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Solaris n°188
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°188, science-fiction et fantastique, nouvelles –articles - critiques, automne 2013, 174 pages, 10CAD

Commençons par les deux auteurs qualifiés de Français dans l’éditorial : l’Italienne (!) Serena Gentilhomme et Anthelme Hauchecorne.
La première nous livre un texte de deux pages, “Kto”, évoquant la révolution russe. Cela relève du fantastique, se veut volontairement bref, se lit en deux minutes pour s’oublier aussi vite.
“No future (ou l’apocalypse selon Johnny Rotten)” d’Anthelme Hauchecorne est d’une autre trempe, mais cette histoire de virus foudroyant l’humanité pour mieux la relever sous forme de zombis est tellement énorme qu’il est difficile d’accrocher. C’est rock n’roll, pas sérieux pour un sou et il ne faut pas chercher la petite bête. Sentiment final mitigé.
Ces deux nouvelles s’avèrent décevantes, surtout par rapport au reste.



Le papa de Lyra a disparu dans sa jeunesse. Sa mère soupçonne sa fille de lui avoir caché des choses qui expliqueraient ce départ, elle lui reproche aussi son attitude et de changer si fréquemment de compagnons, comme si elle voulait se punir.
Au fur et à mesure, Dave Côté lève le voile sur un passé douloureux, bien différent de ce que chacun pourrait penser. Lyra adulte a conservé une part d’elle enfant, même si elle cherche à l’enfouir le plus profondément possible. L’intrigue de “Vortex” est bien menée, prenante jusqu’au bout.

Le ministère des affaires sacrées” de Claude Lalumière nous plonge dans un univers décalé où les Affaires Sacrées interdisent toute forme de magie, cherchant à conserver le pouvoir en liguant les gens contre les créatures telles que les gobelins, les golems... Pourtant, lorsque deux se présentent chez Léo et Rosa, visiblement bien loin de l’image terrible qui en est donnée par la propagande, ils les accueillent pour les protéger.
Ce récit nous immerge dans un régime de terreur où l’information est détournée pour mieux maintenir le peuple sous son joug. L’atmosphère y est pesante, mais une touche d’espoir en ressort.

Javier, le père d’Onelia, chasse les Ciego pour soulager sa fille du mal étrange dont elle souffre. Le remède est-il pire que le mal ? Difficile à dire... Cette planète conserve encore bien des mystères aux yeux des hommes qui l’ont colonisée.
Ariane Gélinas nous présente un cas de conscience. Son père est prêt à tout pour Onelia, mais il arrive un point difficile à franchir. Faut-il courir le risque ou accepter l’inévitable ? Choix cornélien auquel personne ne souhaite être soumis.
Dérives au bord de minuit” est touchant et titille forcément notre fibre parentale. Chaque apparition d’Ariane Gélinas s’avère une occasion supplémentaire d’admirer sa prose et son imagination.

Space opéra pour “La carte ou la boussole” de Philippe-Aubert Côté. Jiroh, le père adoptif de Mika, est un Moloch, une forme évoluée d’être humain qui peut entrer en symbiose avec un anima, à savoir un animal se mouvant dans l’espace. Leur pouvoir est jalousé, certaines races belliqueuses aimeraient bien le maîtriser. C’est dans ce contexte que nous plonge l’auteur.
C’est passionnant tout du long, brillamment orchestré jusqu’à la surprise finale. Cette dernière nouvelle clôt en apothéose la partie Fictions.

Quant à la partie rédactionnelle, Jean-Pierre Laigle et Mario Tessier nous régalent de deux importants articles : “Les allumeurs d’étoiles” pour le premier et “Le grand sommeil du faucon martien, ou qui a tué la science-fiction ?” pour le second.
Jean-Pierre Laigle étudie le sujet des étoiles que l’homme cherche à allumer, notamment pour palier à la fin du soleil. Entre bons livres et d’autres plus insignifiants, il montre que ce thème a inspiré plus ou moins bien certains auteurs.
Mario Tessier nous livre un article sous forme de nouvelle où un privé est chargé de retrouver Esse Effe. Entre fantasy, fantastique, sous-genres, pas facile de retrouver la science-fiction dans la jungle des sorties de l’imaginaire. La forme est originale, le déroulement prenant, l’ensemble est amusant et délivre parfaitement le message.

La rubrique “Sci-néma” de Christian Sauvé et les chroniques d’ouvrages complètent ce bon numéro de « Solaris », porté par de très bonnes nouvelles canadiennes (trois francophones et une traduite) et deux beaux articles.
À noter aussi, la couverture très réussie de Sybiline.


Titre : Solaris
Numéro : 188
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Sybiline
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 188 
Période : automne 2013
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 174
Prix : 10 CAD



François Schnebelen
9 décembre 2013


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