En se réveillant, Alice se retrouve dans l’antre du prédateur. Pourquoi l’a-t-il gardé en vie, alors qu’elle a failli lui arracher la gorge de ses dents. Ce n’est pas par pure bonté que l’Araignée l’a préservée mais à cause de leur pouvoir commun : tous les deux souffrent du CEC, Congenital Excessive Concentration. Si le CEC n’a été que source de brimades pour la jeune fille, c’est devenu une arme pour le prédateur. Pour lui, ce don les rend comparables aux arachnides et il compte bien rendre Alice semblable à une araignée, une tueuse née, solitaire, utilisant ses capacités naturelles pour éliminer ses ennemis ou sa nourriture. Mais cet enseignement doit aussi lui être utile et Alice devra l’aider à assassiner quelqu’un. Toutefois, pour pouvoir la garder en vie, l’Araignée doit demander son autorisation au commanditaire du meurtre de la famille Fuji. Seulement, le patron n’est joignable que par l’intermédiaire de la Guêpe, une montagne de muscles peu loquace. Et quand l’Araignée demande de pouvoir garder sous sa protection la jeune Alice, la réponse reçue n’est pas celle attendue...

Attention ! Shinya Murata est de retour ! L’auteur de l’incroyable “Jackals” revient pour nous entraîner de nouveau dans le monde des tueurs. Mais cette fois, il abandonne les armes disproportionnées et le XIXe siècles pour nous emmener dans l’univers de tueurs modernes dont les emblèmes ne sont pas moins symboles de peur (et ce n’est pas l’arachnophobe que je suis qui dira le contraire). Après l’Alligator, entrons dans le monde des insectes avec “Arachnid”. L’histoire part d’une capacité qui pourrait passer pour une maladie mentale : le CEC, la concentration excessive congénitale. Cette maladie semble sortir tout droit de l’imagination de Shinya Murata mais elle lui sert pour expliquer le don particulier de l’Araignée et d’Alice : celui d’avoir une concentration hors du commun leur donnant des capacités comparables aux araignées pour détecter et piéger leur proie. Ce ne sont évidemment pas les cousins nippons de notre monte-en-l’air préféré : Spiderman. Le lien qui va unir l’Araignée à Alice sera très ambigu et particulièrement pervers, car l’homme va entraîner une jeune fille innocente pour en faire une tueuse sans la moindre pitié tandis qu’Alice va accepter cette destinée pour quelque part, remercier l’homme qui l’a sauvée d’un atroce viol.
Ce premier tome nous montre donc la naissance de cette relation plutôt malsaine tout en nous faisant régulièrement de petits cours sur les insectes et un focus sur les arachnides (oui, qui ne sont pas des insectes, ne faites pas la réflexion, je les déteste bien assez pour les connaitre). Un peu comme un symbole de l’ambiance actuelle dans les seinen, la maltraitance à l’école sera aussi au cœur de l’histoire puisque le CEC a fait d’Alice la victime idéale pour les lycéennes en manque de copines à torturer. Seulement, prendre une apprentie tueuse comme cible ne sera pas la meilleure des idées. Pour mettre en images son scénario, Shinya Murata est cette fois associé à Shinsen Ifuji. Son style graphique est plutôt classique, mais ses planches sont très dynamiques, donnant un très bon rythme à ce tome qui se lit d’une traite. Ses personnages sont bien identifiables et malheureusement, ses maudites araignées sont assez réussies pour les rendre réalistes... dans la limite du raisonnable. Son Alice prend rapidement un grain de folie, mais bien au premier sens du terme. Il n’hésite pas à exagérer cette folie qui la rend alors si dangereuse.
Ce premier tome d’“Arachnid” donne ainsi naissance à une nouvelle tueuse mais quel sera donc son futur dans ce monde sans pitié des tueurs à gages ?
Arachnid (T1)
Scénario : Shinya Murata
Dessins : Shinsen Ifuji
Traducteur : Florent Gorges
Éditeur : Soleil Manga
Collection : Seinen
Format : 120x182 mm
Pagination : 210 pages
Dépôt légal : 23 octobre 2013
Numéro ISBN : 978-2302045095
Prix public : 7,99 €
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