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Cadavre et le Sofa (Le)
Tony Sandoval
Paquet

Il y a des étés du plus mortel ennui. En fait, plus personne ne semble vouloir sortir jouer depuis la disparition de Christian. Alors Polo se retrouve tout seul, à se balader dans les champs, au point de regarder s’égoutter un robinet refusant de parfaitement se refermer. C’est dans ce grand moment de solitude et d’ennui que Polo fit la rencontre de Sophie. La jeune fille n’était vraiment pas commune, avec ses lentilles noires qui lui donnaient un air inhumain. Bon, ajoutez à cela que le demoiselle était fascinée par les loups-garous, et vous avez de quoi faire tourner à cent à l’heure l’esprit depuis trop longtemps inactif de Polo. Et que Sophie fut aussi très jolie la rendait d’autant plus intéressante. Sophie habitait avec son père mais ce dernier était souvent absent, alors que Polo vienne regarder la télé avec elle, assis sur le sofa ne posait vraiment pas de problème jusqu’au soir où Polo retrouva Christian.



Le cadavre de Christian était là, à la vue de tous dans un terrain oublié par la police. Son corps était déjà en décomposition mais Polo le reconnut sans problème. Qu’était-il arrivé à Christian ? A-t-il été tué par un loup-garou ? Mais pourquoi cette idée ? Etait-ce l’influence de Sophie ? C’est vrai qu’ils étaient devenus de plus en plus proches, passant tous leurs après-midi ensemble, même sous la pluie. Sur le sofa, il la sentait proche de lui, sa main sur la cuisse. Et puis à leur âge, on se laisse vite dépasser par ses hormones et c’est avec elle qu’il eut son vrai premier baiser. Pourtant si elle était l’image de ses fantasmes, elle peuplait aussi ses cauchemars. Son voisin n’était pas non plus fait pour le rassurer. Ce dernier possédait un tatouage de loup sur le bras. Et s’il avait tué Christian, une nuit où il chassait sous sa forme de loup ? Oui, Polo était convaincu qu’un animal les épiait, Sophie et lui. Et malgré les visions d’horreur où Sophie devenait une créature de la nuit, Polo l’aimait toujours autant, au point de lui montrer le cadavre de Christian.

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Tony Sandoval nous avait étonnés il y a quelque temps avec « Le Serpent d’eau », une fable où l’auteur s’attaquait déjà à l’enfance d’une manière peu banale. Il continue ici avec « Le Cadavre et le Sofa ». Mais si les enfants étaient plutôt jeunes dans « Le Serpent d’eau », les deux héros sont ici des adolescents, même si leur graphisme laisse plutôt dubitatif. Il est toujours difficile de donner un age aux personnages de Sandoval et il faut souvent progresser dans la lecture pour en avoir le cœur net. Le thème central de cet album est bien l’amour, la découverte de l’amour dans tous les sens du terme par le jeune Polo, un amour plutôt malsain car la jeune fille qui va l’attirer est des plus ambiguës. En fait, Tony Sandoval va jouer sur la possibilité que Sophie ne soit pas tout à fait humaine et pourrait bien être ce loup-garou qui hante les cauchemars de Polo. Plus les deux jeunes gens se rapprochent physiquement, plus les cauchemars de Polo se font forts. Comme si son enfance souhaitait l’alerter contre le passage vers l’âge adulte, comme si l’amour physique était l’ultime rupture, sans chance de retour en arrière vers l’enfance.

Le fil rouge de l’histoire sera le cadavre de Christian. Derrière la découverte de l’amour, se trouvera une petite enquête concernant la mort de Christian. Le fantastique se mêlera alors à la réalité car pendant toute la première partie, l’image de ce loup hantera l’esprit de Polo et les planches de Tony Sandoval, laissant toujours penser que le cadavre est l’oeuvre d’une créature surnaturelle. Mais les pires horreurs sont souvent, malheureusement, issues tout simplement des sentiments complexes des hommes dont le pire : la jalousie. La seconde partie de l’album nous ramènera brutalement à la réalité. Les faits seront tragiques mais montreront surtout toute la noirceur de l’esprit humain, quelque soit son âge. Mort et amour, torture et sexe, Tony Sandoval associe les deux facettes des sentiments humains qui peuvent malheureusement parfois se mélanger étroitement. Mais ce qui sera aussi symbolique, c’est tout simplement que le cadavre de Christian devient un bibelot comme le sofa qui sera amené à ses côtés et sur lequel Sophie et Polo feront l’amour. Une scène forte surtout avec ces deux personnages au corps à la fois adulte et enfantin.

Le style graphique de Tony Sandoval a une capacité assez incroyable pour créer des atmosphères, sombres, étouffantes. Mais l’auteur va jouer avec plusieurs styles, jouant avec les couleurs, en particulier le rouge, qui s’imposera sur les articulations, pour montrer comme une hausse de température chez les personnages, une fièvre qui ne sera pas due à la maladie mais aux sentiments. La première utilisation de ce rouge aura de quoi surprendre les lecteurs. Mais peu à peu, le principe passe naturellement, et ajoute à l’atmosphère, le corps des personnages réagissant avec l’atmosphère générée par le récit et les décors.

Avec « Le Cadavre et le Sofa », Tony Sandival marque encore les esprits, avec une oeuvre sortant de l’ordinaire par son style graphique et la profondeur de son récit.


Le Cadavre et le Sofa
- Scénario : Tony Sandoval
- Dessin et couleurs : Tony Sandoval
- Éditeur : Paquet
- Dépôt légal : 27 août 2014
- Format : 21,8x30 cm
- Pagination : 96 pages couleurs
- Numéro ISBN : 9782888906728
- Prix public : 17 €


A lire sur la Yozone :
Nocturno
Le Serpent d’Eau
Mille Tempêtes


A voir sur la Yozone :
L’interview « Mille Tempêtes » de Tony Sandoval


© Editions Paquet - Tous droits réservés



Frédéric Leray
2 janvier 2015




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