Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Ravina The Witch ?
Junko Mizuno
Soleil - Collection Venusdea

Junko Mizuno n’est pas une nouvelle venue dans le monde des livres d’images : voici plusieurs années déjà que les très pointues Editions IMHO nous font découvrir ses psycho-fictions, moins juvéniles qu’il n’y paraît. Ainsi de sa revisitation de contes occidentaux « Cinderella », « La Petite Sirène » et « Hansel et Gretel ». Et ainsi de « Pilou l’apprenti gigolo », dont le graphisme volontairement mièvre et sixties masque l’univers fantasmatique d’un être dont la mère est morte à sa naissance, de sorte qu’il se considère comme un morceau de cadavre ! Avec, en toile de fond, des tranches de vie nippone disséquant le désenchantement d’apprenties chanteuses, de SDF de la banlieue de Tokyo et de drogués de la haute...



JPEG - 134.8 ko

L’album « Ravina the witch », sur lequel les éditions Soleil viennent de jeter leur dévolu, se situe à mi-chemin entre les deux inspirations principales de Junko Mizuno. D’une part, l’histoire de cette fillette vivant sur une décharge publique, et soudain dotée de pouvoirs magiques à l’intercession d’une sorcière, a tout d’un conte pour enfants tristes. Mais d’autre part, c’est dans des circonstances pour le moins scabreuses que Ravina a tôt fait d’exercer ses talents tout neufs - qui ne sont agissant que quand elle est saoule !.

JPEG - 185.8 ko

Pas de qe quoi s’étonner ni non plus s’offusquer, dès lors, si le hasard des rencontres, à Ravina partie à la découverte du monde, vaut de faire profession temporaire de maîtresse fouetteuse ! Un rituel S-M auquel, après avoir fait ses preuves sur un curieux travesti, elle se plie au bénéfice des mâles de tout un village, unanimement soumis. Ce qui n’est encore qu’un galop d’essai, et une facette seulement de ses pouvoirs, puisque Ravina, gagnée à la cause des femmes, n’hésite pas à affronter un Roi qui s’était approprié toutes les femmes des sujets à l’issue d’un concours de beuverie.

JPEG - 126 ko

Que d’exploits grandioses et inédits, avant que la logique des histoires de sorcière ne reprenne le dessus, le plus cruellement qui soit, et que le lecteur soit convié, impuissant quant à lui, à assister à la mise à mort de Ravina, subissant le bûcher après de longues tortures...
Mais que d’images déconcertantes et inventives, aussi ! Quelle folie graphique dans les images de Junko Mizuno, à la fois fignolées et baroques, où s’entremêlent motifs ethniques et souvenirs psychédéliques, symétrie des tankas et japoniaiseries girly ! Le tout dans une débauche de de couleurs tantôt sombres, vénéneuses, et tantôt d’or et lumière, pour éclairer un ciel où planent des nuées de corbeaux, oiseaux magiques et de malheur...

JPEG - 185.8 ko

Est-on dans le domaine du livre illustré ? Est-ce plutôt de la bande dessinée, se dira-t-on peut-être, à contempler ces mises en page complexes, un rien figées, et assorties de textes candidement descriptifs de l’histoire en train de se faire... Un peu quand même, force est de le croire... Puisque le pouvoir d’évocation des images et des mots de cette sorcière de Junko Mizuno est tel, que le lecteur, fieffé voyeur, n’a aucune peine à articuler sons et visions au tréfonds de lui-même, siège de tous les fantasmes.

JPEG - 100.6 ko

Ravina The Witch ?
- Scénario et dessins : Junko Mizuno
- Editions : Soleil
- Collection : Venusdea
- Pagination : 48 pages couleurs
- Format : 23,1 x 30 cm
- Dépôt légal : 24 septembre 2014
- Numéro ISBN : 978-2-302-03777-9
- Prix public : 17,95 €


Critique d’Alain Dartevelle, illustrée par Fabrice Leduc

Illustrations © Junko Mizuno et Éditions Soleil


Alain Dartevelle
23 février 2015



JPEG - 88.6 ko



JPEG - 186.5 ko



JPEG - 112.7 ko



JPEG - 95.4 ko



JPEG - 103.9 ko



JPEG - 118.4 ko



Chargement...
WebAnalytics