Fou de rage après sa discussion avec Hinata, Kota fugue purement et simplement, abandonnant Chika alors que l’échéance pour le rendu des planches approche. Pour assurer la qualité du manga, Hinata a choisi de confier le dessin à meilleur que lui, l’obligeant à ne se consacrer qu’au scénario. Mais pour Kota, c’est une trahison et le voila dans un manga café. Il y fait la connaissance d’une fan de manga : Renée. Cette dernière affiche une conception du manga ressemblant à celle d’Hinata, voyant le manga comme un produit comme un autre et non une oeuvre artistique et avec cet axiome de base, pourquoi confier toute la réalisation à une seule personne quand l’association de toute une équipe est bien plus efficace ? Et pour lui prouver ses dires, elle l’entraîne dans un studio bien particulier : celui du célèbre mangaka, Ozma.

« Cimoc » continue sont décryptage du monde du manga. Et cette fois, Lim Dall Young va nous donner une vision peu reluisante de cet univers. Il va en fait opposer une vision archaïque du mangaka à une vision moderne, pour ne pas dire industrielle. Kota est l’incarnation du mangaka à l’ancienne, souhaitant maîtriser de bout en bout son oeuvre, et pour qui les assistants sont là pour lui faire gagner du temps pour les finitions et les décors. Mais avec les exigences en production et qualité, ce mode de travail ne semble plus adapté pour l’élaboration d’un manga respectant toutes les obligations des grands magazines. C’est cette vision qu’incarne dans un premier temps Hinata Sawanoguchi et d’une façon extrême Ozma.
Avec Ozma, c’est un nouveau stade qui est franchi car cette fois, sous ce pseudonyme se cache en réalité une armée au service d’un nom. Chaque partie de la réalisation du manga est alors confiée à un spécialiste en la matière, le tout sous les ordres d’un superviseur responsable du manga. On peut comprendre que cette production industrielle du manga peut choquer Kota mais doit aussi interpeller le lecteur car le raisonnement développé par Renée est terrifiant d’efficacité si on oublie son postulat de base : le manga n’est pas une oeuvre artistique mais un produit. Malheureusement, la production actuelle est faite pour lui donner raison, nous faisant aussi regretter des auteurs comme Osamu Tezuka ou même Masami Kurumada. Avec le raisonnement de Renée, aurait-on vu naître « Saint Seiya » ou encore « Astro Boy » ? « Monster » aurait-il eu le succès qu’on lui connait ?
Ce tome 3 de « Cimoc » fait véritablement réfléchir sur l’univers du manga, qui prend ici ces distances avec la BD franco-belge pour se rapprocher de la terrible machine des comics de Marvel ou DC Comics. La série se veut de plus en plus profonde, plus critique mais aussi d’un terrible réalisme. Plus besoin de grosses poitrines pour focaliser le lecteur car le fond est largement suffisant.
Cimoc, les dessous du manga (T3)
Scénario : Lim Dall Young
Dessin : Lee Hae Won
Traducteur : Olivier Huet
Éditeur français : Doki-Doki
Format : 127 x 180 mm, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 3 juillet 2013
Numéro ISBN : 978-2-81892-417-4
Prix : 7,50 €
A lire sur la Yozone :
Cimoc, les dessous du manga (T1)
Cimoc, les dessous du manga (T2)
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