Dans une course folle, Arslan découvre une autre image du royaume de Parse : celui d’un empire détesté pour son hégémonie et sa pratique de l’esclavage. Toutefois, comment un dieu sensé promouvoir le respect de son frère peut-il pousser un peuple à armer ses enfants et leur faire commettre des massacres ? Ces enfants sont malheureusement volontaires pour aller défendre leur dieu et leur cause. Arslan est impressionné par ce garçon et comprend qu’il a bien des choses à apprendre sur son propre royaume. Si son kidnappeur ne peut longtemps le garder prisonnier, Arslan parvient à le faire épargner. Mais était-ce une bonne idée de laisser s’enfuir ainsi un ennemi ? Trois ans plus tard, les Lusitaniens envahissent le royaume de Maryam par une guerre éclair. Cette fois, leurs armées semblent mieux préparées et le danger est bien réel pour les frontières Parses. Comme à son habitude, le roi Andragoras lève ses troupes pour arrêter cette invasion. Mais cette fois, Arslan fera son baptême du feu. Toutefois, l’ennemi n’est plus celui qui s’était laissé submerger par la cavalerie Parse....

“The heroic Legend of Arslan” est l’adaptation d’une série de roman de Yoshiki Tanaka commencée en 1986 et dont le quatorzième volume est paru en 2014. Les anciens comme votre serviteur ont découvert la saga du jeune prince Arslan à travers l’animé qui sortit en France dans les années 90. Devant le succès de cette première adaptation, un manga accompagnait l’animé entre 1991 et 1996, réalisé par Chisato Nakamura. A l’approche de trentième anniversaire de sa saga, Yoshiki Tanaka voit son oeuvre de nouveau être sous les feux des projecteurs avec pour l’adaptation en manga, une des mangakas parmi les plus en vue du moment, l’auteur de “FullMetal Alchemist” et “Silver Spoon” : Hiromu Arakawa. Comme dans les années 90, le manga est suivi de près par une nouvelle adaptation en dessin animé, se basant sur les dessins de Arakawa et réalisé par Noriyuki Abe, qui était aux manettes pour les films tirés de “Bleach”, et les studios d’animation Liden Films et Sanzigen.
“The heroic Legend of Arslan” nous entraîne dans un monde médiéval pour nous raconter la chute d’un empire, celui du royaume de Parse et de son roi tyrannique Andragonas. Nous suivons l’initiation du jeune prince Arslan qui va connaitre la fin de son monde et la renaissance de son royaume. Le monde de Parse n’est pas un monde idyllique mais un royaume bâti par la force de ses armées et qui ne doit sa prospérité que par la terreur provoquée par ses cavaliers. Arslan est le stéréotype du prince vivant dans sa bulle et qui est soudain projeté dans le monde réel, découvrant les mauvais côtés de ce qui lui paraissait être la normalité. Ce qui est affiché comme la cause majeure de sa chute est en fait religieuse. Leur adversaire, les Lusitaniens, vénère le dieu Yahldaboth qui estime tous les êtres égaux et donc rend l’esclavage comme blasphématoire. Difficile de ne pas faire un rapprochement entre la guerre opposant Parses et Lusitaniens avec les Croisades. La logique est quasiment la même, mais aussi toutes les contradictions qui vont avec.
Le côté géopolitique complexe lié à “The heroic Legend of Arslan” rend la série des plus intéressantes. Nous sommes loin de mondes manichéens. Le lecteur sent bien que personne ne possède la vérité et personne n’est l’incarnation du bien ou du mal. Prenons Andragonas, tout est fait pour le rendre antipathique voire même haïssable, toutefois, ses généraux sont l’exemple même de la chevalerie. Le royaume de Parse pratique l’esclavagisme mais est un monde serein dont le peuple semble des plus heureux. D’un autre côté, les Lusitaniens semblent d’abord paraître comme des libérateurs, mais utilisent des enfants pour combattre et massacrent ceux qu’ils considèrent comme des infidèles sans différencier femmes, hommes ou enfants. Tout est fait pour rendre en réalité les deux parties tout autant méprisables que supportables. Cette ambivalence n’a qu’une seule exception : Arslan. Ce dernier est en fait l’incarnation de l’innocence et de la naïveté, un prince qui, par la force de l’adversité, va devoir mûrir plus vite qu’il ne pensait.
Qui ne reconnait pas du premier coup d’œil le coup de patte de Hiromu Arakawa ? La mangaka retourne dans un monde de violence se rapprochant plus de “FullMetal Alchemist”. Elle va parfaitement convertir son dessin à l’univers guerrier de Yoshiki Tanaka, respecter la force du récit et nous offrir des batailles épiques, qui vont peut-être surprendre certains de ses fans, comme avec la chevauchée sanglante et implacable de Daryun, massacrant ceux qui se dresseront entre son prince et lui. Toutefois, le trait plutôt tout en douceur de la mangaka a le mérité d’atténuer, certes légèrement, mais tout de même la violence de certaines scènes. En tout cas, Hiromu Arakawa respecte l’oeuvre de Yoshiki Tanaka d’une très belle manière et nous offre une aventure épique digne des meilleurs mangas du genre.
Ce premier tome de “The heroic Legend of Arslan” est un plaisir pour les yeux et se laisse lire d’une traite, entrainant son lecteur sur les traces d’Arslan et lui promettant encore bien des heures de lecture passionnante.
The heroic Legend of Arslan (T1)
Scénario : Yoshiki Tanaka
Dessin : Hiromu Arakawa
Traducteur : Fabien Vautrin, Maiko_O
Éditeur français : Kurokawa
Format : 128 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 15 mai 2015
Numéro IBSN : 9782-368-52172-0
Prix : 7,65 €
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