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Ecole de la mort (L’)
Lilian Bathelot, Charlotte Bousquet, Martial Caroff, Béatrice Egémar
Gulf Stream, Courants Noirs, recueil de nouvelles françaises, historique, 215 pages, juin 2013, 14 €.

L’école est un carrefour où se mesurent toutes les tensions.
C’est un microcosme de la vie où chacun fait ses armes, avec plus ou moins de réussites, de bonheur, et parfois de frayeur.
Oui, avouons-le, l’école, ce n’est pas si simple.
Mais quand les écrivains se prennent à imaginer l’école et ses turpitudes, on peut s’attendre à tout...



Et particulièrement avec les auteurs de Gulf Stream, déjà spécialistes de récits historiques qui ont donné froid dans le dos des lecteurs de la collection Courants Noirs.

On retrouve donc au sommaire de ce recueil de nouvelles (cas d’édition qui se fait assez rare ces derniers temps mais qui s’explique aussi par un faible taux de ventes) quatre auteurs maisons qui traitent des périodes dont ils sont férus.

Honneur aux dames avec Charlotte Bousquet qui s’attaque dans « Les fantômes de Saint-James » aux institutions religieuses américaines qui mettaient un point d’honneur dans les années 30 à « désindianiser » ces « sauvages » qu’ils appellent aujourd’hui « native american ». Le texte est violent, avec des personnages poussant aux extrêmes leur pensée et leurs certitudes de faire le bien. La tension monte à chaque coup porté aux jeunes filles abîmées par la gentillesse de ces dames patronnesses droites dans leurs bottes. La situation donne envie d’hurler mais Charlotte Bousquet rend justice aux humiliées.

Dans « Obsession », l’auteure rend hommage à l’amour passionnel. Celui qui aveugle et rend fou, qui donne des ailes mais qui est aussi capable de pousser au pire des gestes. Tout cela dans un XVIIème siècle où les conventions emprisonnent. Le texte est touchant, et la conclusion d’une logique imparable et triste.

Béatrice Egémar, quant à elle dans « Les demoiselles de Saint-Cyr, sages comme des anges », nous emmène dans les couloirs de Saint-Cyr sous le règne de Madame de Maintenon, reine d’une école pour jeunes filles qu’elle espère voir autres que toutes ces soumises aux conventions là encore. Mais l’humain reste humain et la méchanceté, la manipulation, la sournoiserie, refont toujours surface. Le récit est caustique, plein de rebondissements à l’ancienne qui mettent le lecteur dans l’ambiance.

Dans « Meurtre à la maison de Vie », elle nous amène dans une époque qu’elle apprécie particulièrement, l’Egypte Antique, avec une histoire de scribe, de jalousie et de trahison. Encore une fois, l’ambiance est installée avec justesse.

Pour les messieurs, Martial Caroff ouvre le bal avec « Le Maître des Pierres ». Une histoire se déroulant durant la Préhistoire et démontrant déjà la lutte entre les anciens et les nouveaux, les interrogations sur le passage des connaissances à une époque où l’on ne parlait pas, et l’apparition des premiers travers des hommes. Etonnant et envoûtant.

Il conclut le recueil avec « Agora Game », un texte cruel se déroulant dans la Grèce Antique où les idées philosophiques sont utilisées à mauvais escients, et démontre encore que la bonté peut exister, l’homme en fera ce qu’il veut, quitte à l’ignorer. Là encore, des questionnements sur la transmission et la compréhension des idées.

Mais avant, Lilian Bathelot dans « L’œil du Loup » nous plonge dans les horreurs de la deuxième guerre mondiale, côté snipers dans l’hiver russe avec un texte traitant plus de la dévotion, de l’amitié aveugle et encore une fois des erreurs humaines.

Dans « Tatoo Cœur », il nous met dans les pas d’une jeune fille qui cherche à conquérir son indépendance à travers la recherche de la vérité vers 4700 ans avant notre présent. Là encore, la cruauté des hommes n’a pas de limites et bouleversera les destins.

Ce n’est donc pas vraiment du lieu école dont ont voulu nous parler les auteurs, mais plutôt de la transmission des connaissances, des valeurs, des erreurs aussi. On cause finalement ici plus d’éducation que d’école, et plus d’orientation de vie que d’apprentissages concrets.
Les différents personnages sont à des moments où ils vont devoir justement faire leur propre choix avec ce qu’ils ont pu apprendre de leurs maîtres respectifs. A eux d’être capables d’analyser tout ce qui a été l’école pour eux et d’en faire leur vie d’après. Finalement, rien d’autre que l’entrée dans le monde des adultes et des responsabilités.

Des textes sont plus emballants, plus captivants que d’autres, mais l’ensemble forme un recueil de très bonne facture sur un sujet qui n’est pas des plus simples à traiter. Une belle initiative qui ne pourra que donner envie de découvrir les ouvrages de ces auteurs.


Titre : L’école de la mort
Auteurs : Lilian Bathelot, Charlotte Bousquet, Martial Caroff, Béatrice Egémar
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Gulf Stream
Collection : Courants Noirs
Pages : 215
Format (en cm) : 14 x 22 x 2
Dépôt légal : juin 2013
ISBN : 978-2354882082
Prix : 14 €



Michael Espinosa
11 septembre 2013


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