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Héroïne d’un jour
Elizabeth Moon
Bragelonne, 2005 - 20€


Comme il est bon de se laisser surprendre par un livre !

Lorsque, voilà trop longtemps, mon chef de rubrique m’annonça : « je t’envoie un Bragelonne un peu guerrier, comme tu les aimes », seul mon profond respect mêlé d’admiration me permit de rester polie. Le livre, démesuré, arriva dans ma boîte aux lettres (assez grande tout de même) et sa couverture, dans les tons rouges, bordée d’argenté confirma mes pires craintes. Seuls éléments intriguants à ce stade de la rencontre : l’astro-guerrier sur la couverture était une femme, de même que l’auteur de l’ouvrage.
Ma curiosité ne parvint pas à surmonter mon overdose de métal et, me laissant aspirer par les inévitables tracas du quotidien, je repoussai le moment de lire « Héroïne d’un jour » : demain, plus tard, j’ai encore des tas d’autres bouquins à lire...

Mais un jour arrive où on se retrouve face à ses responsabilités envers les Yonautes.

« Bon, juste une page pour voir, et si c’est très mauvais, j’arrête ! »
Et une page suffit à me faire regretter le temps perdu. Une page qui me lia de façon quasi-magnétique à ce récit tout à fait extraordinaire : une approche renouvelée de l’héroïsme, où l’on trouve une finesse, une sensibilité tout à fait inattendues.

« Qu’est-ce qui fabrique les héros ? » est la question principale à laquelle répond ce roman. Et la réponse plairait certainement à Boris Cyrulnik : la résilience.
Les survivants peuvent développer des capacités hors du commun, tout en continuant à se croire insignifiants.

C’est ce que vit Esmay de Suiza, jeune militaire appliquée mais effacée, qui se retrouve par un concours de circonstances, l’officier le plus gradé de son vaisseau spatial. Contre toute attente, elle sauve son bâtiment, détruit un vaisseau ennemi, au cours de la bataille de Xavier, extrêmement complexe.
Esmay n’est pas la dernière à s’en étonner et, malgré les honneurs réservés à l’héroïne, elle se dit qu’elle a eu simplement beaucoup de chance et les terribles cauchemars qui la torturent en sont une preuve suffisante. Seulement, ses supérieurs sont formels, elle a fait preuve de capacités hors du commun. Comment ne l’ont-ils pas remarquée plus tôt ?
En permission sur sa planète natale, Esmay, confrontée à son passé découvre alors l’origine de ses cauchemars : un terrible traumatisme datant de son enfance, que sa famille a eu soin de camoufler à coups de mensonges.
Placée face à son énigme personnelle, Esmay s’apprête à reprendre une existence tranquille et discrète dès sa prochaine affectation sur un bâtiment de maintenance, loin des batailles spatiales.
Mais la vie en décide autrement. Le navire est pris d’assaut par la redoutable Horde des Sanguinaires. Esmay a le commandement dans la peau mais ses doutes sont profondément ancrés.
De ses choix personnels vont dépendre des destinées collectives. Survivre exige de la prudence, vivre exige de prendre des risques.

« Héroïne d’un jour » fait partie de ces textes qui nous rappellent que la science-fiction est aussi littérature et qu’en tant que telle, elle a pour sujet central l’homme (et pas la science-fiction elle-même). En dévorant les pages, fort bien rédigées, de ce texte, on pense au Jivane de P.-J Hérault (Les clones déviants). Mais Esmay n’est pas un clone et elle ne se bat pas pour le futur d’un peuple. C’est juste une femme qui se découvre et qui doit apprendre à gérer ses doutes.

La profondeur humaine du texte n’exclut pas, pour autant, la dimension Space Opera de l’ouvrage. Au contraire, elle la permet, donnant sens à des scènes de combat joliment décrites, à des casse-têtes tactiques plus vite résolus que les cruels dilemmes psychologiques. Dans ce cadre, même la couverture, finalement, paraît admirable : chair et métal, force et faiblesse...

A réserver d’urgence chez votre libraire préféré !

Titre : Héroïne d’un jour
Auteur : Elizabeth Moon
Éditeur : Bragelonne
Illustration : Stephan Martiniere
Traduction : Mélanie Fazi
ISBN : 2-915549-16-8
Nombre de pages : 368
Site internet d’achat conseillé : Amazon (voir lien en colonne de gauche).


Ketty Steward
1er janvier 2006


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