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Liavek
Megan Lindholm, Steven Brust, Gregory Frost
ActuSF, Perles d’épice, nouvelles (USA), fantasy, 282 pages, février 2014, 19€

Liavek est une cité portuaire, un lieu stratégique au cœur de quelques manœuvres politiques. Liavek est un lieu de magie, car chacun reçoit, à l’heure de son anniversaire, une dose de chance. Bien sûr, seuls les magiciens savent capitaliser et utiliser à leur gré cette chance.
La jeune Kaloo, elle, ignore sa date de naissance. Adoptée par une aubergiste et un pêcheur bourru, elle rêve de ce qui lui échappe.
Le comte Dashif, l’homme de main du régent de Liavek, était un mage. Mais on lui a volé sa chance.



Liavek est un univers créé par Emma Bull et Will Shetterly, et dans lequel des grands noms de l’imaginaire américains ont écrit une cinquantaine d’histoires, entre 1985 et 1990, hélas rarement parvenues jusqu’à nos rivages français. Remercions ActuSF de nous en révéler une partie avec la mondialement connue Robin Hobb et Steven Brust avec lequel elle a écrit « La nuit du prédateur ».

Six nouvelles composent ce recueil. Steven Brust y donne vie à Dashif, tandis que Robin Hobb suit Kaloo. Cela donne dès le début un ton légèrement différent, car bien que leurs styles s’accordent parfaitement, on a la sensation de comédiens se glissant chacun dans son personnage, et un point de vue particulier.
Avec Dashif, nous avons le prisme du pouvoir, puisqu’il est l’exécuteur des basses œuvres du régent. Dépossédé de sa magie, il pallie cette faiblesse secrète en s’équipant de pistolets redoutables auprès de Serpent, une artisane spécialisée en objets « particuliers ». Retors, il n’hésite pas à manipuler ses proches (et ses fréquentations sont hautes en couleur) pour parvenir à ses fins et accomplir sa tâche.
Kaloo est une adolescente qui pourrait être heureuse. Orpheline, elle a été recueillie tout bébé par un couple tendre, elle tenancière d’une auberge du port, lui vieux marin. Mais elle rêve de faire quelque chose de grand, plus grand que son train-train quotidien. Hélas, sans connaître l’heure et la date de sa naissance, comment exploiter sa magie ? Contre l’avis de sa mère, elle va alors consulter un mage. Pensant la jouer fine, elle ne se rend pas compte que l’homme, guère talentueux, va en fait puiser dans sa magie pour renouer avec le succès. Ni qu’il a découvert, par un certain hasard, sa filiation avec Dashif - une information de valeur mais dangereuse à exploiter. Sous couvert de lui faire une fleur en la prenant comme apprentie, il va garder Kaloo proche de lui. Pour le moment opportun.

Les six nouvelles forment un tout, presque un roman. Je dis presque, parce qu’elles demeurent des histoires cohérentes indépendamment, mais ensemble elles acquièrent une autre saveur. On sera certes désolé de ne pas en apprendre plus sur Liavek, son univers, ses religions, tout ce qui fait la beauté d’un univers de fantasy, mais ce recueil évacue toutes ces intrigues au second plan (uniquement ce qui occupe Dashif nous intéresse) pour ce concentrer sur la relation complexe père-fille qui se renoue, sur les aspirations d’une orpheline qui ne veut pas d’une vie tranquille et trop ordinaire, et d’un mage qui laisserait bien tout tomber, tout ce qu’il n’a pas perdu, pour profiter de la vie, la vraie. Le destin en décidera bien autrement, comme toujours avec Robin Hobb.

Je vous en dis volontairement peu sur le contenu de ces six histoires, pour vous en laisser la surprise, car le fond vaut la forme. Qui n’a jamais lu de fantasy peut s’y initier en douceur avec « Liavek », où la magie est l’élément central du récit mais son usage plutôt rare. Dans « La fortune du pot » par exemple, elle est nocive et fait tourner le ragoût. Ce qui peut paraître mineur mais s’avère catastrophique pour une auberge renommée ! Il convient alors de trouver l’origine du maléfice, son auteur, et son mobile. Et d’en revenir à la source de toute histoire : les relations entre les hommes, les passions, les frustrations...

Sorti début 2014, j’ai longtemps attendu avant de le lire, me réservant un moment calme pour le savourer. Lorsque celui-ci s’est présenté, je n’ai fait qu’une bouchée du livre tant les pages se tournent vite, et sitôt reposé je regrettai de ne pas l’avoir lu plus tôt.
A ceux qui découvrent Robin Hobb ici, je ne peux que conseiller le cycle de « Ki et Vandien » pour poursuivre, où se retrouvent les mêmes valeurs d’humanité et de liens entre les personnages, avant de se lancer dans son grand-oeuvre monumental « L’assassin royal » et les cycles attenants (« Les aventuriers de la mer », « La cité des anciens »).


Titre : Liavek (nouvelles initialement publiées entre 1985 et 1988, inédites)
Nouvelles :
- Un acte de contrition" (Steven Brust),
- « Hasard de naissance » (Megan Lindholm),
- « La fortune du pot » (Megan Lindholm),
- « Un acte de foi » (Steven Brust),
- « Un acte de miséricorde » (Steven Brust et Megan Lindholm),
- « Un acte d’amour » (Steven Brust, Gregory Frost et Megan Lindholm)
Auteur : Megan Lindholm (aka Robin Hobb), Steven Brust et Gregory Frost
Traduction de l’anglais (USA) : Jacqueline Callier
Couverture : Yana Moskaluk
Éditeur : ActuSF
Collection : Perles d’épice
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 282
Format (en cm) : 20 x 14 x 2
Dépôt légal : février 2014
ISBN : 9782917689608
Prix : 19 € ou en numérique à 9,49€.


Une interview de Robin Hobb sur Liavek.


Nicolas Soffray
17 juin 2015


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