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Île du Sacrifice (L’)
Håkan Östlundh
Éditions Prisma, Prisma Noir, roman traduit du suédois, policier, 430 pages, avril 2014, 19,95€

Deux cadavres sont trouvés dans une maison : celui de la femme de la maison et celui d’un homme sauvagement massacré et à l’aspect méconnaissable. Est-ce celui d’Arvid Traneus, le mari qui vient de rentrer d’un long séjour au Japon ?
Quand il s’avère que ce n’est pas le sien, il devient le principal suspect, car il est connu pour son caractère autoritaire. Et puis sa disparition ne plaide pas en son innocence...
La police locale va mener l’enquête afin de mettre toute la lumière sur cette sinistre affaire.



« L’Île du Sacrifice » est le second roman de Håkan Östlundh, auteur suédois et ancien journaliste, à paraitre chez Prisma Noir. L’histoire se passe aussi sur l’île suédoise de Gotland et met en scène la même équipe policière.
Alors que dans le précédent opus, Fredrik Broman débarquait sur l’île et rejoignait juste la brigade de Visby, la principale ville de l’île, ce roman débute par son arrivée, gravement blessé, à l’hôpital en hélicoptère. On ignore tout du pourquoi, mais on suit en fil rouge son cas, sa difficulté à redevenir lui-même.
Le début est assez déroutant, car une date est indiquée pour son admission, puis le chapitre suivant, sans aucune mention de temps, on se retrouve tout au début de l’affaire qui l’a conduit à cette situation.

Håkan Östlundh s’étend beaucoup, car les victimes comme leur famille sont aussi présents, voire plus, dans l’histoire que les enquêteurs. Si d’un côté, c’est bien, car les lecteurs ont appris à connaître les victimes, puis partagent le chagrin de leurs enfants, d’un autre côté, il est difficile d’éprouver grand-chose vis-à-vis des policiers qui n’apparaissent que de temps à autre. Il est un peu dommage que l’accent ne soit pas plus mis sur ceux-ci, restant un peu des inconnus pour nous. Peut-être que la lecture du précédent « Meurtres à Gotland » est nécessaire pour éprouver une plus grande empathie envers les forces de l’ordre ? Il essaie bien de pimenter un peu leur vie, rappelant à l’occasion une liaison entre deux collègues, en poussant Sara à faire des révélations à un Fredrik Broman dont l’intellect est sujet à caution du fait de son état grave... mais trop peu pour réellement titiller notre intérêt.

Malgré tout, ce parti pris n’est pas sans atout, car la personnalité d’Elin Traneus est fouillée. Elle nous montre toute sa détresse d’avoir perdu sa mère et les sentiments plus ambigus éprouvés envers son père qui apparait bien peu sympathique au fil du récit. L’auteur met très bien en lumière les cas de maltraitance conjugale et la façon dont l’entourage les appréhende. Si les enquêteurs en dévoilent bien peu sur eux, il n’en est pas de même de la famille Traneus qui nous livre bien des secrets.
Håkan Östlundh n’hésite pas à remuer un passé plutôt sordide, à éveiller le voyeur qui sommeille en chacun de nous et qui assiste impuissant à d’anciens faits. Il nous pousse habilement à prendre parti, à ne pas rester indifférent à la lecture de « L’Île du Sacrifice ».
De fait, ce roman se dévore, alors que les progrès de la police sont laborieux. C’est tout ce qui entoure l’affaire proprement dite qui est passionnant et nous pousse à tourner les pages à l’affût de nouvelles révélations. De ce point de vue, « L’Île du sacrifice » se révèle redoutable.

Même si l’équipe policière, soit un marqueur fort des polars, reste un peu en retrait, « L’île du Sacrifice » possède un côté fascinant par sa façon de lever le voile sur l’entourage des victimes. On en sort avec l’envie de savoir si l’île de Gotland livrera de nouvelles affaires sordides de la sorte.


Titre : L’Île du Sacrifice (Blot, 2008)
Auteur : Håkan Östlundh
Couverture : Photo © Henrik Trygg/Corbis
Traduction du suédois : Rosine Longuet
Éditeur : Éditions Prisma
Collection : Prisma Noir
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 430
Format (en cm) : 14 x 24
Dépôt légal : avril 2014
ISBN : 978-2810412723
Prix : 19,95 €



François Schnebelen
17 mai 2014


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