Mais le sol du village est par la même devenu fragile et chacun sait que leur monde pourrait s’écrouler à la moindre secousse. Pendant ce temps, le chef du village craignant bien pire que quelques feu d’artifice, Kayoh part en reconnaissant dans les terres dévastées et malheureusement, les craintes de Ainu étaient bien fondées. Des hommes armés et masqués s’approchent dangereusement du village sans bonnes attentions apparentes. Ne pouvant les laisser avancer plus loin, Kayoh décide de se sacrifier et s’attaque à la troupe, sans la moindre chance de victoire. Le vent tourne et les esprits s’échauffent comme celui de Molte, convaincue que Zipher veut lui voler Domika.

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Quelle étrange expérience que celle apportée par la lecture de “Pandemonium” ! Réaliser un diptyque se tenant réellement est loin d’être évident et souvent, le lecteur est déçu par une fin arrivant trop vite, avec des raccourcis parfois un peu grossiers pour tenir dans le nombre de pages souhaité. Ici, c’est tout le contraire. Sho Shibamoto nous démontre qu’un message simple peut se transmettre facilement, sans besoin d’artifice. Pourtant les feux du même nom sont la cause du chaos qui va envahir et détruire le village des difformes. Et Sho Shibamoto nous montre que le rejet de l’étranger, de l’autre qui apparaît si différent de nous, n’est pas l’apanage d’un camp. Les difformes vont se montrer tout aussi intolérants et racistes ou xénophobes, ce qui n’est pas très différent après tout. Cette fois, Zipher est la cible de cette haine qui est prête à exploser en prenant n’importe quelle excuse pour exclure l’étranger. La fable de La Fontaine, “Les animaux malades de la peste”, trouve dans “Pandemonium” une forme de traduction moderne. Mais le mal est partout et son pouvoir destructeur terrifiant. Alors que Zipher remontait dans l’estime du lecteur, la vérité sur sa présence dans le village va semer un certain froid.

La seconde partie de ce tome est dédiée à l’invasion du village par les gens dit normaux. Leur meneur peut être vu comme le côté obscur de Zipher. Leur ressemblance est frappante et très certainement voulue même si leur lien n’est jamais vraiment clairement explicité. Crain est lui aussi aveuglé, mais par une croyance, la même qui mena Zipher jusqu’au village : celle que ses habitants sont non seulement des guerriers mais aussi la cause des massacres dus à la foudre tombant du ciel. Mais au final, Crain se montrera plus lâche que Zipher car il ne peut admettre s’être trompé sur les habitants du village, quitte à devoir les tuer un par un, il prouvera qu’il a raison. En fait, il est dans le déni total et trouve toujours une explication justifiant sa bonne foi et surtout qu’il est le seul dépositaire du vrai savoir... Une belle définition de l’extrémisme quelle qu’en soit l’origine. La fable de Sho Shibamoto peut se transposer à bien des sujets et prend ainsi une forme d’intemporalité. Je crains que la lecture de ce manga dans une dizaine d’années prouvera qu’il est encore d’actualité.

Malgré une ambiance lourde et sombre, Sho Shibamoto finira sur une pointe d’optimiste, l’espoir est bien le plus grand don que puisse posséder l’humanité.


Pandemonium (T2)
- Auteur : Sho Shibamoto
- Traducteur  : Sébatien Ludmann
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 170 x 240, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination : 240 pages
- Date de parution : 26 mars 2015
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-798-0
- Prix : 15 €


A lire sur la Yozone :
Pandemonium (T1)


PANDEMONIUM -MAJUTSUSHI NO MURA- © 2014 Sho SHIBAMOTO / SHOGAKUKAN
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
9 juillet 2015




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