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Jabberwocky (T1)
Masato Hisa
Glénat

Russie, Hallward a l’honneur de réaliser le portrait du tsar dans sa tenue d’apparat. Le souverain porte les symboles de sa puissance : le sceptre et l’orbe. Cet étrange artefact en forme d’œuf est la source de son intérêt car l’objet semble étrangement lié à la Russie éternelle. Seulement, Hallward obtient la certitude que le symbole que porte le tsar est un faux et que les autorités russes font tout pour que la réalité ne s’ébruite pas. La véritable orbe est en fait entre les mains d’un révolutionnaire, Dorokhov. Il sait parfaitement que l’orbe permet à celui qui la détient de commander à l’ultime armée. Un danger que même la lointaine Angleterre ne peut accepter. C’est ainsi que l’espionne Lily Apricot se retrouve à voltiger dans la froidure du ciel russe, à la recherche de Dorokhov. Heureusement, elle peut compter sur de bonnes bouteilles en sa possession pour se réchauffer et elle va en avoir besoin car alors qu’elle s’apprêtait à affronter le rebelle, ses gardes du corps lui donnent du fil à retordre, des gardes à la peau recouverte d’écailles.



En réalité, Lily vient de découvrir le plus grand des secrets de la Russie et même du monde libre. Ce sont ses deux sauveurs, Sabata Van Cleef et Boothroyd, qui lui racontent la terrible réalité se cachant derrière l’orbe. En fait, ces êtres étranges que l’espionne britannique vient d’affronter sont des dinosaures. Ils sont les représentants d"un monde caché, dont les derniers survivants marchent parmi les humains. Depuis des siècles, les peuples de dinosaures ont un lien particulier avec l’empire russe. Ils peuvent vivre en toute sérénité dans les contrées lointaines de l’éternelle Russie et en contrepartie, ils mettent leurs soldats au service du tsar pour défense l’empire contre ses assaillants. Une contrepartie symbolisée par l’orbe qui n’est autre que l’œuf du prince des dinosaures. Sabata est une de ses créatures, mais avec une particularité. Son espèce fut appelée oviraptor par un scientifique anglais, malheureusement les autres dinosaures virent en les siens des voleurs d’œufs, des tueurs d’enfants et décimèrent ses semblables. Aujourd’hui, il s’est associé aux membres de l’organisation du Château d’If et sa nouvelle mission est aussi de récupérer l’orbe pour la rendre aux russes.

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« Jabberwocky » est la première série de Masato Hisa, qui fut publiée au Japon en 2006. Avant même d’ouvrir le premier tome, la couverture attire immédiatement l’attention. Elle montre immédiatement que le mangaka a trouvé son influence graphique loin de l’île du soleil levant, dans les œuvres de Frank Miller. Et les premières planches confirment cette impression, avec des utilisations des ombres, des effet de « négatif » qui rappellent sans aucun doute « Sin City ». Ce style de dessin est toujours un vrai défi car il est difficile à maitriser, avec le risque de voir sa planche totalement illisible ou incompréhensible. Masato Hisa tombe malheureusement dans ce travers, principalement dans les scènes d’action qui ne sont pas toujours très compréhensible au premier coup d’œil et demandent une attention toute particulière pour bien décrypter les jeux d’ombre et de lumière des crayonnés. Et contrairement aux oeuvre de Frank Miller, il n’y a pas de petites touches de couleur aidant la lecture des planches. Toutefois, il faut reconnaître que cette originalité graphique est très intéressante et nous sort du classique dessin de manga, shonen ou même seinen.

Revenons maintenant à l’histoire. Masato Hisa nous entraîne dans une Russie de l’avant Première guerre mondiale, au temps des tsars pour nous faire découvrir le terrible secret se cachant derrière l’orbe que détient l’empereur, mais aussi derrière la signification de leur emblème, l’aigle à deux têtes. Masato Hisa nous crée alors un monde se cachant dans les ténèbres, un monde où les dinosaures auraient évolué tout comme les humains, ayant récupéré un physique anthropomorphe et une intelligence très développée. Ce peuple aurait l’obligation d’obéir à celui détenant l’orbe, qui est en réalité l’œuf contenant leur prince. L’orbe devient alors la cible d’un mystérieux rebelle cherchant à prendre le pouvoir sur l’ultime armée, celle du peuple des dinosaures. Le mangaka ne va pas tomber dans le piège « Jurassic Park », ne reprenant pas les espèces classiques comme le vélociraptor, le T-Rex ou encore le tricératops. Non, cette fois, nous découvrons des races moins connues comme l’oviraptor, le protoceratops ou encore le pachycéphalosaure. Le mangaka essaiera d’être le plus fidèle possible avec la forme des cranes de ces espèces mais ne pourra éviter quelques libertés pour les adapter à un physique humanoïde.

Un shonen se doit d’avoir un groupe de héros et celui-ci sera des plus hétérogènes, en commençant par Lily Apricot, notre véritable héroïne. Espionne britannique, elle est assez portée sur la bouteille qu’elle utilise étgalement comme armement. Son physique est digne d’une James Bond Girl et son efficacité impressionnante. Elle va s’associer avec un oviraptor, Sabata Van Cleef, et un humain, Boothroyd, au sein d’une organisation secrète, le Château d’If... Evidemment, vous aurez rapidement compris que les références qui parsèmeront ce manga seront uniquement issues de la littérature d’aventure et d’espionnage européenne, entre James Bond (le chef des services secrets britanniques s’appelant N) et le Comte de Monte-Cristo en passant par Dorian Gray, de quoi satisfaire le lecteur raffolant de cet exercice complémentaire à la simple lecture consistant à repérer toutes les références que l’auteur a pu cacher dans son récit. La comparaison avec le « Da Vinci Code » que fait Glénat est à oublier car l’intérêt va bien au-delà des pseudo secrets religieux avec lesquels nous exaspère Dan Brown. Ne cherchez aucune référence biblique, il n’y en a pas. Le récit de Masato Hisa est bien plus passionnant car il s’intéresse aux complots internes aux peuples dinosaures qui s’immiscent dans le l’histoire avec un grand H tout en devant rester secrets.

Ce premier tome de « Jabberwocky » a de quoi éveiller la curiosité et donner foncièrement envie de lire le deuxième volume.


Jabberwocky (T1)
- Auteur : Masato Hisa
- Traduction : Akiko Indei et Pierre Fernande
- Editeur : Glénat
- Format : 130 x 180 mm
- Pagination : 224 pages noir et blanc
- ISBN : 9782723498814
- Parution : 7 janvier 2015
- Prix : 9,15 €


© Edition Glénat - Tous droits réservés



Frédéric Leray
25 janvier 2015




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