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Alcatraz contre l’Ordre du verre brisé
Brandon Sanderson
Le Livre de Poche, Orbit, traduit de l’anglais (États-unis), fantastique jeunesse, 283 pages, octobre 2013, 6,60€

Depuis maintenant trois volumes, le jeune Alcatraz Smedry affronte les infâmes bibliothécaires et les sectes écloses en leur sein. Le voici à présent confronté à la plus puissante d’entre elles : l’Ordre du Verre Brisé. Et tout va de mal en pis puisque le Royaume de Mokia est en train de tomber entre leurs mains. La ville de Tuki tuki est assiégée et sur le point de tomber. Le jeune Alcatraz Smedry conçoit un plan désespéré pour contrecarrer les projets de l’ennemi.



Il faut dire aussi que le jeune Alcatraz en a déjà vécu de vertes et de pas mûres.
N’a-t-il pas par le passé affronté de terrifiants golems faits à partir du papier des romans à l’eau de rose ?
Les Smedry ne disposent-ils pas de pouvoirs terrifiants, comme casser autour d’eux des objets sans le vouloir, arriver systématiquement en retard ou dégringoler par terre au bon – ou au mauvais – moment ?
Alcatraz dispose de surcroît de toutes sortes de verres prodigieux, comme le très convoité Verre Dispensateur, qui lui permet, par exemple, de transmettre sa faim ou sa satiété à une autre personne. Avec des pouvoirs et des armes aussi effrayants, la victoire est sans aucun doute assurée.

Alcatraz et ses amis se faufilent donc à travers les troupes ennemies et atteignent la cité de Tuki tuki. Vu leur position familiale dans le royaume, vu les traités et obligations en vigueur, leur nouveau statut d’assiégés obligera les Chevaliers à venir à leur secours. Le plan était astucieux, mais rien ne fonctionne jamais parfaitement comme prévu. Même lorsque l’on dispose de peluches explosives, et d’une lointaine cousine capable de transformer ses erreurs mathématiques en réalité parfaitement propice – mais parfois parfaitement désastreuse.

«  Notons en passant que Shakespeare était payé par les autres écrivains pour écrire en charabia. Ainsi quand ils avaient besoin d’une citation qui n’avait pas de sens, il leur suffisait de piocher au hasard dans une de ses pièces.  »

Mais on connaît le jeune Smedry : ses aventures sont avant tout l’occasion de s’adresser au lecteur et de le gratifier de considérations sur le monde comme il va, ou comme il ne va pas.

C’est ainsi que les jeunes lecteurs apprendront comment l’on construit un roman en rebattant jusqu’au délire les cartes et titres de chapitres (le roman commence au chapitre 2, se poursuit au chapitre 6, puis par le chapitre Pi, puis 144, on trouve au fil des pages des actes et scènes, un chapitre « l’infini plus un », etc.) et surtout comment l’on peut passer pour intelligent en extrayant des phrases incompréhensibles, sinon même dépourvues de tout sens, d’ouvrages classiques en recommandant particulièrement les philosophes grecs.
« Personne n’a la moindre idée de ce qu’ils pouvaient raconter si bien que les mentionner dans un de vos livres est un excellent moyen de passer pour un intello. »
La fantasy, première cible des aventures d’Alcatraz, se fait bien évidemment égratigner comme il faut : « Les pouvoirs de vibration de leur âme ? Ça a des petits airs de tube disco des années soixante-dix, pas vrai ? »

«  Je n’ai été roi que d’une ville, d’accord, et ce pendant une très courte période. Mais c’était un boulot incroyablement, inconcevablement hallucinamment, pompeusement dur pour qui voulait bien faire.  »

Reste que malgré ces qualités l’ouvrage, qui constitue la fin d’une série, apparaît entaché par une limite classique. La formule a marché sur plusieurs volumes : en conséquence Brandon Sanderson fait du Brandon Sanderson, et Alcatraz Smedry fait de l’Alcatraz Smedry. En d’autres termes, tous les traits génétiques des aventures d’Alcatraz par Sanderson sont là... mais il n’y a plus vraiment d’aventures. Car, en effet, c’est au détriment des péripéties que la place accordée à l’humour et aux monologues de Smedry s’adressant au lecteur enfle démesurément. Il n’y a plus d’intrigue tout à fait digne de ce nom.
Alors qu’au cours des premières aventures l’humour venait donner du piquant au récit, on a ici l’impression qu’un squelette, un ersatz de récit sert simplement de prétexte à l’humour, trop omniprésent, trop appuyé pour être toujours drôle.
Il n’empêche : la charge parodique assure quelques bons moments, et les jeunes lecteurs des premières aventures de jeune Alcatraz ne seront sans doute pas déçus.


Titre : Alcatraz contre l’Ordre du verre brisé (Alcatraz versus the Shattered Lens , 2010)
Série : Alcatraz (Alcatraz), tome 4
Auteur : Brandon Sanderson
Traduction de l’anglais (États-unis) : Juliette Saumande
Couverture : Patrick Knowles
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Orbit
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 283
Format (en cm) : 11 x 18
Dépôt légal : septembre 2013
ISBN : 978-2-253-169611
Prix : 6,60 €


A lire également sur la Yozone :
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Hilaire Alrune
28 octobre 2013


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