Depuis l’épisode précédent, la meute du Griffon dispose des quatre oiseaux, des esprit-fées, supposés servir de clés vers les différentes portes menant au puissant esprit-Dieu Ju-Œil-De-Dragon. A leur trousse, la horde du seigneur Griffon, qui a rejoint les ténèbres, se rapproche. L’affrontement est inévitable.
Le rythme de ce dernier opus est particulièrement soutenu. L’immersion est totale. On a parfois l’impression de fuir aux côtés de nos huit héros. Et comme si ces difficultés ne suffisaient pas, le franchissement de la première porte magique déclenche une épreuve terrible : affronter l’un des leurs, devenu incontrôlable. A peine ce combat terminé qu’une nouvelle porte se présente devant eux… Cette densité narrative est assez bien maîtrisée. Le lecteur reste captivé, sans se sentir perdu.
Cependant, ce plein d’actions ne peut se faire qu’au détriment d’autres aspects de l’histoire. Les états d’âmes des personnages sont, par exemple, clairement mis de côté. Dommage. J’avais bien aimé les conflits naissant entre les différents protagonistes dans “Le Seigneur des trois cités”. J’espérais que ces oppositions s’accentuent au fil des planches, remettant peut-être même en cause le prix à payer pour accomplir cette quête. Raté. Ce troisième et dernier opus reprend les ficelles classiques de la course contre les forces du mal. Pour autant, cet album ne manque pas d’originalité. Bien sûr, les références sont nombreuses, mais l’univers japonais médiéval fantastique et plusieurs autres bonnes idées donnent à ce scénario une saveur particulière. Le plaisir de lecture est total.
Les auteurs ont réussi le pari de clôturer leur série en seulement trois volumes. L’exercice est louable tant on imagine la facilité à tirer cet univers florissant sur plusieurs tomes. C’était d’ailleurs ma crainte initiale. En quarante-huit planches, le lecteur accompagne ainsi la meute dans sa course effrénée, assiste aux diverses épreuves, admire les talents des combattants face à leur homologue maléfique et découvre la lutte finale contre les forces des ténèbres. Et je ne vous dit pas tout… On se demande même si l’histoire n’a pas été tronquée pour tenir en un seul livre. Pourquoi disposer de quatre oiseaux s’il n’y a que trois portes à ouvrir ? Et certains combats auraient mérité quelques cases supplémentaires, histoire d’assurer le suspens. C’est assez rare pour être relevé, cette fois, on aurait apprécié un album supplémentaire.
Égal à lui-même, Paolo Deplano nous offre des dessins magnifiques, sublimés par les couleurs subtils de Silvia Fabris. Les décors, variés, renforcent l’immersion du lecteur. Les mouvements et les nombreuses scènes d’actions sont vivants et crédibles. Le cadrage et le découpage des planches dynamisent également ces scènes. Encore une belle réussite donc.
“Mercenaires” restera donc dans le cœur de ses lecteurs. Tous les ingrédients d’une bonne série sont présents : un environnement original, des personnages charismatiques, un rythme effréné, des graphismes somptueux… S’il fallait lui trouver un défaut, certains diraient qu’elle a un goût de trop peu.
(T3) Ju-Œil-De-Dragon
Série : Mercenaires
Direction de la série : Jean-Luc Istin
Scénario : Nicolas Jarry
Dessin : Paolo Deplano
Couleurs : Silvia Fabris
Éditeur : Soleil Productions
Dépôt légal : 3 juillet 2013
Format : 234 x 323 mm
Pagination : 48 pages couleur
ISBN : 978-2-3020-2567-7
Prix Public : 13,95 €
A lire sur la Yozone :
Mercenaires (T1) La Meute du Griffon
Mercenaires (T2) Le Seigneur des trois cités
Illustrations © Deplano et Soleil Productions (2013)
