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J’aurai ta peau Dominique A
A. Le Gouëfflec & O. Balez
Editions Glénat

Vous ne le savez peut-être pas mais Dominique A existe. Ce chanteur-compositeur-interprète français indépendant, de son vrai nom Dominique Ané, est suivi depuis plus de vingt ans par des fans en nombre limité mais fidèles. Pour certains, grâce à ses textes engagés, il est même un symbole de la nouvelle scène française indépendante, refusant les compromis aux bénéfices d’une éphémère notoriété. Un chanteur français immuable, imperméable aux effets de mode, reconnu par ses pairs mais méconnu du grand public. Il n’en fallait pas tant pour donner envie à Arnaud Le Gouëfflec d’écrire une histoire à son sujet.



J’avoue. Avant de lire ce one-shot, je connaissais assez peu Dominique A. Ce nom me disait bien quelque chose, mais j’ignorais tout de son univers, ses textes, sa musique… Le simple fait d’apprendre que les auteurs des excellents “Topless” et “Le Chanteur sans Nom” avaient collaboré sur ce troisième album attisait ma curiosité. Le duo constitue déjà pour moi un label de qualité.
On retrouve tous les ingrédients des précédents romans graphiques : des personnages réels, une histoire brodée à leur mesure et de la musique plein les pages. Un régal !

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L’empreinte graphique d’Olivier Balez peut surprendre de prime abord. Pas de cadre noir autour des cases, des couleurs pesantes et irréalistes, des arrières plans souvent vides, un encrage très marqué… et pourtant, cet environnement visuel scié parfaitement à l’intrigue surréaliste de l’album. Les visages, parfois simplifiés à l’extrême, restent très expressifs. Dominique Ané lui-même, dans sa préface, admet la gémellité entre le personnage et lui.
Comme toujours, l’humour est omniprésent dans ce nouvel album, à la fois dans le scénario et dans les strips de certaines planches. J’ai particulièrement apprécié le passage où le héros s’imagine faire un autre métier que le sien.

Cependant, tout n’est pas parfait dans cet album. Bien que très bon, je le trouve légèrement en deçà des productions antérieures du duo Le GouëfflecBalez. Ceci s’explique principalement par une trame narrative assez prévisible.
Dans cette histoire, Dominique A, en pleine préparation de sa nouvelle tournée, reçoit une lettre courte mais explicite : « J’aurai ta peau Dominique A ». Le message est anonyme bien sûr. Est-ce un détraqué ? Une mauvaise blague ? Une vengeance préméditée à celui qui chante : « Il ne faut pas souhaiter la mort des gens. Ça n’est jamais assez méchant » ? Dominique sent les premières sueurs froides couler dans son dos. Très vite, ses craintes sont confirmées. Quelqu’un veut le tuer. Mais qui ? Et pourquoi ? Pour Michel, le manager, l’occasion est trop belle. Ce genre de lettre est une preuve de la notoriété naissante du chanteur et lui donne enfin l’opportunité de médiatiser son poulain. Mais peut-on jouer avec ce genre de situation ? Dominique se sent seul, la paranoïa le guette, et ce ne sont pas ses amis, comme Philippe Katerine, qui vont lui apporter le soutien nécessaire.

Avec un tel scenario, les auteurs explorent un nouveau genre. Après avoir décrit la véritable vie d’un chanteur disparu, ils se lancent dans une fiction construite autour de personnes vivantes. Une sorte de contrepied quoi. Écrire un thriller n’est sans doute pas une chose facile. Maintenir le suspens est un art complexe. Et malheureusement cet exercice de style est un peu émoussé. On retrouve un peu l’univers des livres de Fred Vargas, à la fois intriguant et surréaliste, mais avec une résolution de l’énigme beaucoup plus évidente. Dommage. Pour autant, cette conclusion prévisible n’enlève rien au plaisir de lecture.

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Pour ce polar, la collection 1000 Feuilles est revenue à une édition au format plus classique, avec une couverture rigide. Bon. J’avais bien aimé les dimensions plus petites des précédents livres. Question de goût sans doute.

Si vous aimez Dominique A, le vrai, ou si vous êtes fans des productions de Le Gouëfflec et Balez, jetez vous aveuglement sur cet album. En revanche, si votre budget est limité et que vous ne connaissez pas le travail de ces deux auteurs, préférez peut-être leur première perle : “Topless”.
Dans tous les cas, cet album vous donnera certainement envie d’en connaitre d’avantage sur la discographie du talentueux et discret Dominique A. Son site internet comblera vos attentes.


J’aurai ta peau Dominique A
- Scénario : Arnaud Le Gouëfflec
- Dessin : Olivier Balez
- Éditeur : Glénat
- Collection : 1000 Feuilles
- Dépôt légal : 9 janvier 2013
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 56 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7234-9098-6
- Prix Public TTC : 16,00 €


Illustrations © Balez et Glénat (2013)



Allison & Julien
4 octobre 2013




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