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Complot des immortels (Le)
James Rollins
Fleuve Noir, traduit de l’anglais (États-Unis), thriller, 535 pages, mars 2014, 20,90€

Avec James Rollins, on sait à quoi s’attendre : du thriller qui décoiffe, sans finesse excessive, sans souci très marqué de vraisemblance, mais avec tous les bons ingrédients du genre. Si Rollins écrit des thrillers « one-shot », il est également le créateur de la Sigma Force, une équipe secrète d’investigation et d’intervention, dont plusieurs aventures ont déjà été traduites en français : « Tonnerre de sable », « L’Ordre du Dragon », « La Bible de Darwin, « La Malédiction de Marco Polo », « Le Dernier Oracle », « La Clef de l’Apocalypse » et « La Colonie du Diable ». Nouveau challenge, donc, pour les membres de la Sigma Force, appelés une fois encore à lutter contre des organisations crapuleuses et tentaculaires.



Quel rapport entre le bâton de Saint Patrick, relique datant du cinquième siècle, les recherches les plus récentes sur l’acide peptidonucléique variante de notre support génétique, une confrérie occulte et séculaire, la Guilde, une autre confrérie non moins occulte, la Loge, des individus relevant de ce que l’on nomme en frissonnant la Lignée et la disparition répétée de jeunes femmes que nul ne devrait jamais regretter ? Un rapport de taille qui pourrait n’être rien d’autre que la manie qu’ont les humains de se lancer à la conquête de l’immortalité.

Lorsque l’aventure commence, elle ne semble pourtant guère susceptible d’avoir de telles ramifications. C’est en Somalie que l’équipe Sigma part à la recherche de la fille du président américain, enlevée par des pirates. Qu’elle se soit trouvée au large des côtes somaliennes, à son dernier mois de grossesse qui plus est, les intrigue quelque peu mais l’essentiel est de la récupérer. Vivante. Après avoir découvert qu’elle n’a pas été enlevée par hasard et qu’ils ont affaire à un ennemi de très grande envergure, ils échoueront. Mais comprendront néanmoins que le cadavre abandonné à leur intention n’est pas la véritable Amanda, et que ceux qui les ont manipulés pourraient bien se trouver aux États-Unis.

L’action se déroule à plusieurs niveaux. Si les tribulations explosives de la Sigma Force à travers la Somalie, puis Dubaï, puis les États-Unis eux-mêmes restent au premier plan, l’enquête menée dans les cercles du pouvoir par Painter – le responsable de l’équipe Sigma – et son informaticien, ainsi que les déboires de deux enquêtrices de la même équipe enlevées à l’occasion de leur infiltration dans des cliniques privées et confrontées à des projets secrets allant au-delà de l’abominable ne sont pas moins rythmés.

Expérimentations biologiques sur l’homme, robots prédateurs et chasseurs d’humains (certaines séquences donneront des cauchemars aux lecteurs et les pousseront sans doute à se débarrasser de leurs aspirateurs « intelligents » et autonomes), armes et gadgets high-tech à tous les étages (qui, hélas, sortent toujours des poches des protagonistes comme des « deus ex machina » ), sauvetages immuablement « in extremis », affrontements en tous genres et pyrotechnies rituelles (explosions avec destruction spectaculaire d’une île artificielle au large de Dubaï, puis effondrement de terrain gigantesque aux États-Unis) permettent à James Rollins de dérouler son action sans temps mort.

On pourra faire au « Complot des immortels » une poignée de reproches. L’écriture est strictement basique et utilitaire, les clichés abondent, les raccourcis et invraisemblances sont légion, les rebondissements et retournements de situation convenus. Les personnages ne sont rien d’autre que des stéréotypes aux psychologies sans véritable épaisseur, les dialogues plus que basiques avec des répliques lues ou entendues mille fois. La surprise finale ne s’intègre qu’assez mollement à l’intrigue et semble placée là dans l’unique dessein d’ouvrir une piste pour une nouvelle aventure de la Sigma Force.

On aurait tort, sans doute, d’en vouloir à l’auteur, qui de toute évidence accumule les poncifs dans un but strictement commercial, technique qui au vu de son succès semble efficace. Et si l’on a parfois l’impression, plutôt qu’un véritable thriller, de lire la « novelisation » d’un long métrage ou même d’un feuilleton, si ce n’est de feuilleter les pages d’un scénario, ce n’est que parce que ce roman est intentionnellement conçu pour des lecteurs peu exigeants, qui ne verront pas se craqueler le très mince vernis historique et scientifique de l’ensemble et glisseront sur ses incohérences. Et auront même l’occasion ici et là d’apprendre quelques petites choses, notamment que dans l’armée américaine les chiens sont plus gradés que leurs maîtres afin que ces derniers puissent être traduits en cour martiale s’ils leur font subir des mauvais traitements – un détail qui semble suffisamment surréaliste pour être vrai.

Pour ces lecteurs qui ne demandent rien d’autre qu’un thriller avec suspense et action, mais sans exigence excessive pour les neurones, « Le Complot des Immortels » apparaît comme le produit idéal. Facile à lire, rythmé, prenant, sans longueurs, il remplacera avantageusement un de ces longs métrages trépidants et spectaculaires dont il possède tous les ingrédients.



Titre : Le Complot des Immortels (Bloodline, 2012)
Auteur : James Rollins
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Leslie Boitelle
Couverture : De Agostini / W. Buss / Getty images / dpcom
Éditeur : Fleuve Noir
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 535
Format (en cm) : 14 x 22,5
Dépôt légal : mars 2014
ISBN : 978-2265097261
Prix : 20,90 €



James Rollins sur la Yozone :

- « Amazonia »
- « L’Ordre du dragon


Hilaire Alrune
17 avril 2014


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