Les détails troublant d’un livre décrivant parfaitement le sous-sol de l’horloge mènent Taichi et Tetsuo sur la piste de son auteur à Tokyo. Mais la police est aussi sur la même piste, sous les ordres du procureur Marube. Ce dernier connait en réalité personnellement le fameux Fuhenboku Sakai et s’il a obligé Satoko à l’accompagner à ce rendez-vous professionnel, ce n’est pas un simple hasard mais bien une nouvelle preuve de sa perversion. Car Sakai est non seulement une femme mais également la mère biologique de Satoko. Leurs retrouvailles ne sont pas sous les meilleures augures : Satoko découvre que Marube n’est peut-être pas son père et que Urako Sakai a dû abandonner sa fille à cause de son passé de communiste et des risques que cela occasionnerait pour son enfant. Mais aujourd’hui, elle compte bien ramener sa fille chez elle afin qu’elles apprennent à se connaitre. Satoko, qui ne veut plus vivre avec ce pervers de Marube, découvre un univers de pauvreté et de clandestinité, mais aussi de méfiance et de violence. Une violence qui prendra une forme bien connue car Urako possède un objet vital pour prendre possession du trésor de l’horloge et le tueur compte bien s’en emparer...
Le tome 4 de “La Tour Fantôme” marque une pause dans l’histoire du tueur puisque que l’aventure se focalise sur le couple atypique Taichi-Tetsuo. Taro Nogizaka va pousser l’ambiguïté de leur relation et leur rapport en échangeant totalement les sexes des deux personnages. Tetsuo continue donc d’être une femme ne s’acceptant qu’en homme et Taichi se retrouve alors forcé de se déguiser en femme pour pouvoir passer inaperçu. Le jeune homme va aussi découvrir le statut de femme dans ce Japon de l’après-guerre. Taro Nogizaka entraîne nos deux héros dans un village perdu, isolé du monde, dont les habitants considèrent ce couple comme la chance de voir de nouveau des enfants naître dans leur village. Le mangaka réinvente à sa sauce les villages maudits qui font le bonheur du cinéma de genre, surtout quand il se déroule au cœur de l’Amérique profonde. Entre drogue et consanguinité, il ne manquait qu’un meurtre mystérieux et nous héritons d’un scénario loin d’être très original, surtout que l’assassinat sera un classique de la pièce fermée. Y-a-t’il un véritable intérêt dans cette pause scénaristique ? Difficile à dire, le seul avantage est de permettre à Taichi et Tetsuo de s’ouvrir un peu plus l’un à l’autre. Heureusement, les dessins de Taro Nogizaka sont d’une telle qualité que la série se lit comme on regarde une série télé, et on lui permet cette petite incartade dont l’importance est discutable mais qui saura satisfaire les lecteurs aimant les mystères et les pointes de fantastique.
Le tome 5 revient au fil rouge de la série et rattrape en un seul tome le précédent. Car cette fois, ce sera révélation sur révélation, sans oublier une pointe de trahison et de de retournement de situation. Satoko revient ici sur le devant de la scène pour son plus grand malheur. Pourtant en découvrant l’identité de sa mère et la vérité sur Marube, elle aurait dû pouvoir trouver le bonheur, mais ce ne sera évidemment pas le cas. Car Taro Nogizaka va non seulement faire souffrir son héroïne mais écorcher un peu plus son image, pour la montrer comme une petite fille riche qui, quelque part, mérite ce qui lui arrive. Étrange mode de fonctionnement mais qui est aussi tout l’intérêt de cette série qui piétine les règles, étant un véritable ovni original et marginal dans le monde du manga. C’est aussi le moment pour le grand retour du tueur de l’horloge. Les morts s’entassent dans tous les sens du terme mais surtout, le tueur décide enfin à se livrer un peu sur lui-même. Je vous laisse découvrir jusqu’où mais sans trop spoiler, ne vous attendez pas non plus à apprendre son nom au détour d’une page, nous sommes encore loin de la fin et bien au contraire, le cliffhanger de ce tome nous donne plutôt l’impression de revenir à la case départ... A quoi joue donc Taro Nogizaka ? Mais comme à son habitude, le mangaka ne nous donne pas la moindre information pour anticiper son scénario.
“La Tour Fantôme” n’a pas fini de nous dévoiler ses mystères et continue de jouer avec nos nerfs.
La Tour Fantôme (T4 et 5)
Auteur : Taro Nogizaka
D’après : Yuureito de Ruiko Kuroiwa
Traduction : Victoria Tomoko Okada
Editeur : Glénat
Format : 130 x 180 mm
Pagination : 224 pages noir et blanc
ISBN : 9782723499392 ; 2344000798
Parution : 17 septembre et 19 novembre 2014
Prix : 7,60 €
A lire sur la Yozone :
La Tour Fantôme (T1)
La Tour Fantôme (T2 et 3)
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