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Galaxies n°34 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°34, SF - nouvelles - articles – critiques, mars 2015, 192 pages, 11€

Le 9 janvier 2015, Michel Jeury nous a quittés. Son nom demeure à jamais attaché à l’histoire de la science-fiction française, car il a signé des romans incontournables tels « Le Temps incertain », « Les Singes du Temps », « Le Territoire humain »... Il a aussi marqué de son empreinte la littérature générale avec des œuvres plus personnelles, souvent autobiographiques.
Dans ce numéro, « Galaxies » lui rend hommage à travers les interventions de treize personnes. Les mots de chacun n’ont pas le même intérêt, car ils l’ont connu à des degrés divers, mais certains s’avèrent très émouvants, dévoilant une face méconnue au public de ce grand monsieur.
C’est une façon originale de lui rendre hommage, elle apporte une touche bien plus personnelle qu’un article sur sa vie.



Le dossier de ce numéro est consacré à une grande inconnue : la science-fiction brésilienne. Celui qui citerait un seul auteur du cru pourrait déjà être considéré comme connaisseur du sujet, car les traductions sont pour le moins rares et sont parues pour l’essentiel dans la revue « Antarès » (47 numéros dont 4 doubles de 1981 à 1996). Autant dire que Jean-Pierre Laigle en charge du dossier aborde ici un territoire vierge.
Roberto de Sousa Causo nous livre une histoire de la science-fiction brésilienne, mais ce n’est pas forcément facile à suivre, car l’on manque pour le moins de repères. Toutefois cet article s’avère instructif et a le grand mérite de nous montrer qu’elle existe.
L’entretien avec Jorge Luiz Calife nous révèle qu’il a inspiré à Arthur C. Clarke « 2010 : Odyssée deux », qu’il correspondait avec lui et qu’il est l’auteur d’une trilogie de hard science, sous-genre peu répandu dans le pays.
On peut aussi lire sa nouvelle “La sirène de l’espace”. Il est amusant de voir que Nicole, le personnage féminin du récit, est de Nice en France. Elle se lance seule dans une périlleuse mission, devenant l’héroïne de toute une planète, mais son passage sur Triton ne se déroule pas comme prévu. L’amour triomphe ici de toutes les épreuves. Le déroulement est assez rapide, mais l’ensemble est agréable.
Comme la neige en mai” de Roberto Schima prend bien plus le temps de développer l’histoire. Le soleil est caché derrière des nuages de cendres, c’est comme s’il n’existait plus. Une nouvelle ère glaciaire sévit, mais la couche neigeuse n’a plus rien d’immaculé, elle arbore comme tout un aspect grisâtre. Les anciens temps ressemblent à une légende et il ne fait pas bon en parler. C’est dans ces conditions qu’Erasmo rencontre Eva, bien plus âgée et qui semble cacher un lourd secret.
Le décor est vraiment bien installé, l’ambiance est pesante, chargée de menaces, mais cette complicité entre les deux personnes éclaire l’ensemble. La fin est aussi très bien trouvée et dégage un certain réalisme. Belle nouvelle.
Ce dossier met en avant une SF quasi inconnue en France, alors qu’elle a de belles choses à partager comme le prouvent les deux textes.

Une première version de “Je répare tout” d’Yves-Daniel Crouzet est parue dans « Brins d’Éternité 37 ». Cette histoire d’une petite fille qui n’en est pas une mais qui aspire à un peu de normalité en devenant l’amie de Nelson est aussi poignante que terrible. Le lecteur oscille entre des sentiments contradictoires. Il ne peut prendre Sandy qu’en sympathie, car elle est obligée de réparer les bêtises des adultes, notamment de son père à la main trop lourde, et n’est qu’un outil au service de la communauté qui la rejette pourtant. Récit mêlant amitié et horreur, “Je répare tout” appartient à cette classe de nouvelles que l’on n’oublie pas. Une réédition bienvenue pour la partager avec le plus grand nombre.

Philippe Curval nous invite à converser avec les morts. Leur conscience ne s’éteint que très lentement et il est possible de s’affranchir de la barrière entre les défunts et les vivants. Toutefois, il ne faut pas croire que cela éteint tous les conflits. La preuve avec Guy qui harcèle sa mère déjà rongée par les vers, afin d’obtenir le livre qu’il désire.
Deathbook” aborde un sujet sensible et le traite d’une manière originale avec deux règnes très différents, celui du vivant et du trépassé. Les problématiques ne sont pas du tout les mêmes et l’auteur nous réserve une belle surprise.

Des pierres plein les poches” de Vajra Chandrasekera est un brin confus, mais le propos général ressort tout de même bien. Dike a œuvré pour occuper le poste lui permettant de capter les messages d’un vaisseau parti voilà bien longtemps et, surtout, à l’insu de tous, de parler avec son grand-père à bord du vaisseau. Quand son aïeul lui conte sa rencontre avec une autre espèce, il est déjà trop tard.
Le défaut de ce texte est son côté un peu brouillon, on se demande souvent si on a bien compris ce que l’auteur veut dire et on est bien en peine de rentrer dans les détails.

La dernière nouvelle nous permet de renouer avec Mike Resnick. “Le Bazar aux Merveilles d’Alastair Baffle” met en scène Gold et Silver, deux vieillards en fin de vie qui se rappellent comment ils se sont rencontrés et sont devenus des amis inséparables. Ils n’ont jamais oublié le Bazar aux Merveilles et les tours de magie qu’y effectuait Alastair Baffle. Avant de mourir Maury Gold souhaite revoir cette boutique qui a peu de chances d’exister encore.
Mike Resnick nous présente une belle amitié et insuffle une petite dose de fantastique à la fin de cette nouvelle. C’est d’une fausse simplicité et diablement efficace, car c’est un conteur hors pair, sachant entretenir l’intérêt du lecteur sans effets outranciers.

Dans la partie rédactionnelle, on remarquera surtout l’article sur Alain Delbe, un auteur discret mais aux écrits attachants.

Ce numéro 34 de « Galaxies » nous réserve de beaux temps forts et nous montre une fois de plus la volonté d’ouverture vers d’autres pays affichée par la revue.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 34 (76 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Vagner Vargas
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mars 2015
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



Pour contacter l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
10 mai 2015


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