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Bifrost n°72
Rédacteur en Chef : Olivier Girard
Revue, n°72, science-fiction, nouvelles – articles – entretien - critiques, octobre 2013, 192 pages, 11€

La couverture d’Aurélien Police, inspiré comme à son habitude, affiche le message : « Ray Bradbury : sculpteur de rêves ». Cet écrivain a su dépasser le cadre SF, attirant par ses écrits des lecteurs de tous bords.
L’élément scientifique est secondaire dans ses récits, il s’avère léger, traité à la va-vite, sans réelle recherche d’une quelconque vraissemblance, il s’agit surtout d’un moyen de développer une imagination prêtant au rêve, à l’évasion. Il suffit de lire le chef-d’œuvre « Chroniques Martiennes » pour s’en convaincre.



La nouvelle “Un petit voyage” en est aussi le parfait exemple. Une vieille dame souhaite voir Dieu. Aussi lorsqu’un pseudo gourou lui offre cette opportunité, elle se rend sur Mars où se trouvent d’autres femmes dans son cas. L’attente est longue, énervant passablement ce petit monde... La fin est de toute beauté, pleine de poésie, mais le moyen de l’atteindre est risible et défie toute logique. Ce qui serait rédhibitoire pour d’autres passe pourtant bien ici.

Dans “Le cercueil”, un inventeur achève frénétiquement la construction d’un cercueil économique avant de passer l’arme à gauche. Intrigué et curieux, son frère aimerait en savoir plus sur cette ultime invention.
Il faut avouer que l’ensemble est assez anecdotique, que l’on est bien loin du meilleur Bradbury, contrairement à “La grande roue” qui n’est pas sans évoquer son roman « La Foire des Ténèbres ». C’est aussi l’occasion de se rappeler une erreur assez commune : résumer la carrière de l’écrivain à la science-fiction, alors qu’il a beaucoup œuvré dans le fantastique.
Une fête foraine arrive en ville. La curiosité de deux gamins est bien sûr attirée par ce lieu magique. C’est là qu’ils vont assister à un curieux phénomène.
Ray Bradbury nous immerge dans le monde de l’enfance qu’il confronte avec un monde plus dur, celui des adultes avec des êtres qui n’ont pas leur pureté d’âme et cherchent juste à profiter de la crédulité de certains. Ce que deux garçons ne peuvent accepter...
Beau texte qui donne envie de se (re) plonger dans « La Foire des Ténèbres ».

Après ces trois textes classés dans la revue de façon à voir la progression de l’auteur, un important dossier lui est consacré. Pierre-Paul Durastanti nous présente le début de carrière de Ray Bradbury, comment sa renommée s’est construite. Personnellement, j’apprécie toujours ce genre d’articles qui nous ramène à cette période aux noms si évocateurs. Sa lecture est pleine d’enseignements. Le succès arrive rarement seul, il faut travailler, sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier jusqu’à toucher au but. Et là, interdiction de se reposer !
Xavier Mauméjean lève le voile sur « Fahrenheit 451 » avec une analyse fine du roman. Patrice Lajoye nous livre un papier inattendu : “Mars la Rouge ou comment Ray Bradbury a révolutionné la SF soviétique”. Étonnant ! Et Sophie Corradini revient sur la trilogie hollywoodienne dans laquelle il s’est mis en scène.

Pour les critiques d’ouvrages, c’est tout un ensemble de chroniqueurs qui s’est dévoué. Il me semble d’ailleurs qu’un appel aux bonnes volontés avait été lancé. Au vu des noms, il a été entendu. On remarquera que Ray Bradbury a écrit très peu de romans, certains n’étant que des fix-ups, se concentrant surtout sur la forme courte. L’essentiel se compose donc de recueils, certains se révélant incontournables, alors que d’autres ont un intérêt tout relatif.
Pour finir, Alain Sprauel nous livre une bibliographie dont il a le secret.

Partie Nouvelles, Jean-Philippe Depotte nous propose “Le pacha”, décrit comme un conte philosophique et se résumant à une conversation entre Jacob et son maître. Cette fiction n’est pas sans me poser un cas de conscience : à la lecture, je l’ai trouvée pas mal ; par contre, plus d’une semaine plus tard, je suis bien en peine d’expliquer de quoi elle parle. C’est bien sur le moment, mais n’imprime pas notre mémoire.

Tout le contraire de “Le réveil des hommes blancs” de Christian Léourier qui appartient à son cycle de Lanmeur. Une planète soumise à l’influence de plusieurs soleils et sortant d’une ère impropre à la vie est en cours de colonisation par l’homme. Les plans avant l’accueil massif d’arrivants se déroulent correctement. Jusqu’à l’arrivée imprévue d’hommes blancs...
La cadre original, la problématique intelligente avec le cas de conscience posé portent cette histoire vers le haut. C’est vraiment du grand art et démontre une fois de plus tout l’intérêt de ce cycle conseillé vivement. Christian Léourier est trop peu connu et ce serait dommage de passer à côté d’un tel talent.

L’importante livraison habituelle de chroniques, ainsi que l’article de Roland Lehoucq dans sa recherche d’autres terres dans l’immensité de l’espace, complètent ce numéro consacré à un des géants de l’imaginaire.
Une fois ce « Bifrost » achevé, l’envie de relire la prose bradburienne nous titille... mais aussi celle de se replonger dans du Christian Léourier.


Titre : Bifrost
Numéro : 72
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Aurélien Police
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, nouvelles, entretien, etc.
Sites Internet : le numéro 72, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : octobre 2013
ISBN : 978-2-913039-69-8
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
1er décembre 2013


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