Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Galaxies n°27 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°27, SF - nouvelles - articles – critiques - entretien, janvier 2014, 192 pages, 11€

Lorsque ce dossier a été réalisé, ses auteurs étaient sûrement loin d’imaginer les événements qui allaient agiter l’Ukraine. Bien loin de cette triste actualité, ce numéro permet aux lecteurs de découvrir cette science-fiction ukrainienne, dont certains acteurs sont loin d’être des inconnus par chez nous. En effet, « Géante Rouge », puis « Galaxies » ont révélé l’auteur bicéphale Henry Lion Oldie en France, invité de la convention de la science-fiction française en 2006.



Ce dossier est intéressant à plus d’un titre : une brève introduction qui n’est pas sans avoir des échos dans l’actualité, un article explicatif sur le sujet, deux entretiens et quatre nouvelles, deux récentes et deux anciennes. De quoi balayer le sujet et d’en donner un bon aperçu.

Deux critiques littéraires signent l’article “La petite cerisaie derrière la chaumière vs Les pommiers de Mars” qui revient sur l’histoire de la SF en Ukraine et plante le décor en nous parlant notamment du marché local. On y découvre la notion de roman chimérique, un peu une spécificité ukrainienne. Très instructif !
Suivent deux entretiens qui permettent d’encore mieux cerner cette prose chimérique. Deux textes des intéressés accompagnent ces interviews.
Vladimir Arenev nous livre “Derrière le verre” où l’arrivée d’aliens se traduit, entre autres, par une sorte de reality show mettant en avant quelques terriens. Étonnante demande des Uddods qui exhibent ainsi quelques spécimens locaux qui deviennent quasi des héros à qui toute intimité est interdite.
Ambiance Big Brother vous regarde, motivation des extraterrestres ambiguë, nouvelle prenante.

Henry Lion Oldie nous tient à bout de souffle tout au long de “Le huitième cercle du métro”. Nouvelle haletante et n’étant pas sans rappeler Sege Brussolo, où la vie n’est qu’un jeu dangereux, un affrontement continuel pour franchir les différents paliers et atteindre l’inaccessible huitième niveau. Mais pourquoi ? Vraiment une superbe anticipation.

Deux textes des années soixante clôturent ce dossier, ce qui est une bonne idée pour mieux balayer cette SF ukrainienne.
Igor Rossokhovatski nous dévoile un sur-homme, un homme qui a été l’objet d’expériences pour dépasser le simple cadre de l’humain normal. Mais que reste-t-il de celui qu’il était auparavant ? L’auteur a choisi un bel axe pour développer son histoire en mettant en scène une fillette et un de ces synthommes. “Qui seras-tu la prochaine fois ?” est touchant, l’auteur traduit plutôt bien le niveau de pensée de ce nouveau stade artificiel de l’évolution.
Rencontrer un vieil homme aux idées saugrenues dans la forêt peut faire sourire. Sous ses airs d’original voulant se lancer à la conquête de l’espace, difficile de le prendre au sérieux. Pourtant... “Un chœur d’éléments” d’Oles Berdnyk constitue un agréable divertissement non dénué d’une certaine philosophie.

Ce dossier concocté par Patrice et Viktoriya Lajoye séduit aussi bien par sa présentation de la SF ukrainienne avec ses spécificités (certains auteurs écrivent en russe, d’autres en ukrainien) que par des nouvelles bien maîtrisées.

Zone de silence” de Patrice Lussian nous amène sur une planète où la cohabitation entre l’espèce humaine et les locaux s’avère difficile. C’est une nouvelle qui se lit très bien, laisse un bon sentiment immédiatement après, mais une semaine plus tard, on est déjà bien en peine de dire ce qu’elle raconte. Toutefois, le plaisir de lecture est là, ce qui est l’essentiel.

L’Espagnol Santiago Eximeno nous invite à partager l’intimité d’une famille dont l’enfant découvre par hasard que ses parents sont des super-héros. Il a du mal à accepter qu’ils ne lui aient rien dit. La narration à la deuxième personne donne un ton plus musclé à “Tarentule” et renforce la conclusion. Ce texte est plus complexe que l’on pourrait le penser de prime abord. Un auteur décidément à suivre !

Le marché du rêve est en plein essor, un producteur est à la recherche de la perle rare dans les bas-fonds, d’une personne capable de générer un songe qui emportera l’adhésion et écrasera la concurrence. Las, rien de neuf, jusqu’au dernier candidat, un vieillard.
Laurent Gidon emporte l’adhésion avec son idée, surtout que la fin est très belle, apporte une touche de sentiment que l’on n’attendait pas. “Le Vent du soir” souffle et conduit à la rêverie.

Keffy R.M. Kehrli pose un beau cas de conscience. Sara, la fille d’un couple, est morte. Heureusement qu’elle peut revivre dans un second corps de culture, mais l’implantation de ses souvenirs se passe mal et la nouvelle Sara est différente de l’originale. Ses parents ne veulent pas de cette Sara ne correspondant pas à leurs attentes. Qu’en faire ? “Le fantôme d’une fille qui n’avait jamais vécu”, tout simplement magistral !

R. Nest, l’androïde imaginé par Martin Lessard dans “Vingt fois sur l’émotion remettez votre ouvrage”, sort de sa routine habituelle, se découvrant des sentiments. D’une froideur clinique dans ses actes, il évolue vers de nouvelles sphères avec une fin en apothéose. Déroulement implacable, du beau boulot !

Dans la partie Articles, on passera rapidement sur “Échos de la recherche” d’une grande sècheresse pour se concentrer sur l’article que Jean-Pierre Fontana consacre au fandom français. Cette première partie s’avère une mine d’informations. Elle nous plonge dans l’histoire de notre genre préféré, nous révèle toute sa richesse et la passion des fans. Vivement la suite !

Un numéro 27 de « Galaxies » costaud avec quasi que du très bon.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 27 (69 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Vladimir Bondar
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : janvier 2014
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
22 mars 2014


JPEG - 58.7 ko



Chargement...
WebAnalytics