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A comme Alone
Thomas Geha
Rivière Blanche n°2015, novembre 205, 162 pages, 15 €

Il s’appelle Pépé. C’est un Alone. Il fait partie d’une étrange communauté dont les membres parcourent le pays, seuls et sans attache. Aptes à la survie, aux techniques de combat, les Alones savent très bien se débrouiller en solitaires bien qu’il leur arrive parfois de faire un bout de voyage avec d’autres collègues.
Ces libertaires du futur peuvent à peu près tout supporter sauf l’autorité d’autrui. En somme, leur devise pourrait être « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ».
Et dans ce futur qui a salement dérapé, dans cette France post-cataclysmique où ne survivent chichement que d’étranges communautés aux tendances agressives affirmées, la démarche des Alones a au moins le mérite de la clarté.



Mais Pépé a quand même quelques petits problèmes. D’abord, il a accepté d’aller faire un tour à Rennes en compagnie de deux autres Alones. Or, on le sait bien, les villes sont d’étranges et dangereux endroits où robots automatiques et mutants divers dictent leur loi. Bref, un lieu d’où l’on ne ressort vivant que rarement... D’autre part, Pépé découvre au cours de cette escapade citadine que Grise, sa compagne, est bien vivante alors qu’il la croyait morte depuis longtemps.
Et Pépé est un gars plutôt têtu, bien décidé à sauver celle qui l’a secouru par le passé... Soyons clairs, pour arriver à ses fins, le Pépé va devoir s’arracher sévère !

Premier roman SF de Thomas Geha que d’aucuns connaissent sous le nom de Xavier Dollo (cf. Lunatique n°69), « A comme Alone » est une très bonne surprise. Si le roman s’inscrit dans une veine post-cataclysmique déjà explorée (Thomas Geha a dédicacé ce récit à la très regrettée Julia Verlanger alias Gilles Thomas et on ne peut contester la filiation du roman présent avec la trilogie publiée au Fleuve Noir) et n’est pas sans rappeler « Les Derniers Hommes » de Pierre Bordage, c’est plutôt du côté du « Niourk » de Stephan Wul que l’on cherchera quelques références sérieuses.
Ainsi, si dans cette narration, la primauté est donnée à l’action, quelques descriptions permettent de visualiser clairement une France (surtout une Bretagne) totalement transfigurée par les chamboulements anarchiques de ce futur pas rose. Et puis, l’écriture tombe pile et coïncide parfaitement avec l’ambiance du roman. Sèche et nerveuse, elle colle à la psychologie du personnage principal et renforce la crédibilité de l’histoire.
Ensuite, quelques petits clins d’œil du romancier qui font directement référence à sa vie présente -long passage dans une librairie rennaise au rayon BD et localisation géographique en Bretagne d’une grande partie de l’intrigue- nous rappellent justement qu’un imaginaire même inscrit dans un roman de SF, ne sort pas de nulle part mais trouve aussi ses racines dans une vie bien contemporaine. Il y a de ci, de là, des petites leçons d’imagination et d’écriture à destination de l’apprenti écrivain de SF qui ne sont pas négligeables.
Mais foin de tout cela, le principal intérêt du roman n’est pas dans ces petites satisfactions que peut trouver le critique -et qui lui permettent d’étaler avec grand plaisir un semblant de culture SF, soyons francs- mais plutôt dans le plaisir sain et rafraîchissant que procure un bon texte d’aventure et d’anticipation.

On pourrait évidemment en vouloir plus. Souhaiter quelques explications supplémentaires quant aux raisons du désastre, en apprendre davantage sur la lente déliquescence d’une société que l’on supposait techniquement très évoluée ou trouver que la psychologie des principaux personnages est un peu sommaire, à peine effleurée par instant. Certes, mais en même temps, il faut reconnaître que l’on se laisse totalement entraîner par l’histoire et que l’on dévore en quelques heures et avec grand plaisir, une histoire dont on veut connaître la fin. Et l’essentiel est bien là.

« A comme Alone » publié chez Rivière Blanche, ne trompe pas son monde et reflète l’état d’esprit de cette collection : offrir de bons romans de SF, littérairement assumés et décomplexés dans leur saine simplicité. Thomas Geha franchit haut la main les obstacles posés par l’écriture d’un premier roman et nous donne même envie d’en lire une suite.

Bonne nouvelle... Et welcome au club des écrivains véritables !

Titre : A comme Alone
Série : Alone (T.1)
Tome précédent : « Alone contre Alone » (T.2, roman) et « L’Ère du Tambalacoque » (nouvelle en libre téléchargement)
Auteur : Thomas Geha
Couverture : Juan
Éditeur : Black Coat Press
Collection : Rivière Blanche
Directeur de Collection : Philippe Ward
Site Internet : http://www.riviereblanche.com
Site internet roman : A comme Alone
Pages : 161
Dépôt légal : novembre 2005
ISBN : 1-932983-51-1
EAN : 9 781932 983517
Prix : 15 € (+2€ de port directement auprès de l’éditeur).


Stéphane Pons
11 janvier 2006


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