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Cabinet du Docteur Black (Le)
E.B. Hudspeth
Le Pré-aux-Clercs, traduit l’anglais (États-Unis), fantaisie anatomico-mythologique, 191pages, septembre 2014, 26€

Qui était réellement le Docteur Black, au sujet desquels coururent tant de rumeurs, un moment loué par tous, mais dont on affirma plus tard qu’il pratiqua des abominations blasphématoires ? Quel fut son rôle dans le développement de la médecine et de la chirurgie, quels furent réellement ses théories les plus excentriques. A travers deux documents – la biographie de Spencer Black et la reproduction d’un de ses traits – un point sur un savant d’exception « dont les exploits personnels et professionnels », rapporte la chronique, « étaient nettement plus scandaleux que ne l’étaient les romans gothiques si populaires à l’époque. »



«  Ma mère est décédée en me donnant naissance alors que mon père l’assistait, tenant ma vie dans une main et sa mort dans l’autre .  »

Spencer Black naît en 1851, à Boston, dans l’état du Massachussetts. Tout comme son père, qui enseigne l’anatomie, tout comme son frère, né en 1848, il sera médecin. Mais un médecin au-dessus du commun des mortels : très tôt, il fait preuve de dons prodigieux, notamment dans le domaine de la chirurgie, et plus encore dans celui de la chirurgie des anomalies congénitales. Des très loin, des parents leur apportent leur enfant malformé, il fait des miracles, s’attire l’estime du public et de ses pairs. Audacieux dans la chirurgie, il l’est également dans la théorie : ses travaux sur l’évolution sont originaux, mais il est persuadé d’être dans le vrai.

«  Ce qu’il affirme devrait être publié dans un roman dont le public est plus enclin à apprécier l’hystérie générée par les monstres . »

Mais ne pouvait-on pas s’attendre à ce qu’un jeune médecin dont le père, professeur d’anatomie au Medical Arts College de Boston, l’emmenait nuitamment déterrer des cadavres, et qui gardait dans son bureau « certains de ses macchabées favoris qu’il avait conservés, habillés et placés sur des supports », finît par basculer lui-même dans la folie ? Comme beaucoup de savants prodiges, le docteur Black n’est pas long à s’égarer vers des théories fumeuses, à savoir que certaines malformations reproduisent des composantes anatomiques de créatures que l’on croit mythologiques, mais qui auraient bel et bien existé.

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«  J’ai dépecé beaucoup d’hommes. Tous sont innocents et égaux lorsqu’ils sont sur la table . »

Rejeté par la communauté scientifique, Spencer Black trouve alors des éléments en faveur de ses thèses auprès de la communauté foraine, à laquelle il rachète un « enfant-faon » qu’il dissèque, puis à laquelle il se joint, en produisant de toutes pièces des squelettes de monstres. Jusqu’à ce qu’il passe un cap supplémentaire vers la démence et l’horreur en décidant, aidé par sa science de la chirurgie, à créer lui-même des espèces nouvelles. Et n’oublions pas qu’en langue anglaise, « Le Cabinet du Docteur Black » est intitulé « The Resurrectionist  », titre qui ne manque pas d’évoquer l’univers d’un certain H.P. Lovecraft.

Les amateurs d’apocryphes ne pourront que se réjouir en feuilletant cet ouvrage : depuis les remerciements de l’éditeur aux conservateurs du Museum of Medical Antiquities de Philadelphie, qui ont « parcouru les collections privées à la recherche des journaux, des lettres et des illustrations du Dr Spencer Black », jusqu’à la note précisant les circonstances d’impression, en un nombre restreint d’exemplaires originaux, du Codex Extinct Animalia, en passant par les extraits de la correspondance du Docteur Black, les souvenirs de membres de sa famille, les coupures de journaux, la reproduction des affiches de ses shows et autres témoignages d’époque, rien ne manque.

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Le seconde partie de l’ouvrage est constituée d’un fac-similé du Codex Extinct Animalia, opus magnum du Docteur Black, composé de plus de quatre-vingt dix planches anatomiques qui évoquent les ouvrages savants de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, voire même plus récents, y compris des traités d’anatomie humaine comme le fameux Rouvière. Squelettes et écorchés, certes, mais pas tout à fait ceux dont ont l’habitude les amateurs de galeries d’anatomie comparée, car ces planches, accompagnées de courtes introductions explicatives et agrémentées de légendes, sont consacrées à l’anatomie de ces créatures que nous considérons comme mythologiques mais que Spencer Black prétendit réelles : sphinx, sière, Pégase, Minotaure, chimère, Ganesh, chien des enfers, centaures et autres harpies apparaissent ici sous le regard de la science.

En décidant d’offrir aux lecteurs une version française de cet ouvrage, les éditions Le Pré aux Clercs n’ont pas lésiné sur la qualité. Relié, cartonné, doté d’une superbe jaquette en noir, gris et blanc, et agrémenté de ces belles planches anatomiques, « Le Cabinet du Docteur Black » fait assurément partie de ces ouvrages qui se remarquent, et que les amateurs d’anatomie, de mythologie, de cryptozoologie, de supercheries scientifiques et d’êtres imaginaires auront plaisir à voir figurer dans leurs rayonnages.

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Titre : Le cabinet du docteur Black (The Resurrectionist, 2013)
Auteur : E.B. Hudspeth
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Marion Cot-Nicolas
Couverture : E.B. Hudspeth
Éditeur : Le Pré aux Clercs
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 191
Format (en cm) : 19,5 x 27,5
Dépôt légal : septembre 2014
ISBN : 978-2-84228-568-5
Prix : 26 €


Illustrations © E.B. Hudspeth et ayants droits

Critique par Hilaire Halrune, mise en images de Fabrice Leduc


Fabrice Leduc
Hilaire Alrune
23 décembre 2014



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