O’Shibun est rattrapé par son passé. Il doit punir celui qui fut son protecteur dans sa jeunesse. Koike représentait le clan tandis que O’Shibun, alors connu sous le nom de Jin Kazama, mettait en jeu la vie de personnes redevables auprès du Chinpang lors d’une partie de billard. Les règles étaient très simples : le perdant mourait, le joueur et celui qu’il représentait. Et c’est lors d’une de ces exécutions que Jin rencontra la femme de sa vie. Et comme un retour en arrière, plutôt que de condamner son ancien ami sans autre forme de procès pour sa trahison envers le Chinpang, il lui propose une partie de billard, comme dans leur passé, celui qui perd doit mourir. Mais Koike ne s’attend pas à l’autre proposition que lui fait O’Shibun : J. Boy représentera le Chinpang et O’Shibun représentera son ancien ami. Cette partie de billard risque bien d’être sa dernière, mais ce sera aussi l’occasion pour O’Shibun de révéler à J.Boy qui il est réellement mais surtout qui est vraiment le chef du Chinpang.

Junichi Noujou est un mangaka encore peu connu chez nous. Nous l’avons découvert avec sa série « Tokyo, fin du monde », mais le mangaka a été révélé au Japon avec une série sur le mah-jong, puis sur le shogi. Le mangaka était donc marqué par des histoires où le jeu a une part prédominante. Ce sera encore une fois le cas avec « J. Boy ». Ici, Junichi Noujou utilise le billard comme une arme mortelle car le perdant perd la vie. Voila donc une méthode plutôt originale pour une mafia de régler ses comptes. Ce sera aussi l’occasion de découvrir ce jeu très technique qui devient un véritable art quand joué par de véritables génies. A travers le billard, nous allons surtout suivre la fin d’un chef de la mafia chinoise, un homme qui aura vécu pour le billard et pour une femme qui le hantera toute sa vie. Le premier tome sera d’ailleurs un peu mystérieux, jouant sur l’amnésie de J. Boy et sur sa recherche d’identité. Ce sera O’Shibun qui nous introduira au billard, révélant la beauté de cet art qui est lié au passé de J. Boy.
Il faudra attendre le deuxième tome pour en savoir plus sur le passé des deux hommes et surtout sur cette femme qui hante les deux joueurs. Les révélations se feront au cours d’une partie de billard, évidemment, une partie de 9-Ball américain. A travers le flash-back de O’Shibun, Junichi Noujou nous raconte une double histoire d’amour : celle d’un homme et d’une femme qui ne pourront jamais le vivre, et celle d’hommes pour le billard. Le suspense est parfaitement entretenu jusqu’à la dernière page, qui nous laisse sur un cliffhanger d’une grande intensité. Junichi Noujou parvient à obtenir un juste mélange entre la tragédie sentimentale qu’a vécu O’Shibun et les deux parties de billard qui se retrouvent à travers le temps. On ne s’ennuie pas une seule seconde, les chapitres ayant toujours une juste dose d’action, de révélations et de technique de jeu. Les termes et les règles sont expliqués au fur à mesure que se déroule l’histoire, pour que le lecteur non initié prenne aussi du plaisir à lire ce récit.
Mais au-delà de l’histoire, Junichi Noujou est surtout un incroyable dessinateur aux graphismes hyper réalistes. Les personnages sont particulièrement expressifs et avec ce style de dessin, chacun possède des traits originaux, sans risque de confusion. Mais surtout, les parties de billard sont parfaitement représentées, l’immersion est totale et le lecteur vit les parties comme s’il était au bord de la table. Il vibre avec les joueurs mais aussi avec la très belle O Shien.
« J. Boy » est une série surprenante et finalement prenante, avec la performance de rester toujours autour d’une table de billard.
J. Boy (T1 et 2)
Auteur : Junichi Noujou
Traduction : Tetsuya Yano
Éditeur : Delcourt
Dépôt légal : 12 mars et 14 mai 2014
Format : 128 x 178 mm
Pagination : 224 pages
Numéro ISBN : 9782756031576 ; 9782756031583
Prix public : 7,99 €
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