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Grande Evasion (La) (T5) Diên Biên Phu
T. Gloris & E. Le Saëc
Delcourt

Les sagas de Chauvel regroupent plusieurs one shots, en général de qualité, sous un même thème. Plusieurs auteurs se partagent alors les albums.
Le thème de « La Grande Évasion », constitué de huit albums indépendants, est large. Très large même : « un ou plusieurs individus participent à une évasion ». Bon…
Certains, les plus soupçonneux, affirmeront que, fort du succès de la série « Sept », les éditeurs ont trouvé là une idée lumineuse et rentable d’écouler leur production.
D’autres, les amateurs du travail de Chauvel, féliciteront le travail de sélection drastique qui a dû être nécessaire pour n’élire que huit albums.
La qualité des ouvrages donnera raison aux uns ou aux autres.



Les précédents tomes de la série, comme “Le Labyrinthe” ou “Fatman”, donnaient raison aux fans de Chauvel. La richesse des scenarii et la finesse des dessins prouvaient que l’éditeur nous offrait la quintessence de sa production. Malheureusement, « Diên Biên Phu » n’est pas du même acabit.

Cette histoire se passe en 1954, à la fin du conflit en Indochine française, et se décompose en deux parties. La première décrit l’environnement, relatant en détails les faits historiques et la seconde présente l’évasion fictive des soldats.
Dans la première partie du récit, pendant que des pourparlers de paix sont entamés à Genève, encerclés par le Viêt-Minh à Diên Biên Phu, les troupes françaises se préparent à la défaite. L’étau se resserre autour de ces douze mille hommes isolés. Le 13 mars, les troupes Viêt prennent d’assaut et capturent une première colline de Diên Biên Phu. Le 15 mars, sur ordre du général Giap, les assauts sont stoppés pour réorganiser les forces révolutionnaires. Ils reprennent le 30 mars. Les combattants vont alors avancer jusqu’à prendre position sur les nombreuses collines de la région. Le 7 mai 1954, le corps expéditionnaire français reçoit un ordre de cessez-le-feu et de destruction des armes et équipements depuis Hanoï.
Dans la seconde partie du récit, l’un des chefs de troupe, le capitaine Roquelon, refuse la rémission. Lui et ses hommes préfèrent mourir l’arme à la main plutôt que de se rendre et croupir dans un camp de rééducation. Ils organisent alors une percée à travers les lignes ennemies. L’issue de cette échappée désespérée est incertaine…

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Tout d’abord, ce n’est pas une mais plusieurs évasions qui sont présentés dans ce livre. Dans cette histoire dense se succèdent la fuite astucieuse des soldats français de la cuvette de l’Enfer, la désertion rapide de quelques combattants, l’évasion étonnante de deux légionnaires en camp ennemi… En fait, le scénariste, Thierry Gloris, a voulu décrire les aventures parallèles des soldats séparés. L’exercice est périlleux. La réussite pas complètement au rendez-vous. La principale raison en est peut-être le manque de charisme des principaux protagonistes. Le lecteur les apprécie peu, les reconnait mal, et finalement ne plonge pas complètement dans l’histoire.
Cependant, tout n’est pas mauvais dans la trame de cet album. Loin de là. Elle est juste en deçà des autres publications de la série. Cette fiction reste assez crédible. Thierry Gloris est un grand amateur d’Histoire, dont il a décroché un DEA. La majorité de ses scenarii, comme “Aspic” ou “Saint-Germain”, se déroulent dans un contexte historique solide. Les amateurs de bandes dessinées guerrières, férus de la période coloniale, y trouveront sans doute leur compte.

Le dessin souffre également de quelques lacunes. Les visages sont déformés, voire caricaturaux. Ceux des personnages au second plan deviennent rapidement inexistants. Les véhicules en tout genre (avion, tank, camion…) seront facilement reconnaissables par les connaisseurs, bien qu’ils ne fourmillent pas de détails. Le point fort reste les décors extérieurs. La jungle et les champs de bataille sont immersifs et crédibles. Ces décors font souvent l’objet de grandes cases magnifiques, preuves du talent de Erwan Le Saëc dans ce domaine.

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Fatman”, le précédent épisode, a mis la barre très haute. Malheureusement ce nouvel épisode souffre de la comparaison. Même en tant que récit militaire, cette BD ne s’impose pas au Panthéon. Deux tomes, ou au moins quelques pages en plus, auraient peut-être permis de poser et d’étoffer la narration. “Fatman”, pour information, profitait de 8 planches supplémentaires.
Les amateurs d’albums relatifs à la guerre du Viêtnam devront peut-être se tourner vers d’autres livres. Je vous recommande par exemple le triptyque “La Rafale”.

Le prochain titre de la saga, intitulé “Tunnel 57”, est prévu pour août 2013.


(T5) Diên Biên Phu
- Série : La Grande Évasion
- Scenario : Thierry Gloris
- Dessin : Erwan Le Saëc
- Couleurs : Johann Corgié
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Conquistador
- Dépôt légal : 17 avril 2013
- Format : 230 x 320 mm
- Pagination : 64 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7560-2612-1
- Prix Public : 14,95 €


A lire sur la Yozone :
La Grande Évasion (T2) Le Labyrinthe
La Grande Évasion (T4) Fatman


Illustrations © Le Saëc et Delcourt (2013)



Allison & Julien
14 août 2013




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