Pour Kinjiro, c’est une révélation : il va soigner son amie en la faisant rire. Seulement, il y a un gros problème : Kinjiro n’a aucun sens de l’humour. Pourtant, ce n’est pas cela qui le décourage et pour montrer à sa bande qu’il est très sérieux dans sa décision, il décide de partir pour le club de comédie. Seulement sa réputation de lion furieux est connue de tous et son intrusion gêne les autres membres du club. Ce qui n’est pas le cas du chef du club, Morinaga. Ce dernier est d’ailleurs un des grands participants au Resto Barjo, ce qui fait de lui un maître comique et les performances de Kinjiro provoquent certes des éclats de rires mais formés uniquement de moquerie tellement le jeune homme est ridicule. Dépité, mais loin d’être découragé, Kinjiro retourne rejoindre son groupe. Mais en arrivant dans la salle de classe qu’ils doivent nettoyer, Kinjiro découvre par hasard que Spaghetti Arrabiatta est une de ses camarades de classe. Le jeune homme n’a alors plus qu’une seule option : la convaincre de lui apprendre comme faire rire !

Yuko Osada est devenu un nom réputé chez Ki-oon. Le mangaka nous avait habitué à des mangas allant à cent à l’heure, décapant et à l’humour bien rodé. « Run Day Burst » nous avait scotché durant ses huit tomes et Yuko Osada était devenu un de ses mangakas pour lesquels on attend avec impatience la nouvelle série. Et « Kid I Luck ! » s’annonçait dans le genre violent avec une couverture comportant un héros couvert de pansements. Et les premières pages allaient confirmer la première impression avec une bonne vieille baston ! Mais le discours qu’allait nous proposer Yuko Osada n’a en fait rien à voir avec un éloge de la violence, bien au contraire. Un événement dramatique va changer radicalement le héros. Kinjiro va subir un choc émotionnel en découvrant que sa meilleure amie a été violentée par sa faute. Mais cette fois, la vengeance ne servira à rien car son seul but est de soigner son amie de sa peur phobique de l’extérieur.
Yuko Osada va alors développer un thème qui ne peut être qu’approuvé : guérir par le rire. Notre héros, dépourvu du moindre sens de l’humour, va alors se battre pour parvenir à faire rire son amie. Et comme celle-ci ne sort plus de sa chambre, le seul moyen est de passer dans une émission télé humoristique. Le cheminement du héros sera totalement atypique puisqu’il va devoir devenir le disciple de l’antihéroïne par excellence : plutôt commune, timide, repliée sur elle-même, c’est en fait une reine du sketch, une génie de la petite phrase faisant exploser de rire. Le mangaka va jouer sur ce qui oppose ses deux héros : Kinjiro l’extraverti n’ayant honte de rien, et Yayoi, l’introvertie, craignant de dévoiler son secret. Toutefois, en y regardant bien, Yuko Osada reprend fidèlement les règles de base du shonen pour les adapter à un environnement totalement original. L’entrainement que subira Kinjiro ne sera pas physique mais intellectuel, l’arène devient un groupe d’improvisation et le grand tournoi un concours du meilleur comique. Et la sauce prend avec une facilité assez impressionnante car en respectant toutes ces règles, qui peuvent paraître rébarbatives, Yuko Osada obtient un manga surprenant, inédit et réellement drôle.
D’habitude, c’est le moment où je vous parle des graphismes, de la qualité des décors, des personnages qui ont une vraie gueule. Bon, Yuko Osada est fidèle à lui-même, avec ce trait caractéristique, ses personnages attachant et sortant des stéréotypes. Le tout avec un excellent côté cartoon. Mais en fait, avec comme thème l’humour, c’est évidemment la qualité des blagues qui est attendue et c’est là où le travail de traduction devient crucial et peut miner une série qui, en version originale, est désopilante. Ce travail est d’autant plus compliqué que certaines blagues en Japonais tombent littéralement à plat dans une version française. Fédoua Lamodière tient réellement le succès de la série entre ses mains. Lourde responsabilité ! Je ne dirai pas que toutes les blagues et jeux de mots font mouche mais le résultat est de qualité. Comparer avec le texte original n’a d’ailleurs que peu d’intérêt vu que, franchement, combien de lecteur lise du Osada dans le texte ? Alors apprécions plutôt le travail de traduction de Fédoua Lamodière qui devra nous tenir en haleine durant les trois tomes de la série.
Trois tomes, ce qui semble très raisonnable vu l’histoire, et le fil rouge qui ne pourrait durer éternellement. Et faire rire avec des jeux de mots durant trois tomes est déjà une sacrée performance.
Kid I Luck ! (T1)
Auteur : Yuko Osada
Traducteur : Fédoua Lamodière
Éditeur français : Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 216 pages
Date de parution : 25 septembre 2014
Numéro ISBN : 9782355927300
Prix : 7,90 €
© Yuko Osada, Kazuya Machida / SQUARE ENIX CO., LTD.
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