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Solaris n°189
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°189, science-fiction et fantastique, nouvelles – articles – critiques, hiver 2014, 160 pages, 10CAD

L’éditorial de Joël Champetier débute par l’annonce du décès de Jean Dion (1949 – 2013), décrit comme l’un des plus grands nouvellistes de la science-fiction québécoise. Alors qu’il n’a écrit qu’une vingtaine de textes de 1979 à 2000, il n’en a pas moins marqué le milieu.
« Solaris » lui rend hommage en en publiant trois : deux écrits en solo et un en collaboration avec Guy Sirois, sous le pseudo de Michel Martin.



L’évangile des animaux” date de 1989, mais n’a pas pris une ride avec le sujet des manipulations génétiques toujours d’actualité. Les animaux ont été remplacés par des créatures élaborées de toutes pièces en laboratoire. Les gens les préfèrent aux vrais qui sont abandonnés et finissent souvent dans les fourrières aux méthodes d’extermination de triste mémoire. Comment y remédier ? Les amateurs des créations high-tech le veulent-ils seulement ? Et si ce n’était qu’une étape ?
Après cette lecture prenante, alarmiste sur les dérives possibles, on ne peut qu’adhérer aux propos du rédacteur en chef.

Écrit la même année, “La promesse de Tom” s’avère moins passionnant mais non moins intelligent. Il met en scène des parents inquiets pour leur fillette qui a un ami imaginaire, Tom. Elle ne semble jamais seule, toujours avec cet invisible Tom. La psy a beau leur dire que cela passera avec l’âge, cette relation ne leur plaît pas.
Jean Dion ne se contente pas d’effleurer le sujet en surface, il creuse la chose et imagine un développement surprenant. Il montre là qu’il ne faut pas s’arrêter aux évidences, mais qu’il faut voir plus loin. Et il le fait très bien.

Souvenir de mort” rédigé avec Guy Sirois nous mène par le bout du nez. À l’image du personnage, le lecteur nage dans une certaine confusion. Heureusement qu’il y a des certitudes sur lesquelles se reposer... La chute finale est particulièrement brillante et nous assène une belle claque, une de celle que l’on apprécie de prendre régulièrement.

Trois nouvelles, trois belles preuves du talent de Jean Dion, hélas disparu et hélas bien trop rare et discret.

Le début de “Cheese !” est déstabilisant, ressemble à un mauvais trip comme nous le présente elle-même l’héroïne qui commence alors sa descente en enfer. Katerine Thériault a imaginé un chemin alambiqué pour parvenir à la conclusion gore en diable. Une fois lue, on a du mal à assembler le tout et, quelques temps après, il faut quasi la relire pour en reconstituer le propos. Il y a du potentiel, mais pour moi, la sauce a du mal à prendre.

Isabelle Lauzon, également présente dans la revue « Alibis » du même trimestre, nous plonge dans sa version du Déluge et de l’arche de Noé. Un capitaine fait un pacte avec Yamel pour sauver son navire. En échange, il doit remplir une mission : ramener à bord les personnes que Yamel lui désigne avant que la pluie ne s’abatte.
Le passeur” surfe sur une histoire connue, revisitée fort habilement pour l’occasion. Agréable détournement.

Le titre de la nouvelle de Juan Munoz, “Ta mère est un vieux char” donne le ton. Un virus sévit, le robot enquêteur a du travail en perspective ! Beaucoup de dialogues, du rythme, de la folie. C’est court et percutant.

Futurs empoisonnés” est un assemblage de miniatures, toutes plus réjouissantes les une que les autres sur l’avenir. Michel Lamontagne nous régale de ses short, souvent lorgnant du côté du bizarro (ex : “le coiffeur”). À lire et à relire pour mieux les apprécier.

La couverture relève du steampunk, ou du moins d’une science-fiction des débuts, avec un homme volant au moyen d’un étonnant dispositif. Ce choix n’est pas innocent, il se réfère à l’article “La machine chicoutimienne à remonter le temps”, signé Claude Janelle. Il s’agit d’un compte-rendu du colloque “C’était demain : anticiper la science fiction en France et au Québec (1890-1950)”. Suivant le côté de l’Atlantique où l’on se trouve, les noms évoqués n’éveilleront pas les mêmes échos. Technique mais intéressant.

Mario Tessier s’attarde sur un sujet pour le moins inattendu et original : “Le Vatican et les extraterrestres”. Existent-ils pour l’Église ? Peuvent-ils également être des créations du Seigneur ? Surprenant et très instructif. C’est aussi l’occasion de découvrir que Mario Tessier a gardé un souvenir impérissable de sœur Berthe. Belle touche d’humour initiale et finale.

Christian Sauvé revient sur les films d’animation : « Frankenweenie », « Hotel Transylvania »... ainsi que sur l’incontournable « Gravity », avant qu’un bon nombre d’ouvrages soient chroniqués.

Pour ceux qui ont lu « Alibis 49 », la surprise mentionnée par Joël Champetier à l’occasion du prochain « Solaris » n’en est pas une. On ne l’attendra pas moins avec impatience, car le contenu du présent numéro est particulièrement jouissif.


Titre : Solaris
Numéro : 189
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Chantal Fournier
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 189 
Période : hiver 2014
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 10 CAD



François Schnebelen
3 mars 2014


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