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Cité du Gouffre (La)
Alastair Reynolds
Pocket Science-Fiction, n°5849, septembre 2005, 959 pages, 12,30 €


Tanner Mirabel, tueur professionnel au lourd passé, est à la recherche d’Argent Reivitch, un gars pas sympa qui a visiblement quelques crimes sur le dos. Sa longue traque de killer sans remords (ou si peu en apparence) va le conduire à Chasm City, la Cité du Gouffre. Problème, à Chasm City, on dispose de ressources imprévisibles et de virus aux effets surprenants. Ou comment repartir dans le passé de l’espèce humaine sans l’avoir vraiment souhaité !

Alastair Reynolds, jeune écrivain de SF, Anglais né au Pays de Galles en 1966, a très vite acquis une aura de talent confirmé et de rénovateur ambitieux du space opera. Second volet du cycle réédité en poche par Pocket et originellement publié en grand format aux Presses de la Cité (le quatrième tome vient de paraître), « La Cité du Gouffre » peut tout à fait se lire indépendamment des autres romans de la série. L’univers est évidemment connu et récurrent mais on peut s’y plonger sans autre forme de procès avec ce second volet.

Gros point positif d’Alastair Reynolds : y-en a là-dedans ! Beaucoup de choses, une grande inventivité, un usage intensif aussi de tout ce qui touche aux nanotechnologies et aux questionnements scientifiques finalement très contemporains (virus mutants et cie). D’aucuns diraient qu’il y en a même un peu trop... Et ce ne serait pas totalement faux. 959 pages pour arriver au bout d’une intrigue basique au démarrage et qui se complexifie au fil des pages, le lecteur de SF lambda a sacrément intérêt à se sentir une âme de découvreur tenace pour arriver au bout de l’aventure. Et encore, la conclusion de « La Cité du Gouffre » risque bien de faire deux catégories de victimes : ceux qui vont être déçus par une fin très ouverte et ceux pour qui la lecture de la “suite” du cycle est urgente.

En résumé, on accroche ou pas et en plus, il faut tenir la distance ! Néanmoins, ne soyons pas trop critique, Alastair Reynolds se donne du mal, beaucoup de mal même, pour tenir son récit, rendre crédible son monde et animer son futur à l’aide d’un imaginaire débordant et débridé. Sa narration appuyée sur de longues séquences de dialogues bien menées retient également l’attention. Le bougre sait écrire et plutôt bien !

Une œuvre fleuve, avec les aléas des grands cours d’eau où l’on navigue parfois à vue ou dans le brouillard, mais qui vous entraînent pour un grand et long voyage. De quoi rêver, vibrer ou s’énerver, tout en savourant une prose plus complexe qu’il n’y paraît. Certains crièrent à l’esbroufe dès l’avènement de cet écrivain, mais au bout du compte, on est bien obligé de reconnaître le talent du bonhomme.
Soit, « La Cité du Gouffre » n’est pas aussi convaincant que les romans issus du Cycle de la Culture de Iain M. Banks (lecture impérative des trois premiers opus si vous ne les connaissez pas encore), mais ces deux auteurs partagent bien une qualité essentielle dans la SF “moderne”, celle de gentiment révolutionner le space opera, genre que l’on croyait bien moribond, pour y agréger une certaine forme d’avant-gardisme thématique avec le classicisme d’une histoire qui retient l’attention de tous.

Rénover sans démolir, c’est après tout être respectueux des grands anciens tout en leur filant un joyeux coup de pied aux fesses ! Ceux qui entreront dans « La Cité du Gouffre » ne le regretteront pas, les autres... Et bien, les autres devraient faire un effort (pour une fois) !

Stéphane Pons

Titre : La Cité du Gouffre
Auteur : Alastair Reynold
Traduction : Anglais (Angleterre), Presses de la Cité
Couverture : Illustration d’Alain Brion
Pages : 959
Format (en cm) : 17,8 x 10,8 x 4 (poche)
Éditeur : Pocket
Collection : Science-Fiction, n°5849
Site Internet : http://www.pocket.fr
Dépôt légal : septembre 2005
ISBN : 2-266-14758-7
EAN : 9 782266 147583

Prix : 12,30 €


Stéphane Pons
26 décembre 2005


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