Car Lize est en réalité une goule, une de ces créatures dévorant les habitants du quartier. Toutefois, la chance va se révéler du côté de Ken... Une chance avec un immonde sens de l’humour. Si la goule le blesse mortellement au foie, cette dernière provoque une chute de poutres sur elle. Les blessures occasionnées sont trop importantes pour permettre sa régénération, mais pour Ken, le médecin l’opérant prend une décision qui va totalement transformer la vie du jeune homme : il choisit de lui greffer les organes en bon état de la goule. Très vite, les premiers effets se font sentir : toute la nourriture qu’on lui présente lui donne envie de vomir, il ne semble attirer que par une chose : la chair humaine.
Aussi étrange que cela puisse paraître, les goules sont loin d’avoir inspiré beaucoup d’histoires aussi bien en manga que dans d’autres formats. Si les vampires, les zombies et les loups-garous ont chacun eu leur heure de gloire, la goule est restée le parent pauvre des créatures fantastiques.
Sui Ishida nous donne ici sa version de la fameuse goule, dévoreuse de chair humaine. Et pour nous présenter les moeurs de ces créatures, il utilise une méthode assez classique : le suivi de la transformation d’un simple humain en un de ces monstres. Toutefois, contrairement aux autres créatures fantastiques, il n’existe aucune technique de contamination. Le jeune mangaka va alors trouver une idée vraiment originale pour expliquer la mutation de son héros : la transplantation d’organes de goule. Il fallait y penser et ce jeune auteur, pour une première oeuvre, se révèle des plus imaginatifs. Nous accompagnons alors le pauvre Ken dans sa descente en enfer et sa découverte du monde des goules. Un monde structuré comme celui des vampires modernes. On sent que Sui Ishida a été largement inspiré par les déclinaisons actuelles du mythe du vampire, reprenant l’idée de deux catégories de goules : les tueuses sanguinaires solitaires, et les plus mesurées réunis au sein d’un groupe pour se défendre.
La force de ce manga réside non seulement dans son scénario original mais aussi dans ses dessins. Là encore, pour une première oeuvre, c’est plutôt une réussite. Il y a peu d’hésitations dans les traits des personnages, et l’astuce graphique pour différencier les goules des humains est une bonne trouvaille. Car pour se fondre dans la société, les goules vont majoritairement garder une forme humaine. Le design des goules en mode dévoreuses est une belle réussite et les combats bien mis en images. Certes, celui qui doit révéler sa véritable nature à Ken tire un peu en longueur mais cela reste dans la structure classique des shonen, le héros ayant besoin du temps d’une bonne introspection pour s’ouvrir à ses nouveaux pouvoirs. Bien sûr, Ken trouvera un guide parmi les goules et une alliée. Le scénario est en place et le mangaka peut alors se permettre de se lâcher sur le monde des goules, n’ayant quasiment aucune base à respecter.
« Tokyo Ghoul » s’avère une très bonne surprise et le manga à acheter pour sortir un peu des vampires et autres zombies.
Tokyo Ghoul (T1)
Auteur : Sui Ishida
Traduction : Akiko Indei et Pierre Fernande
Editeur : Glénat
Format : 130 x 180 mm
Pagination : 180 pages noir et blanc
ISBN : 978-2-7234-9561-5
Parution : 28 août 2013
Prix : 6,90 €
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