Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Monde de Narnia, l’intégrale (Le) : Les 7 romans en 1 volume
Clive Staples Lewis
Gallimard Jeunesse, 877 pages, septembre 2005, 22 €


Série aussi mythique chez les Anglo-Saxons (et chez les lecteurs français l’ayant lu) que « Le Seigneur des Anneaux » de Tolkien ou le plus récent « Harry Potter » de J. K. Rowling, les sept volumes de « Narnia » s’adressent clairement aux enfants tout en étant, pour les grands, un pilier du genre « Fantasy ». Cette dernière édition en collection Gallimard Jeunesse est donc tout ce qu’il y a de plus logique, mais en réserver l’achat ou la lecture aux moins de 14 ans serait une erreur fondamentale.

Ainsi, le rang de classique parmi les classiques, la haute qualité littéraire de l’ensemble et les nombreux aspects novateurs ou religieux de l’aventure confèrent à cette série de contes, une portée universelle qui intéressera tous les lecteurs. Nous ne nous étendrons pas sur le débat qui fait rage chez les spécialistes quant à l’ordre de lecture adéquat, puisque C. S. Lewis n’avait pas non plus d’opinion tranchée. Écrites séparément, presque toutes les histoires sont indépendantes les unes des autres.

Entrons dans le vif du sujet, Narnia est un monde de légende, régenté par un lion messianique où les forces du bien et du mal s’affrontent souvent. Mais on n’y accède pas comme ça. Il faut utiliser des lieux de passage, être disposé au rêve, avoir l’esprit en éveil, posséder la clef des songes. Bref, garder son âme d’enfant est une condition sine qua non à l’aventure.

À partir de là, aucun frein ne vient s’insérer dans une mécanique délicate et bien rodée, Narnia vous capte et ne vous lâche plus. Si par comparaison, on peut évidemment trouver que la philosophie globale de ces aventures est plus simpliste que l’imaginaire développé par Tolkien, si l’on peut penser que le style de Lewis vieillit moins bien, il ne faut pas non plus rester à la surface des choses et de l’écriture du conteur. Plus complexe qu’il n’y paraît, Narnia est aussi une série bien plus ouverte à l’interprétation du lecteur. L’imaginaire qu’un enfant (ou qu’un adulte) pourra développer dans l’histoire semble moins cadré, moins encadré, que chez Tolkien. Il est incontestable que le cycle de Narnia se “vit” tout autant qu’il se lit.

Autre aspect intéressant lié à l’imaginaire développé par ces contes, leur rattachement évident à l’imaginaire anglais. Narnia est ainsi un prolongement naturel des « Nursery Rhymes », ces histoires, parfois épouvantables, dont les petits Anglais sont encore abreuvés de nos jours. Ainsi, si le postulat de départ du « Le Lion, la Sorcière Blanche et l’Armoire Magique » n’est pas sans rappeler « Cinq Enfants et Moi » de Edith Nesbit (publié presque 30 ans auparavent), sur le plan littéraire autant que pour les adaptations cinématographiques, il ne faut pas y voir des rapports de plagiat mais bien une filiation créatrice commune. Et là, pas de hasard, on touche à un critère culturel fondamental de nos amis d’outre-manche dont même des groupes de rock, surtout progressifs (cf. Genesis avec les albums « Trespass », « Nursery Crimes », « Foxtrot » et « Selling England by the Pound »), s’inspirèrent allègrement. Bref, plus anglais, t’es mourru !

Si les passionnés des littératures imaginaires savent que Lewis écrivit une des premières trilogies SF ambitieuse avec « Le Silence de la Terre », « Voyage à Vénus » et « Cette Hideuse Puissance », il faut aussi comprendre que les sept romans du « Monde de Narnia », sont aussi un pré-requis inévitable pour qui s’intéresse à la Fantasy.

Belle réédition chez Gallimard Jeunesse donc, la présence des illustrations originales de Pauline Baynes et l’édition intégrale en un seul volume, conférant à l’objet un caractère inévitable, impératif et non négociable. Les capacités de partir d’une inspiration culturelle très marquée (anglaise), de créer une œuvre très personnelle (totalement novatrice et originale), d’y retranscrire des questionnements d’auteurs (l’esprit messianique, la religion) pour arriver à livrer des romans aux thématiques universelles, compréhensibles et lisibles par tous, sont forcément les empreintes d’un chef-d’œuvre de la littérature mondiale.
Que Disney, qui avait raté le coche du « Seigneur des Anneaux » et « Harry Potter », se soit lancé dans l’aventure cinématographique « Narnia » toutes affaires cessantes, avec l’adaptation du premier roman (chronologiquement parlant) n’est pas non plus le fait du hasard. Quitte à trouver un produit concurrent, autant se frotter à ce qui s’est fait de mieux sur le sujet.

En résumé, un classique pour petits, grands et moyens, êtres humains ou surnaturels ! Le cadeau de Noël idéal pour ses enfants, petits-enfants ou plus égoïstement, pour son usage strictement personnel.

Stéphane Pons

Titre : Le Monde de Narnia
1 : Le Neveu du Magicien (1955), 2 : Le Lion, la Sorcière Blanche et l’Armoire Magique (1950), 3 : Le Cheval et son Écuyer (1954), 4 : Le Prince Caspian (1951), 5 : L’Odyssée du Passeur d’Aurore (1952), 6 : Le Fauteuil d’Argent (1953), 7 : La Dernière Bataille (1956).
Auteur : Clive Staples Lewis (1898-1963)
Traduction française : anglais (Angleterre) par Cécile Dutheil de la Rochère (1), Anne-Marie Dalmais (2 & 4), Philippe Morgaut (3, 5, 6 & 7)
Illustrations intérieures : Pauline Baynes
Couverture : Cliff Nielsen (photo, 2005)
Collection : Hors série
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Pages : 877
Format (en cm) : 16 x 6 x 24 (broché)
Site Internet éditeur : Gallimard Jeunesse
Site Internet : Narnia
Dépôt légal : septembre 2005
ISBN : 2-07-052432-9
EAN : 9 782070 524327

Prix : 22 €


Stéphane Pons
20 décembre 2005


JPEG - 15.8 ko



Chargement...
WebAnalytics