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Suicide Island (T9 et 10)
Kouji Mori
Kaze Seinen

C’est la guerre ! Avec la trahison de Kai, les secrets du village sont dorénavant entre les mains de Sawada qui compte bien mettre immédiatement ces connaissances en application. Un assaut d’envergure commence alors. Seulement, Kai ignorait que grâce à Casquette, les habitants du village sont dorénavant armés de lances et de boucliers. L’assaut est rapidement stoppé et Sawada est forcé de faire demi-tour. Seulement la bataille a montré que Kyo n’était pas l’homme de la situation pour protéger le village et ce dernier choisit de laisser sa place à Kyu. Dans l’euphorie du moment, galvanisés par leur victoire, les défenseurs du village décident de profiter de leur avantage et d’attaquer à leur tour. Malheureusement, Kai leur a réservé une affreuse surprise. Pendant que les deux clans s’affrontaient, de son côté, le nihiliste s’armait de cocktails Molotov et avec les filles comme boucliers humains, transformer les assaillants en torches humaines n’est alors qu’une partie de plaisir.

Sur les conseils de Kai, Sawada commence une guerre d’usure, en utilisant des attaques de guérilla pour affaiblir l’ennemi tout en récoltant de précieuses informations sur leurs défenses. Mais la dernière équipe partie mettre à mal le moral adverse décide d’en faire trop en cherchant à ramener avec eux Nao et Reiko. Faits prisionniers, ils font devoir subir le jugement des habitants du village. Kyu, en tant que chef, choisit de proposer la mort des prisonniers, qui représentent un trop grand danger pour le village. Toutefois, certains pensent qu’il est possible de les intégrer au groupe, et dans ces jours de guerre, de nouveaux bras ne feront pas de mal. Seulement, contre toute attente, ces derniers demeurent fidèles à Sawada qu’ils respectent réellement. Leur endoctrinement est parfait et peu importe que leur chef soit un cannibale, ils lui resteront fidèles. Et voici le village devant s’occuper de trois prisonniers. La frange pacifiste des villageois n’a pas permis un jugement définitif. Trois bouches inutiles à nourrir et un danger permanent au-dessus de leur tête. Non, Kyu ne peut laisser vivre trois ennemis...

La guerre ! En redécouvrant la civilisation, il était malheureusement impossible de passer à côté du propre de l’homme : sa capacité d’autodestruction. Et naturellement, les deux clans vont chercher une victoire éclair, une guerre totale et rapide. Mais l’Histoire nous a aussi démontré que la guerre rapide est un mythe quand les deux forces sont à peu près égales et que leur armement est peu différent. Très vite, les oppositions frontales vont faire place à une guerre d’usure, une guérilla quasi urbaine, composée d’attaques sporadiques pour atteindre physiquement et moralement l’ennemi. La stratégie de Kai s’avère payante car, ce dernier cherchant à détruire les deux camps, il ne peut être que gagnant quoiqu’il arrive. Seulement, deux caractères aussi forts et charismatiques dans un même camp ne pourra être de longue durée. Toutefois, tant que chacun trouve son intérêt dans l’action de l’autre, Sawada et Kai ne peuvent que s’accepter.

Dans l’autre camp s’opposent les pacifistes et les guerriers. Les deux groupes sont symbolisés par Kyo et Kyu. Le rapprochement des deux prénoms est peut-être un hasard en japonais, mais on ne peut passer à coté en français. Kyo est le pacifiste par excellence, trouvant toujours une excuse pour ne pas tuer. Même pendant le procès, il cherchera un moyen de défendre ces trois hommes qui ont pourtant massacré certains des leurs. Kyu est le pragmatisme guerrier par excellence. Attention, ce n’est pas un va-t-en guerre fanatique comme Sawada mais un homme mis au pied du mur et qui est prêt à tout pour sauver sa vie. C’est dire le changement qui s’est réalisé chez les anciens suicidaires. Kyu va peu à peu faire découvrir à ses amis la république grecque, avec la voix du peuple et le pouvoir militaire. Peu à peu, Kyu apparaît comme un despote accepté de tous tandis que Sawada est un gourou psychopathe. La fin du tome 10 rappelera à l’ordre le jeune homme qui s’interrogera sur la voie qu’il prend. Mais ce sera surtout Sei qui subira de plein fouet ce conlfit interne au village. Le jeune homme, étant incapable de prendre position pour les uns ou les autres, choisira la fuite. Une bonne occasion pour lui faire découvrir l’amour vrai.

« Suicide Island » continue son étude anthropologique de l’espèce humaine mise dans une situation extrême, démontrant surtout l’adage nippon, que la vie est un éternellement recommencement et que l’on n’échappe pas à sa destinée.

Suicide Island (T9 et 10)
Auteur : Kouji Mori
Traducteur : Frédéric Malet
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 208(T9) et 192(T10) pages
Date de parution : 25 juin et 17 septembre 2014
Numéro ISBN : 9782820317254 ; 9782820317766
Prix : 7,79 €

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Frédéric Leray
31 décembre 2014