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Le cyberespace de l'imaginaire




Joyland
Stephen King
Albin Michel, roman (USA), fantastique, 323 pages, mai 2014, 21,90€

Devin Jones a 21 ans cet été 1973, il vient de se faire larguer par sa copine et est un peu déboussolé. Pour payer ses études, il se fait embaucher pour la saison estivale à Joyland, un parc d’attraction familial. Il ignore encore qu’il va s’y révéler, enquêter sur un fantôme qu’il ne verra pas, sauver des vies et surtout, « porter la fourrure ».



Dans la lignée de « Stand by me », ainsi que l’annonce la quatrième de couverture, « Joyland » est une magnifique histoire comme Stephen King sait les conter, allant au plus près des sentiments de ses personnages, nous faisant vivre, vibrer et grandir avec eux.

C’est tout d’abord un double portrait qu’il nous brosse. Celui de Devin Jones, étudiant en plein spleen post-rupture, à tendances suicidaires comme tout jeune adulte en plein premier gros chagrin d’amour quand il écoute les Doors et Pink Floyd en boucle. Celui de cette Amérique des années 70, en début de désillusion mais où les choses semblent encore possibles, réalisables, même si elles ne sont plus aussi faciles qu’à l’âge d’or.

Avec deux autres étudiants, Erin et Tom, Devin entre dans un autre, un nouveau monde, celui de Joyland. Mais la philosophie du créateur du parc, « nous vendons du bonheur aux gens », va révéler le jeune homme à lui-même. Il apprend la « parlure », le langage des forains, et se fond dans cette nouvelle famille. Excellant dans l’épuisant rôle de la mascotte du parc Howie le Chien Gentil, Devin oublie enfin sa peine de cœur en répandant la joie auprès des enfants.

Mais... un mystère rôde. Entre la voyance, une veuve juive new-yorkaise, qui semble vraiment fine au jeu des devinettes, et l’histoire de la jeune fille retrouvée assassinée dans le train fantôme, Dev n’est pas totalement serein. Surtout que lorsqu’avec ses amis ils vont visiter l’attraction, c’est Tom le pragmatique qui voit le spectre, ce qui le changera à jamais.
Mais Dev n’en démord pas. Avec l’aide d’Erin et du Prêt entre Bibliothèques (l’ancêtre d’internet, qui n’a pas disparu !), il mène son enquête...

Parallèlement, en bord de plage sur le chemin entre sa chambre et le parc, il rencontre un drôle de couple : Mike, un enfant en fauteuil roulant et sa mère, Annie. Le contact sera long à s’établir avec cette femme résolue à surprotéger son fils condamné par la maladie, mais lorsque la glace fondra, elle permettra les de sauver, définitivement, tous les trois.

Mike, loin de se morfondre, veut vivre pleinement, et trouve un allié en Dev pour desserrer le carcan que lui impose sa mère. Sa maladie, et aussi ses visions, l’ont rendu très mature, plus que les deux adultes, et c’est grâce à lui qu’ils vont tous les deux finalement revenir sur le chemin de la vie. Et grâce à son pouvoir, Dev’ et lui pourront libérer le fantôme du parc et lever le voile sur son meurtre.

Objectivement, rares sont les moments de rire dans « Joyland ». Entre le meurtre irrésolu, la peine de Dev et la maladie de Mike, c’est la tristesse qui prédomine. Et pourtant, chacun surmonte tout cela, jour après jour, et rend cette histoire lumineuse.

Je ne suis pas très « littérature générale », et un King de ce genre n’a qu’une goutte, une pépite, une étincelle de fantastique, et guère plus de mystère. Mais cela « suffit », avec tout le talent de l’auteur, à en faire un merveilleux moment, à la périphérie lointaine des codes des genres de l’imaginaire. Peut-être aussi parce que l’on sait, avec Stephen King, que la fin ou les moyens ne seront pas entièrement du domaine du réel et du compréhensible.
Parce qu’il sait rendre ces mondes, beaux et tristes, magiques.


Titre : Joyland (Joyland, 2013)
Auteur : Stephen King
Traduction de l’anglais (USA) : Nadine Gassie et Océane Bies
Éditeur : Albin Michel
Collection : littérature étrangère
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 323
Format (en cm) : 22,5 x 15,5 x 2,5
Dépôt légal : mai 2014
ISBN : 9782226258069
Prix : 21,90 €



Nicolas Soffray
31 mai 2014


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